Il y a de ces modèles dont on ne sait pas trop à quoi s’attendre avant de prendre le volant. Sur papier, les caractéristiques ne permettent pas de se de faire une idée claire avant de poser ses fesses sur le siège du conducteur et de prendre la route. Est-ce que l’expérience globale sera décevante ou, au contraire, charmante?
La Nissan Micra est une de celles-là.
De mon côté, ce doute était nourri par plusieurs appréhensions : il s’agit d’une citadine, somme toute vieillissante puisqu’elle est arrivée pour l’année modèle 2015. La voiture testée est de surcroît la version de base, donc la moins chère vendue au Canada. D’un autre côté, je me disais qu’elle semble plaire, comme on en voit tellement sur les routes…
Donc, voici le résultat de ma semaine, maintenant que je vois clair dans ce bazar!
Personne ne perdra ses moyens devant la Nissan Micra. Au moins, son style a le mérite d’être agréable pour l’œil. Les phares globuleux combinés au capot court sont en harmonie avec la partie arrière tronquée, avec ses petits feux de position ressortis. Les ondulations sur le toit ajoutent une touche distinctive qui n’est pas sans rappeler quelques modèles disparus à l’apparence plus funky, nommément les Juke et Cube.
Quelques éléments donnent tout de même un indice sur l’ancienneté de la Micra. Je pense notamment à l’intégration de la caméra de recul dans le hayon, vraisemblablement ajoutée après que la voiture ait été dessinée.
Malgré ce petit bémol, je ne peux que saluer l’apparence sympathique de la Micra. Il suffit de l’agrémenter d’un ensemble de roues d’après-marché – qui ne sera pas dispendieux d’ailleurs, compte tenu de la dimension de 15 pouces – et l’affaire est ketchup!
Je le soulignais d’entrée de jeu : la Micra est actuellement la voiture la moins chère vendue au Canada.
Cette version de base S revient carrément à la source : les vitres sont à commande manuelle, les portières sont à verrouillage manuel, les rétroviseurs sont manuels, l’air climatisé brille par son absence, le volant n’est pas télescopique... La seule touche de « luxe » est cet écran multimédia qui relaie, en même temps, l’image de la caméra de recul. Bref, il ne faut quand même pas demander mer et monde, considérant le prix. Pour les plus exigeants, deux autres versions plus équipées – SV et SR – sont offertes.
Qu’à cela ne tienne, il faut quand même reconnaître que les qualités sont là. Malgré une apparence on ne peut plus banale, le tableau de bord est fonctionnel. L’écran du système d’infodivertissement, clair dans la présentation, est situé à la bonne hauteur, et les commandes de ventilation sont faciles à contrôler. Les sièges d’un confort et d’un support tout à fait convenables – du moins à l’avant – permettent une position de conduite qui valorise une bonne visibilité vers l’extérieur, mais le volant qui ne s’ajuste pas en profondeur limite les possibilités. Ça, c’est dommage.
Il ne faut pas se surprendre des matériaux qui sont assez bon marché dans leur qualité, tout comme dans leur apparence. L’assemblage demeure solide, malgré tout, avec des pièces bien fixées et bien agencées entre elles. C’est l’essentiel.
Vue la compacité de la voiture, les places arrière offrent un espace plus qu’adéquat, tout comme l’espace de chargement, facilement exploitable. Même la banquette se rabat à la manière 60-40 pour optimiser le côté pratique de la citadine.
Ce n’est toujours pas la modernité qui étouffe la Micra, même sous le capot. Un petit moteur quatre cylindres de 1,6 litre est à l’honneur, fort d’une puissance de 109 chevaux et d’un couple de 107 lb-pi. Il est jumelé, dans le cas présent, à une boîte manuelle à cinq rapports, mais une automatique à quatre rapports est également offerte en option.
Le freinage est assuré par des disques de freins de 10,3 pouces à l’avant alors que le train arrière retient les services de tambours de 8 pouces. La suspension, assez rudimentaire également, présente une configuration à jambe de force à l’avant et pont rigide à l’arrière.
Rien pour « écrire à sa mère » ici, il n’y a rien à rajouter. Pas de moteur optionnel, pas plus qu’un autre type de configuration mécanique.
C’est à ce chapitre que j’ai eu la plus grande surprise : j’ai eu un plaisir fou à conduire la Micra! Le petit moulin livre une performance tout à fait acceptable, étant même surprenant par sa vivacité et sa propension à monter dans les tours. On prend aussi un malin plaisir à jouer avec la boîte manuelle précise, rapide, et à travers laquelle on sent bien le travail mécanique. Ça donne l’impression de courser pour la Coupe Micra!
Même chose pour la direction rapide et vive, dont l’assistance est tout juste bien dosée. Elle donne à la Micra une agilité remarquable, ce qui, combiné à la petitesse de la voiture, est un charme en conduite urbaine.
Une bonne note aussi pour le système de freinage qui, malgré une quincaillerie pour le moins rudimentaire, donne confiance au conducteur avec la fermeté de son exécution et la précision de sa pédale.
Je ne peux cependant passer sous silence l’insonorisation de la voiture, assez chiche merci. On entend tous les bruits de la route, mais aussi le bruit du moteur, qui à vitesse d’autoroute, tourne allègrement au-delà des 3 200 tr/min. Notons aussi la position de conduite un peu spéciale, qui devient fatigante en trajet prolongé en raison de ce satané volant à la profondeur non ajustable.
Bref, tout ça pour dire que la ville est un environnement qui sied mieux à la Micra que l’autoroute.
Malgré quelques petits défauts, force est de constater que la Nissan Micra S se classe parmi les agréables surprises plutôt que les amères déceptions. J’ai été charmé par le plaisir qu’elle donne au conducteur, prouvant une fois de plus que ce n’est pas les chevaux-vapeur, la suspension adaptative ou la traction intégrale à vecteur de couple qui crée l’agrément; l’affaire est plutôt une question de fondements solides, et c’est ce que propose la Micra.
Oui, l’équipement est TRÈS économe. Non, le confort n’est pas optimal. Mais il faut se rappeler qu’on paie la voiture seulement 10 488 $ avant transport, préparation et taxes. Pour ce prix, on a une voiture neuve, pleinement garantie, avec laquelle on a du plaisir quotidiennement – en autant qu’on circule en ville. Et c’est bien assez pour la recommander!