Après avoir attendu des lunes, nous avons enfin eu la chance de conduire le modèle de deuxième génération du Nissan Armada. Oh, ce n’est pas que nous l’attendions avec impatience; on ne parle pas du produit le plus excitant de l’industrie ici. Seulement, lorsqu’on réalise que le premier modèle a été introduit en 2003, on comprend que sa mise à niveau était, soyons polis, sérieusement en retard.
Avec l’Armada, Nissan souhaite de tout cœur relancer le débat dans le segment des VUS pleine grandeur.
Notre degré d’enthousiasme est plus mitigé. Si le produit est amélioré, il ne faudrait pas s’attendre à des miracles de sa part. Nous avons davantage eu l’impression de conduire une version 2010 plutôt qu’une 2017. En fouillant, on a compris pourquoi. Vous allez à votre tour le découvrir.
Chronique d’une drôle de refonte.
Des origines prestigieuses
Le premier Nissan Armada partageait ses assises avec la camionnette Titan. Ce n’est pas le cas du deuxième qui profite plutôt de la structure du Nissan Patrol, un produit qui œuvre en Europe depuis 1951.
Or, c’est en 2010 qu’a été introduit le dernier Patrol là-bas. Déjà, un premier véhicule assemblé sur ses bases nous a été proposé, soit le QX80 d’Infiniti. C’est maintenant au tour de l’Armada. Conséquemment, voilà pourquoi ce dernier n’est pas si « nouveau » que ça. On nous présente un produit vieux de six ans (voir notre galerie photo).
C’est comme acheter un modèle de frigo qui est sur le marché depuis un certain nombre d’années. Il est neuf, mais peut-être pas à la fine pointe.
Un segment stagnant, mais…
L’Armada concourt dans un segment moins populaire chez nous qu’aux États-Unis, et même ailleurs au Canada, notamment dans l’Ouest. Au moment d’écrire ces lignes, 329 unités 2016 seulement avaient été écoulées depuis le début de l’année d’un océan à l’autre, ce qui représente un recul de 16,4 % par rapport aux données de 2015.
On note cependant un léger regain dans le créneau, une conséquence directe du prix à la pompe, plus bas aujourd’hui qu’au cours des dernières années.
À ce chapitre, le timing est bon pour l’Armada.
Chez Nissan, on nous a confié, à mot couvert, qu’on serait bien heureux si la nouvelle mouture permettait aux ventes de se multiplier par deux.
Continuité
Comparé à l’ancien modèle, le Nissan Armada 2017 est porteur d’améliorations susceptibles de lui permettre l’atteinte de cet objectif… à court terme. Pour la longue route, rien n’est moins sûr.
Le produit est évolutif, non révolutionnaire. Sa conception date déjà; il va vieillir rapidement.
Son style, copié sur celui du Patrol et du QX80, lui confère une allure de déjà vu. Il aurait été intéressant d’y aller avec quelque chose de différent et de plus agressif, à la sauce Murano, tiens.
À bord, tout est fonctionnel, mais la présentation n’apporte rien de nouveau. L’ordinateur de bord, pour un, est celui qu’on retrouve depuis des années dans les produits Infiniti. Il en va de même pour le système de navigation et l’interface multimédia. L’ironie, c’est que lors du programme où on nous a présenté l’Armada, le Pathfinder, partiellement revu pour 2017, nous proposait une nouvelle interface. L’inviter à bord d’un produit revu pour la première fois en 13 ans aurait été la moindre des choses. Décevant.
Même les commutateurs présents à la console centrale sont de vieilles connaissances.
Nissan exige 63 498 $ pour la version SL, 69 998 $ pour la Platinum.
L’objectif de conserver le prix sous les 70 000 $ pourrait expliquer certaines décisions prises lors du « renouvellement » de ce produit.
De meilleurs coups
Heureusement, Nissan a investi ailleurs. Le moteur, principalement, profite d’améliorations technologiques qui devraient permettre aux propriétaires d’espacer, un tant soit peu, les visites à la pompe. L’injection directe de carburant, de même qu’un système qui refroidit les liquides plus rapidement pour une efficience plus prompte, est au nombre des améliorations. L’Armada profite aussi de la nouvelle boîte automatique à sept rapports du constructeur, un changement des plus bénéfiques aidant à la réduction de la consommation.
Nous aimerions bien vous confirmer le tout, mais au moment du lancement, Nissan était toujours en attente des données officielles à ce chapitre. Lors de notre premier contact avec le véhicule, il a été difficile de voir une différence. Notre moyenne jouait autour des 15 milles au gallon, soit 15,7 litres aux cent kilomètres.
Plus robuste… et plus doux
L’autre changement qui sera notable aux utilisateurs concerne le châssis. La présence d’une suspension pneumatique à l’arrière, combinée à celle de coussinets hydrauliques logés entre le châssis et la carrosserie, contribue à rendre l’expérience plus douce derrière le volant. En fait, on a parfois l’impression de piloter un VUS profitant d’une structure monocoque. Lorsque le pavé se dégrade, cependant, on retrouve les racines d’un vrai camion, mais ce n’est rien de comparable à ce que le modèle d’ancienne génération proposait.
Pour la capacité de remorquage, Nissan agit en chef de file. On peut arrimer jusqu’à 8200 livres à l’arrière sans craindre de taxer plus qu’il ne le faut l’Armada. Le V8 de 5,6 litres en offre plus qu’avant en matière de puissance, soit 390 chevaux et 394 livres-pieds de couple. C’est cinq chevaux supplémentaires, mais surtout, 77 livres-pieds de couple de plus qu’auparavant.
Hors route, ceux qui oseront tester leur Armada découvriront un baroudeur capable d’en prendre. Le système à quatre roues motrices permet tous les ajustements nécessaires visant à mater les obstacles rencontrés.
Enfin, pour résumer l’expérience au volant, il faut souligner que la douceur domine. Une direction plus précise et plus communicative serait certes appréciée, de même que des baquets plus enveloppants, mais pour le reste, c’est concluant pour ce type de véhicule.
Conclusion
Si vous êtes à la recherche d’un VUS offrant de l’espace à revendre, une capacité de remorquage titanesque et un bon historique de fiabilité, l’Armada doit figurer sur votre liste d’achat. Cependant, pour un véhicule qui se présente nouveau après 13 ans sur le marché, il ne fait pas un grand pas en avant.
Tout ça laisse sur l’appétit. L’impression de nouveauté n’y est pas. Dans les faits, on nous avance un véhicule qui a été conçu pour l’année 2010.
Le problème, c’est que 2017 frappe à notre porte.