À partir de quel moment, de combien de ventes un constructeur décide-t-il qu’il est temps d’abandonner un modèle dans sa gamme? L'Avalon est techniquement sur son lit mort, mais Toyota s’acharne en 2021 en lui donnant un traitement au 4-cylindres tout en ajoutant la transmission intégrale. Cure de jouvence ou soins palliatifs?
Contre toute attente, Toyota a renouvelé l’Avalon en 2019. Pour le marché étasunien, on peut comprendre. Mais au Canada, à titre d’exemple, il s’est vendu seulement 209 exemplaires vendus en 2020. Le fabricant aurait pu la laisser tomber, personne ne se serait senti brimé. Quoi qu’il en soit, Toyota joue d’audace avec le design de l’Avalon 2019. C’est tout particulièrement le cas à la partie avant avec sa grille de calandre qui recouvre 90 % de la surface. Son habillage et le chrome sont repris de la version hybride offerte aux États-Unis. Je me pose encore la question si j’aime ou pas. Les blocs optiques offrent un éclairage à DEL puissant tout en assurant une signature visuelle distinctive pour le modèle.
- À LIRE AUSSI : Pompe à essence : Mégarappel chez Toyota et Lexus
- À LIRE AUSSI : Toyota Avalon XSE 2019 - Grande routière athlétique
De profil, les stylistes se sont calmés avec des lignes élégantes et élancées qui sculptent très bien les parois. L’Avalon assume pleinement sa taille avec une grande fenestration et une hanche soutenue jusqu’au coffre. La version à l’essai, Limited, reçoit des jantes de 18 pouces. En ce qui me concerne, c’est à l’arrière que l’Avalon se montre sous son plus beau jour. Elle compte un seul feu transversal qui s’incruste à l’intérieur du coffre en lui donnant une forme concave. L’effort de style est réussi. Bien que ce soit la berline la plus coûteuse de la famille Toyota, je ne peux pas dire que l’assemblage soit particulièrement serré.
J’adore le style intérieur de l’Avalon. Les stylistes ont adopté une approche horizontale pour le tableau de bord, mais une imposante cascade s’élève au centre pour intégrer toutes les commandes de climatisation/chauffage et des systèmes de navigation et multimédia. Toyota mélange plusieurs textures. Pour le cuir, on offre même un traitement « à la Bentley » avec des surpiqûres en diamant qui habillent les portières et les assises ; c’est réussi. Pour le reste des matériaux, il y a place à discussion considérant les 50 000 $ demandés : fausse boiserie peu convaincante et beaucoup de plastiques durs.
Toyota propose un bon degré d’équipement dans la Limited : instrumentation partiellement numérique de 7 pouces, affichage tête haute, navigation de 9 pouces, sièges et volant chauffants, ventilés, toit ouvrant simple (pas panoramique), ce genre de luxe accessible. En aucun temps, on ne se retrouve avec une impression percutante de technologie. Pourtant, nous sommes en droit d’obtenir quelque chose de distinctif par rapport à la Camry, mais ce n’est pas le cas. C’est dommage, mais ça sent le « vieux stock » dans l’Avalon.
En regardant les principales caractéristiques d’achat d’une Avalon, c’est-à-dire le confort et l’espace, elle nous sert bien. La position de conduite se veut naturellement basse, mais, une fois en place, on jouit d’une bonne visibilité sans réelle entrave. Les sièges procurent un maintien décent, sans être particulièrement cintrés. Cette approche favorise un bien-être assumé pour les longs trajets. C’est d’ailleurs l’un de ses plus beaux attributs, le confort sur la route. L’espace ne se compte pas. À l’avant ou à l’arrière, les dégagements ne se comptent pas. Par contre, l’Avalon demeure étonnamment étroite, une troisième personne sur la banquette n’appréciera pas l’expérience. Pour ce qui est du coffre, il atteint 456 litres, dans la norme face à sa concurrence : Chrysler 300, à 462 litres, et Nissan Maxima, à 405 litres.
Au Canada, l’Avalon n’a reçu que des V6. On offre encore dans la XSE un V6 de 3,5 litres qui développe une puissance de 301 chevaux et produit un couple de 267 livres-pieds, mais il se passe du rouage intégral. Pour avoir droit à cette nouveauté en 2021, on se tourne obligatoirement vers le 4-cylindres de 2,5 litres bien connu dans la famille. Dès qu’on regarde les données techniques, un doute s’installe. Une puissance de 205 chevaux à 6 600 tours/minute et et un couple sous la barre des 200 à 185 livres-pieds. Pour les obtenir, on doit monter à 4 600 tours/minute ! Je soupçonne une certaine faiblesse. À titre indicatif, c’est à peu près l’équivalent de ce qu’elle offrait à son lancement au milieu des années 1990. Fort heureusement, Toyota ne cède pas à la tentation d’une CVT et propose une véritable boîte de vitesses automatique à 8 rapports. Pour ce qui est du rouage, l’Avalon propose un système réactif, et le train avant a une forte prédominance. Notez qu’il s’agit exactement de la même mécanique que la nouvelle Camry AWD.
Toyota a beau nous dire que la clientèle cible est le jeune professionnel entre 35 et 55 ans, l’Avalon intéresse plutôt les personnes de 55 ans ou plus. La conduite de cette berline s’apparente à un fleuve tranquille. Comme écouter les Feux de l’amour, tu sais exactement ce qui va se passer et dans le cas de l’Avalon, c’est assez paisible. Tout est aseptisé, sans communication. La direction offre une certaine lourdeur, le seul sursaut d’agrément derrière le volant. Les suspensions nous font littéralement flotter sur la route. C’est précisément pour cette raison que ses 209 acheteurs l’adorent, l’Avalon se définit comme une grande boulevardière.
En termes de mécanique, mes craintes se confirment. Les 205 chevaux dans une voiture de cette taille ne conviennent pas. Même sans conduite dynamique, on cherche la puissance. Considérant les 50 000 $ demandés, il y a une certaine frustration qui s’installe. À cela, vous devez ajouter que ce 2,5-litres est reconnu par notre équipe pour être bruyant et, tristement, c’est aussi le cas dans cette voiture. À la moindre accélération, il se fait entendre bruyamment. Toyota manque son coup en matière d’insonorisation. Fort heureusement, la boîte de vitesses travaille bien, ce qui permet d’obtenir une impressionnante consommation moyenne de 7,8 litres/100 kilomètres.
Autant la Toyota Avalon 2021 jouit de grandes qualités, je considère que c’est un achat douteux. Avec l’AWD, Toyota n’apporte qu’un soin palliatif à l’Avalon. Elle reste sur son lit de mort! De plus, l’Avalon est la seule Toyota qui affiche une mauvaise valeur de revente. Rationnellement, je vous recommande une Camry XLE AWD, tout aussi équipée, et vous économiserez 10 000 $.