J’ai souvenir de la toute première WRX que j’ai vue de ma vie. C’était en 2002, elle était de couleur gris argent, dans la région de North Bay, en Ontario. Elle avait envie de tout mordre avec son entrée d’air sur le capot et ses deux yeux de grenouille. De quoi faire bouillir en moi l’envie d’avoir mon permis de conduire, alors que je n’avais que 13 ans.
Les années ont passé, les WRX se sont succédé. Maintenant rendue à sa troisième génération, elle a toujours su conserver les éléments qui en font, encore aujourd’hui, une voiture attirante, qui donne juste envie de la faire danser sur la glace.
Sept ans se sont écoulés depuis l’arrivée de la génération actuelle de la WRX. L’âge commence-t-il à paraître? Est-elle en mesure de faire vibrer en moi ce qui reste du petit gars? Rien de mieux qu’un essai routier complet de la Subaru WRX Sport-Tech RS 2020 pour le découvrir.
Je le disais d’entrée de jeu, l’apparence extérieure de la WRX incite à la délinquance. Serait-ce cette couleur bleue typique à Subaru, cette massive entrée d’air sur le capot, ces hanches élargies ou encore ces roues superbes de 18 pouces? J’ai envie de vous dire : toutes ces réponses.
Malgré que son âge relativement avancé n’ait pas d’effet négatif sur son style, il faut malgré tout se rendre à l’évidence : la WRX est basée sur l’Impreza de précédente génération. C’est donc dire qu’elle ne repose pas encore sur l’architecture globale de Subaru. Ce n’est pas que la rigidité de la caisse soit compromise, bien au contraire, mais plutôt que Subaru a maintenant une architecture globale plus moderne pour tous ses modèles.
La version Sport-Tech RS, proposée depuis maintenant quelques années, amène quelques éléments de performance. Sont ajoutés des freins Brembo avec étriers à quatre pistons à l’avant et étriers à deux pistons à l’arrière, de même que des sièges Recaro recouverts de suède, directement issus de la STI. Ça en fait donc la WRX la plus chère à être offerte.
Le fait que la plateforme de la WRX soit vieille perd de son importance quand on prend place à bord. Un simple coup d’œil à la planche de bord très carrée rappelle une époque où Subaru n’était pas reconnue pour la qualité – ni la beauté – de ses intérieurs. Heureusement, le système d’info-divertissement a été modernisé avec le temps pour se coller à ce que propose le constructeur dans ses créations les plus modernes. Par contre, l’instrumentation rend hommage à la simplicité et au passé, puisqu’elle semble directement tirée d’un véhicule de l’année 2012. Par chance, elle est claire et facile à consulter.
Impossible toutefois de pester contre les sièges Recaro, qui font à merveille ce pour quoi ils ont été conçus. Même en enfilant plusieurs courbes successives, on demeure bien ancré en raison des renflements proéminents. La position de conduite tout juste parfaite permet également d’avoir le levier de transmission manuelle naturellement dans la main.
Autre point facilitant la conduite : l’excellente visibilité. À ce chapitre, Subaru est fidèle à sa réputation : les piliers sont minces et les vitres sont grandes. Pour une fois qu’on n’a pas l’impression d’être assis dans une baignoire, il faut le souligner!
Les places arrière sont à l’image du reste de l’habitacle. L’assise est ferme, et l’espace et la visibilité très corrects une fois en position. On ne peut par contre être aussi élogieux avec l’espace cargo, dont les 340 litres font pâle figure contre les 427 litres de la Honda Civic Si et les 400 litres de la Volkswagen Jetta GLI.
La WRX est maintenant la seule à exploiter le fameux moteur 2,0 litres turbocompressé qui a notamment fait plusieurs heureux dans le Forester XT. Avec ses 268 chevaux à 5 600 tr/min et son couple de 258 lb-pi entre 2 000 et 5 200 tr/min, il est en position favorable en comparaison avec les autres berlines sur vitaminées.
À mon grand bonheur, l’ensemble RS est disponible uniquement avec une boîte manuelle à six rapports. Pour transmettre la puissance au sol, le rouage intégral à prise constante de Subaru est préconisé, avec son différentiel central à visco-coupleur à glissement limité. De plus, un vecteur de couple utilisant le système de freinage vise à envoyer la puissance à la roue ayant le plus d’adhérence.
Ici, pas de flafla : pas de modes de conduite, pas de suspension ajustable. Simplement une mécanique, une transmission, un rouage… et un petit gars pour l’exploiter!
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Eh oui, c’est une des caractéristique clés de la WRX que d’être plaisante à conduire. Petite caisse, moteur performant, boîte manuelle… tout est là pour que le plaisir prenne son envol.
Le 4 cylindres de 2,0 litres est toujours aussi plein de caractère, avec sa sonorité tout à fait particulière et son irrégularité caractéristique des moteurs à plat. Ses 268 chevaux semblent sur papier plus intéressants que les 228 proposés par la Volkswagen Jetta GLI mais, dans les faits, la sensation de puissance est à peu près la même. Il faut dire que le rouage intégral et le creux de puissance à mi-régime viennent gommer la sensation de vitesse.
Je déplore cependant que l’accélérateur soit beaucoup trop sensible. Ça donne l’impression d’avoir une puissance démesurée sous le pied droit dès les premiers tours de roue mais, en revanche, on se rend rapidement compte que la dernière moitié de la course de l’accélérateur est à peu près inutile. À corriger.
Pour le reste, la WRX n’a qu’un seul but en tête : être conduite. La suspension ferme et la direction d’une grande rapidité montrent le côté joueur que le petit gamin en moi attend d’une telle voiture. Peu d’efforts sont faits pour le confort, tant et si bien que les aspérités de la route sont bel et bien retransmises à la colonne vertébrale de chacun des occupants.
Il faut être préparé à encaisser le coup, ce qui n’est pas négatif à partir du moment où on comprend que ça fait partie du charme de la voiture. En effet, elle a conservé un côté brut, moins artificiel, moins superficiel que quelques-unes de ses comparses. Et ça, c’est positif.
La WRX répond encore et toujours au même besoin : celui d’être une voiture sans compromis, qui met l’accent sur la conduite au détriment d’autres considérations moins pures. C’est précisément cet angle qui titille encore et toujours le petit gars intérieur, et qui fait de la WRX une voiture si unique.
Par contre, il faut se rendre à l’évidence : elle est mûre pour un rafraichissement, particulièrement en matière de présentation intérieure. Donc, vivement l’arrivée d’une nouvelle génération, avec – tant qu’à faire - une version à hayon, cette fois!
En attendant, la WRX actuelle demeure un bon choix, d’autant plus qu’elle est éligible à plusieurs promotions qui permettent de lui pardonner quelques défauts. Mon conseil serait de vous concentrer sur une version moins équipée, pour avoir toutes les qualités à un prix moins élevé.