Toyota adopte la stratégie du déguisement. La voiture reste la même avec toutes ses qualités, mais elle se présente d’une manière plus flamboyante. Ici, on parle d’aileron, de jupes et de suspensions abaissées.
Jamais, au grand jamais, je ne me suis fait arrêter dans la rue au volant d’une Camry. Ça, c’était avant que je ne conduise la nouvelle version TRD 2020. Pourtant, l’approche de Toyota est assez simple. On prend une XSE V6, mais on la déguise pour lui donner une allure ravageuse. La recette fonctionne. Les stylistes n’ont pas lésiné sur les jupes de bas de caisse noires lustrées comportant une applique rouge. Histoire de rendre le tout plus dramatique, les suspensions ont été abaissées de 15 millimètres, et on inclut des jantes de 19 pouces peintes en noir mat. Pour la TRD, Toyota limite les choix de couleurs : rouge supersonique ou blanc frisson glacé nacré, toutes deux avec le noir (795 $) ou le noir minuit métallisé intégral. Je ne sais pas pourquoi le beige n’a pas été retenu dans la sélection !
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Pas question d’arrêter la transformation. Le vrai spectacle se retrouve à l’arrière. Attachez-vous bien : il y a un diffuseur au pare-chocs, un énorme aileron sur le coffre et deux gros pots d’échappement à embout chromés. Heureusement que le nom Camry est écrit à l’arrière, personne ne pourrait le croire. Dans les nombreuses discussions avec autant de personnes fascinées par la TRD, j’ai eu des félicitations pour les modifications que j’avais faites sur ma voiture. Pas besoin de vous dire que ce jeune homme dans la vingtaine est resté bouche bée quand je lui ai souligné qu’il s’agissait d’une version de production ! Il y a toutefois un détail qui me laisse perplexe : les phares avant n’ont pas droit aux feux de jour à DEL. J’ai l’impression que Toyota a coupé à certains endroits comme celui-là pour permettre de maintenir le prix de cette version accessible. Personnellement, je considère que JAMAIS au cours de sa longue histoire la Camry n’a eu aussi fière allure.
Dans l’habitacle, les stylistes cherchent à donner à la TRD une personnalité propre. Ça commence avec le recouvrement des sièges en tissu et en cuir. Le tout s’agrémente d’appliques et de languettes rouges. Pour dynamiser l’aire de vie, il y a des surpiqûres partout : au volant, au pommeau du sélecteur de vitesses de même que sur la planche de bord qui est partiellement habillée de cuir. Pour une allure plus sportive, la bande décorative devant le passager est en simili-aluminium. Clairement, Toyota vise à en mettre plein la vue, et c’est réussi.
Même s’il s’agit d’une Camry déguisée, l’ensemble de ses qualités est reconduit. L’habitacle offre un environnement très spacieux, des sièges très confortables, une bonne visibilité et une position de conduite agréable. Par contre, tout n’est pas parfait. L’éclairage en rouge de l’instrumentation manque de puissance. Le jour, sa lecture se montre difficile. Comme c’est le cas de toutes les autres Camry, l’ergonomie n’est pas son point fort. On revient encore avec des boutons de commande trop petits pour une manipulation facile et l’horripilant système multimédia EnTune 3.0 qui demeure toujours aussi détestable à l’usage. Je constate que Toyota reste assez conservatrice avec la Camry TRD. Je n’y ai pas vu d’éléments technologiques qui lui permettent de se distinguer face au reste de la compétition. Fait étonnant, cette version n’offre pas de toit ouvrant. Deux raisons possibles : réduire les coûts ou alléger le véhicule pour améliorer ses performances à la manière « superleggera ». Personnellement, je pense que la première option tient plus la route.
À l’arrière, l’équipement fait défaut. On ne retrouve aucun accessoire de luxe autre que des dégagements très amples pour les occupants. Malgré ses airs inattendus la TRD maintient ses attributs familiaux avec un coffre de 427 litres. Bien que spacieux, il demeure près d’une cinquantaine de litres inférieurs à celui de l’Accord.
On a beau avoir déguisé la Camry, elle conserve malgré tout son cœur. Toyota n’a pas jugé bon d’augmenter la puissance du V6 de 3,5 litres qui développe toujours une cavalerie de 301 chevaux et produit un couple de 267 livres-pieds. La plage de performance du moteur reste aussi la même à 6 600 tours/minute pour la cavalerie et à 4 400 tours pour le couple. Je trouve que cette décision est plutôt étonnante considérant qu’il aurait été assez facile de lui accorder un peu plus de piment. Pour ce qui est de la transmission, pas de double embrayage et, évidemment, pas de boîte manuelle, c’est toujours l’automatique à 8 rapports qui s’attache au moteur. Toyota apporte malgré tout, des améliorations comme un tout nouveau système d’échappement du type « Cat-Back » qui donne une meilleure sonorité en raison de la présence d’un résonateur et d’un silencieux plus permissif. Souvent l’apport de cet accessoire accorde quelques chevaux de plus, mais pas ici, et ce, même s’il a été configuré par l’équipe de TRD (Toyota Racing Development).
Toyota s’est construit une solide réputation au fil du temps pour ce qui touche la frugalité de ses motorisations. Même si la TRD vise la performance, je suis renversé par la consommation de carburant. Au terme de mon essai, j’ai obtenu une moyenne de 8,2 litres/100 kilomètres seulement. Je vous rappelle que son moteur pousse plus de 300 chevaux. Je tiens aussi à souligner que j’ai eu le pied pesant sur l’accélérateur, pas par plaisir… strictement à des fins d’évaluation !
La Camry a toujours été, à mon avis, l’incarnation du refus complet d’avoir une once de plaisir au volant. Par la magie de TRD, j’ai découvert une toute nouvelle personnalité à la berline. La direction conserve ses mêmes attributs, mais le fait qu’on intègre un contrôle actif au train avant (freinage de la roue intérieure en virage) permet à la voiture d’avoir un comportement beaucoup plus dynamique. À cela, ajoutez qu’on transforme complètement l’approche des suspensions. Ça commence par des barres stabilisatrices plus grosses qui augmentent la résistance de 44 % à l’avant et de 67 % à l’arrière.
Les amortisseurs sont fermes, et les ressorts hélicoïdaux diminuent la hauteur de 15 millimètres. Le tout s’accompagne de renforts plus épais qui majorent la rigidité structurelle de la Camry. En conduite, la différence se perçoit de manière significative. Je me suis donné de larges sourires en attaquant des courbes et des bretelles d’autoroute avec entrain. Elle demeure très stable en virage, elle nous invite même à accélérer un peu plus. Ses qualités dynamiques la placent dans une catégorie à part au sein des intermédiaires.
Toyota ne s’est pas contentée de travailler les éléments suspenseurs, les freins avant prennent également du galon. Les disques passent de 305 millimètres (12 pouces) à 328 (12,9 pouces) alors que l’étrier gagne un piston et en compte désormais deux. Dès la première occasion, on sent que la berline à plus de mordant. Franchement, cette TRD redéfinit complètement ma perception dynamique de la voiture. Sans l’ombre d’un doute, à l’exception de la Camry de Kyle Busch, c’est la Camry la plus sportive de l’histoire.
Si je me fie aux commentaires reçus sur la Camry, Toyota réussit l’entrée en scène de la version TRD. Au-delà du spectacle des accessoires qui habillent et transforment la voiture, son comportement dynamique lui donne une personnalité unique en son genre. Bien que son apparence soit différente, elle demeure une valeur sûre avec toutes ses qualités. Le nom Camry égale encore et toujours fiabilité, solidité, faibles coûts de possession et valeur de revente supérieure à la moyenne. Le tout, dans une robe plus flamboyante. La production est limitée, et le spectacle ne durera pas très longtemps. Si vous êtes à la recherche d’une berline ultra-compétente et distinctive à la fois, vous n’avez plus à chercher, la TRD est pour vous.