Au premier coup d’œil, on a presque l’impression que la Legacy est figée dans le temps. S’il y a un modèle qui évolue lentement chez Subaru, c’est bien celle-là! Ce n’est pas un reproche – loin de là même –, mais pour les consommateurs qui veulent le dernier cri en matière de design, la Legacy n’est pas aussi affûtée qu’une Mazda6, par exemple!
En fait, la berline de Subaru, malgré une ligne de toit fuyant à l’arrière, n’est pas aussi « étirée » que la plupart des « coupés quatre portes » de l’industrie. C’est plus conservateur comme approche et la Legacy est un choix tout à fait juste pour ceux qui recherchent une voiture pour longtemps.
Je dois également mentionner que la qualité de fabrication est au rendez-vous. La fermeture des portières est franche, les panneaux de carrosseries sont très bien alignés et la peinture ne présente pas d’irrégularités à l’œil nu. Je ne suis pas un partisan de ce coffre difficile à ouvrir avec, en plus, cette ouverture trop petite à mon goût. Ce n’est pas pour rien que la Subaru Outback est si populaire.
Ici aussi, on ressent le poids des années. Pas d’écran tactile qui ressort de la planche de bord ou de molette compliquée pour naviguer à travers les menus du système d’infodivertissement. Le tableau de bord est très classique, certes, mais au risque de me répéter, la qualité d’assemblage parle d’elle-même. La position de certains boutons est un peu trop en retrait à mon goût – je parle évidemment de cette rangée de boutons à la gauche du volant. Toutefois, à l’exception de ce détail, tout est facile d’accès.
Le confort des sièges est fort acceptable, tandis que la sellerie chauffante, tant à l’avant qu’à l’arrière (sauf la place médiane, bien sûr), est un luxe dont on ne peut plus se passer, surtout à -20 °C. L’espace n’est pas aussi vaste à la deuxième rangée si on le compare à d’autres berlines du segment, ceci étant dû à ce toit ouvrant qui réduit de beaucoup le dégagement pour la tête, mais aussi l’espace pour les jambes.
Si Subaru était une marque américaine, on retrouverait probablement plus de ces versions équipées de ce moteur 6-cylindres à plat de 3,6-litres sur nos routes. La souplesse de ce moteur m’étonne chaque fois que j’enfonce la pédale de droite. L’increvable H6 livre une puissance de 256 chevaux et un couple de 247 lb-pi, des statistiques acceptables tout au plus. Depuis 2018, la Legacy est exclusivement livrable avec une boîte de vitesses à variation continue, une technologie assez bien maîtrisée par les ingénieurs de la marque depuis son introduction, il y a quelques années. Et, bien entendu, les quatre roues motrices font partie de la recette Subaru.
Le démarrage de la Legacy 3.6R est teinté d’une sonorité particulière, mais le 6-cylindres est beaucoup plus silencieux, plus noble, voire plus « américain ». Après tout, la Legacy 3.6R est la seule berline munie d’une mécanique 6-cylindres à plat montée à l’avant sur le marché.
J’aime beaucoup la réaction de la mécanique. Il n’y a aucun délai lorsque j’enfonce mon pied droit sur la pédale d’accélérateur, un détail qui se retrouve malheureusement sur trop de modèles de nos jours. Riche en couple à bas régime, le 3,6-litres s’essouffle rapidement par contre. La Legacy n’est pas une usine d’adrénaline. En revanche, l’habitacle est silencieux, le châssis est rigide et la suspension suffisamment ferme pour les virages un peu plus corsés. Comme d’autres modèles Subaru, la direction est lourde, mais elle manque de précision. Disons qu'on est loin d'une WRX STi!
Quant au rendement de la boîte CVT, celle-ci se défend très bien, surtout parce que les montées en décibels associées à ce genre d’unité ne font pas partie du quotidien de ce groupe motopropulseur. Il est également possible de changer soi-même une série de « faux rapports », mais franchement, je n’en vois pas l’intérêt.
Un essai de la Subaru Legacy serait incomplet sans quelques mots sur le rouage intégral de la voiture qui, une fois de plus, montre de belles choses sur une surface enneigée. La berline se réveille un peu plus lorsque le système antipatinage est débranché, et ce, même si ce dernier ne l’est pas complètement. J’ai pu le remarquer à quelques occasions lors de dérapages musclés. C’est aussi dans ces moments que cette berline « tranquille » justifie le prix exigé pour l’un des meilleurs systèmes quatre roues motrices de l’industrie. Parlant de prix, la consommation du 6-cylindres, surtout par temps froid, est très élevée. J’ai obtenu une moyenne qui avoisinait les 14 litres/100 km, avec toutefois environ 60 % de mon essai réalisé en ville.
Un petit mot sur le système EyeSight qui veille au grain pour les conducteurs moins expérimentés : le fonctionnement dépend de la température extérieure. À plusieurs reprises, un voyant lumineux m’a averti que le système était hors fonction à la suite de l’accumulation de saletés sur le pare-brise. Autrement dit, si les caméras situées dans la partie supérieure du pare-brise sont obstruées, EyeSight prend une pause!
Bon, à 36 795 $, la Subaru Legacy n’est pas à la portée de toutes les bourses, et je me dois de l’admettre, son existence est menacée. Non seulement les berlines intermédiaires équipées de moteurs 6-cylindres disparaissent les unes après les autres, mais le simple fait que le constructeur n’offre qu’une seule livrée de la Legacy 3.6R (contre cinq avec la mécanique 4-cylindres) illustre bien le côté mouton noir de cette livrée assez unique. De nos jours, le modèle Outback et les autres produits dotés d’un hayon (Forester, Crosstrek, Ascent, Impreza 5 portes) sont plus populaires au sein de la gamme.
Même si cette curieuse voiture est issue d’une époque où la berline dominait les routes du continent, elle demeure un bon choix pour ceux et celles qui recherchent une berline puissante, douce et rassurante à conduire au quotidien.