Vous savez sans doute que les sushis et les sashimis sont des plats typiquement japonais, tant et si bien qu’ils sont automatiquement associés à la culture nipponne.
C’est la même chose pour la Toyota Supra. Elle est à ce point ancrée dans l’histoire du constructeur japonais que les passionnés réclamaient son retour depuis la fin de la quatrième génération, quelque part au tournant des années 2000.
Même si la rumeur du possible retour de l’icône a toujours été présente, elle s’est intensifiée vers 2010, avant d’être amplifiée avec l’arrivée du Toyota FT-1 Concept, en 2014. Celui-ci donnait une idée on ne peut plus claire de ce à quoi pourrait ressembler la prochaine Supra.
Il n’en fallait pas plus pour allumer le feu : elle allait revenir! On ne savait pas quand, on ne savait pas comment ni sous quelle forme, mais on savait qu’elle reviendrait.
Puis, l’annonce nous a pris de court : la Supra allait être créée en partenariat avec BMW, qui fournirait l’essentiel des composantes mécaniques et structurelles par l’entremise de son roadster Z4, alors que les ingénieurs de Toyota se chargeraient de la rendre conforme aux standards japonais.
Autrement dit, les sushis allaient être remplacés par une saucisse, plat classique en Allemagne, accompagnée de wasabi et nappée de sauce soja.Malgré l’impression initiale, ça goûte bon. Vraiment bon.
D’un point de vue extérieur, impossible de savoir que l’on a affaire à une BMW qui a changé d’apparence. Sa fine partie avant, ornée du logo Toyota, est supportée par d’imposantes entrées d’air dans le pare-chocs et par des phares plats dont les airs me rappellent une certaine Porsche Taycan, ce qui est loin d’être un défaut.
De profil, les proportions parlent d’elles-mêmes. Long capot, cabine déportée sur l’essieu et partie arrière tronquée se marient bien avec les roues chromées et ajourées d’une grande beauté, invitant à la conduite. Cet effet sportif est renforcé par les diverses trappes d’air – non fonctionnelles, pour la plupart – mais aussi par les bas de caisse rajoutés et travaillés.
À l’arrière, les rondeurs sont de bon goût, avec même un petit clin d’œil à la Camry grâce à ces larmes sous les feux de position. L’imposant diffuseur donne le ton, ainsi que les larges ailes qui abritent des pneus d’une bonne largeur. Il ne manque qu’un bouton près de la plaque d’immatriculation pour ouvrir le coffre, un oubli malencontreux.
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Peu importe où les yeux se posent, on reconnaît le style de BMW. Ce n’est pas nécessairement négatif, compte tenu du fait que le constructeur bavarois sait faire des intérieurs superbes, cependant ça manque un peu d’inspiration et d’exclusivité.
Ce manque d’originalité n’a toutefois aucun impact sur les qualités de l’habitacle . Ça commence par une position de conduite basse, sportive et confinée, qui donne l’impression de ne faire qu’un avec la voiture. Le petit volant – pas très joli, en passant – tombe bien en main, tandis que les sièges offrent un support d’une grande efficacité. La visibilité vers l’avant est bonne, par contre ça se complique drastiquement vers les côtés et l’arrière, alors que les formes de la Supra ne pardonnent pas.
Je n’ai que de bons mots à dire pour l’instrumentation, dont l’affichage est clair et facile à consulter rapidement. La présence d’un affichage tête haute est salutaire en conduite sur piste, mais je regrette de ne pas avoir d’indication claire quant aux changements de rapport ou de régime moteur dans celui-ci. Dommage.
L’écran d’infodivertissement reprend l’ancien système iDrive 6 de BMW, qui brille par son efficacité et sa simplicité d’utilisation, tout comme les commandes de climatisation. Sans grande surprise, les espaces de rangement sont à peu près nuls, mais puisque c’est une voiture sport, je lui pardonne cet aspect.
Autre bon point du partenariat avec BMW : excellente qualité de finition à l’intérieur, ce qui n’est pas le cas de plusieurs produits Toyota des dernières années.
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C’est là où l’épice de la saucisse est la plus présente. D’abord, la Supra reprend la plate-forme CLAR de BMW – utilisée pour tous les modèles à moteur longitudinaux du constructeur –, et le 6 cylindres en ligne que j’ai toujours apprécié. Produisant 335 chevaux et 369 lb-pi de couple, il est moins puissant que son homologue boulonné dans la Z4, histoire de garder un avantage pour la voiture originelle. Donc, pas de réinterprétation du fameux 2JZ de Toyota, au grand dam des amateurs.
BMW a également fourni le différentiel arrière actif, qui peut acheminer jusqu’à 100 % du couple à une roue ou à l’autre, autant en accélération qu’en freinage, pour garantir une meilleure stabilité routière. D’ailleurs, la distribution des masses est de 50/50, ce qui devrait aider le comportement routier, tout comme les deux (seuls) modes de conduite proposés, soit Normal ou Sport.
Une configuration assez classique de jambe de forme McPherson à l’avant et bras multiples à l’arrière sert d’éléments suspenseurs, qui sont équipés aussi d’amortisseurs adaptatifs. De gros étriers Brembo à quatre pistons se chargent de pincer les disques avant de 13,7 pouces alors que les disques arrière de 13,6 pouces possèdent des étriers à simple piston.
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Mes attentes étaient hautes envers la Supra. Après tout, elle a de grandes chaussures à porter, compte tenu des espérances créées par le battage médiatique des dernières années.
Ces attentes, elles ont été rencontrées. Une fois de plus, j’ai été conquis par cet engin fantastique qu’est ce 6 cylindres en ligne de 3,0 litres, livrant sa puissance dans une rare linéarité. D’une grande douceur, il sait aussi avoir du mordant et de l’aplomb en conduite sportive. Il a par ailleurs su titiller mon oreille avec sa sonorité absolument envoûtante.
Même si j’avais certaines appréhensions au départ, le constat est maintenant clair : aucun besoin d’avoir une transmission automatique à double embrayage ou une transmission automatique séquentielle quand on a une boîte automatique conventionnelle d’une telle efficacité. Cette boîte ZF 8HP est très rapide, toujours sur le bon rapport et aussi d’une grande fiabilité. Que demander de plus?
Un groupe motopropulseur ne serait rien sans une suspension et une direction à l’avenant, et heureusement, la Supra est un ensemble qui m’a convaincu à tous les chapitres. Je ne me suis pas lassé de faire danser la voiture grâce à ce volant qui se manie avec la précision de celui d’un kart, qui redonne en plus une bonne dose d’information. La suspension cramponne la voiture au sol, à peine perturbée par les aspérités des routes québécoises. Oui, la suspension ferme m’a rappelé que j’étais à bord d’une voiture sport, mais ça n’a pas altéré le plaisir ressenti au volant – bien au contraire.
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Les passionnés – dont je fais partie - ont maintenant de quoi se mettre sous la dent. Même si la sauce soja et le wasabi ne parviennent pas à cacher parfaitement le goût de la saucisse, ça ne change absolument rien. La recette nous remplit l’estomac, elle est convaincante et en plus, elle est délicieuse.
Et vous savez quoi? J’en mangerais encore. Et encore.
C’est bon signe! C’est donc dire que Toyota a misé juste avec cette Supra, qui n’a rien à envier aux plus bestiales créations purement allemandes.
Bon retour Supra, tu nous as manqué!