Il y a de ces produits qui ont chamboulé l’industrie automobile à leur façon.
Revenons en 2003, première année modèle du Nissan Murano. À cette époque – les VUS intermédiaires commençaient à faire leur entrée sur le marché, tentant tous de conjuguer un style et des capacités de camion avec une architecture et une motorisation de voiture.
Tous, sauf un : le Nissan Murano. Il proposait bien une architecture et un moteur de voiture – en l’occurrence, ceux de l’Altima –, mais sans arborer un style « camionnesque ». En fait, il ressemblait plutôt à une voiture haute sur pattes qu’à un véritable aventurier, autant en termes de style de que capacités réelles. Il allait donc a contrario des Toyota Highlander, Honda Pilot, Chevrolet Trailblazer et Ford Explorer de l’époque.
Seize ans plus tard, la recette du Murano n’a pas changé. Toutefois, la compétition a évolué et s’est rapprochée de la voiture en suivant plus ou moins le chemin tracé par le Murano. Afin de voir si les élèves ont dépassé le maître, j’ai essayé la version Platinum 2019.
L’année 2019 marque un rafraîchissement de mi-carrière pour la troisième génération du Nissan Murano. Les quelques petits coups de crayon donnés çà et là sont tout à fait équilibrés et mettent encore plus en valeur le design très typé de ce VUS.
La modernisation du pare-chocs, notamment avec l’ajout d’une applique noire dans sa partie centrale, est du plus bel effet. L’imposante calandre V-motion prend encore plus de place alors que les phares intègrent maintenant un éclairage à DEL. Le reste de la carrosserie est, pour ainsi dire, inchangé depuis 2015.
Le toit flottant fait toujours bonne impression, tout comme la partie arrière où la lentille des feux retravaillée a été assombrie. De nouvelles roues dont le diamètre varie entre 18 et 20 pouces viennent enjoliver l’ensemble.
Un aspect intéressant que j’apprécie du Murano est l’éventail des peintures offertes. Par exemple, la couleur orange du véhicule testé, combinée à son style plutôt flamboyant, permet de mettre un peu de joie dans un paysage automobile autrement bien représenté par l’expression « 50 nuances de gris » – sans connotation, il va sans dire.
L’habitacle du Murano fait tout pour tromper les passagers et les amener à penser qu’ils sont à bord d’une voiture plutôt que d’un VUS. Le design du tableau de bord qui semble tout droit sorti d’une Altima et la couleur beige y sont pour quelque chose. Toutefois, cette teinte caractéristique et cette conception donnent l’impression que le tableau de bord est très volumineux et qu’il empiète sur l’espace pour les passagers. On dirait qu’on est à bord d’un véhicule beaucoup plus gros qu’il ne l’est en réalité, illusion renforcée par le capot bien présent dans le champ de vision.
Heureusement, l’ergonomie de l’habitacle est adéquate, rendant la manipulation des commandes aisée. Bonne note également pour l’accès à bord qui est tout à fait convenable.
Les sièges « zéro gravité » sont larges et bien galbés, deux éléments qui contribuent à notre confort sur la route. Le recouvrement en cuir semi-aniline, malgré sa beauté, est malheureusement trop glissant et nous fait valser de gauche à droite quand les courbes s’enchaînent.
On sent aussi que le Nissan Murano est dû pour une modernisation de son système d’infodivertissement; une augmentation de la luminosité de l’écran et une réorganisation des touches ne seraient pas de trop. Pour voir le verre à moitié plein, la chaîne audio brille par sa puissance et la justesse de son exécution, accompagnée de surcroît par Apple CarPlay et Android Auto.
Les places arrière proposent, elles aussi, un bon confort et un accès facile. Le dossier est ajustable, un point fort pour les dos les plus difficiles, et la banquette se rabat complètement pour maximiser l’espace cargo. D’ailleurs, deux manettes dans le coffre permettent de le faire sans effort. Pratique.
Du point de vue mécanique, peu de changements sont survenus entre 2003 et 2019. Il s’agit du même moteur (VQ35DE) depuis l’introduction du modèle. Bien qu’il ait démontré sa fiabilité, sa durabilité et son économie de carburant, il n’est certainement pas le plus moderne. Pas d’injection directe de carburant, ni de système arrêt-démarrage. Au moins, il est équipé d’une chaîne de distribution (!).
Concernant le reste des composantes, le Murano est fidèle à lui-même. La transmission à variation continue est la seule disponible alors que les versions de base peuvent être commandées avec un rouage à traction. La traction intégrale est offerte sur toutes les autres déclinaisons.
La capacité de remorquage du Nissan Murano n’est que de 680 kg, soit l’équivalent de 1 500 lb. Quand même décevant en comparaison avec les concurrents qui proposent tous, au minimum, 1 545 kg. Une voiture, comme je vous disais…
On retrouve le même effet sur la route, où on est loin de se « faire brasser la canisse », comme on dit au Témiscamingue. La douceur de la suspension n’a d’égal que celle de la mécanique, qui font toutes deux un bon travail pour donner un minimum de sensation tout en maximisant le confort. Mention d’honneur également au silence de roulement et à la visibilité qui ne sont pas piqués des vers.
Cette propension au confort a toutefois l’effet d’amenuiser les performances routières. En effet, le Murano paraît lourdaud dans ses réactions, réprimant toute envie du conducteur de pousser la machine. La direction trop assistée et très démultipliée y est également pour quelque chose.
Par chance, le moteur V6 donne un rendement tout à fait correct. La transmission automatique à variation continue avec laquelle il est jumelé est également compétente, ce qui démontre que Nissan maîtrise bien cette technologie. Les deux permettent une belle surprise : à l’occasion d’un aller-retour entre Québec et Montréal incluant une portion de circulation en ville, j’ai obtenu une consommation d’essence combinée à 8,3 litres/100 km. Pas mal!
Le côté spectaculaire et révolutionnaire du Murano de première génération qui suscitait la surprise en 2003, n’est plus aussi présent en 2019. De plus, la concurrence s’est collée au concept de multisegment et propose parfois des caractéristiques plus intéressantes que le produit original, laissant moins de place au Murano pour se distinguer.
Il faut aussi dire que le Murano tire de la patte technologiquement en comparaison avec les concurrents directs. Le moteur n’a pas d’injection directe, ni de système arrêt-démarrage, et le système multimédia manque de modernité : trois points qui déçoivent dans une des catégories les plus populaires de l’industrie.
À sa décharge, le Murano propose une bonne économie de carburant. Aussi, sa fiabilité n’est plus à démontrer, pas plus que le fait que son prix de vente soit franchement bien étudié compte tenu de l’équipement embarqué. Ce sont des caractéristiques qui encore aujourd’hui, définissent sa pertinence sur le marché, et qui font que je vous le recommande, malgré ses défauts!