Mercedes-Benz a lancé son offensive en matière de véhicules électriques. Ç’a pris du temps, beaucoup même, mais la gamme EQ commence à prendre de l’ampleur. Après la berline EQS, c’est au tour de l’EQS VUS de se pointer le bout de la calandre en 2023. C’est sept ans bien sonnés après son principal concurrent, le Tesla Model X. A-t-il ce qu’il faut pour s’en prendre de front au sacro-saint Model X? C’est ce que j’ai déterminé après une semaine derrière son volant.
Congédiez Gordon Wagener SVP
Depuis la prise de contrôle du Centre de design par Gordon Wagener, je n’aime pas la direction stylistique de Mercedes-Benz, et l’EQS VUS ne fait pas exception. L’affiliation avec la berline est forte en général. L’avant est plus massif et mieux réussi que celui de la berline, il n’y a pas de doute. En revanche, l’intégration des puissants blocs optiques à DEL, directionnels et matriciels, dans la grande plaque de plastique, manque de personnalité. De plus, l’ajout de la bande de DEL au sommet de la calandre donne une allure un peu « kitsch » au produit. Pour distinguer la version 580 de la 450, il faut regarder le pare-chocs avant qui adopte des bavettes dynamiques à la AMG avec des accents de noir lustré.
De profil, ça se gâte. Tout en rondeurs, l’EQS VUS affiche des airs de fourgonnette dans le style des Dodge Caravan 1996 avec leurs lignes joufflues un peu bonbon. Le chrome s’invite en abondance à la ceinture de fenestration, pour un Mercedes-Benz, ça fonctionne. Même appréciation pour les appliques de plastique noir en bas de caisse et autour des arches de roues. Le modèle à l’essai était équipé de jantes AMG pleines de 21 pouces avec des éléments de plastique qui favorisent l’aérodynamisme. Je ne suis pas encore certain d’apprécier le coup d’œil. Deux autres designs plus conservateurs sont livrables pour les roues.
En se déplaçant vers l’arrière, l’équipe de design a intégralement récupéré le feu unique transversal de la berline. Tout en DEL, il inclut les serpentins tridimensionnels aux extrémités ; l’effet spectaculaire est réussi. Pour enlever l’effet de hauteur, le pare-chocs intègre une pièce noir lustré avec une applique de chrome. Étonnamment, la configuration de cette applique suggère des pots d’échappement! La finition et l’ajustement des panneaux sont à la hauteur de la réputation de la marque, mais je dois mentionner la disgracieuse pelure d’orange de la peinture.
Haute couture et hautes technologies
Il y a quelque temps, on pouvait se demander ce qui distinguait réellement une marque généraliste d’une marque de prestige en matière d’équipement et de finition. Avec l’EQS VUS, la réponse arrive très vite puisqu’on plonge dans un univers futuriste, technologique et méticuleusement fini.
Au premier coup d’œil, nous avons été impressionnés par la planche de bord « Hyperscreen » constitué d’une applique de verre de 56 pouces. Cette dernière regroupe 3 écrans : l’instrumentation, le système multimédia et un autre devant le passager. À mon avis, Mercedes-Benz a la programmation et le design graphique étalon-or de l’industrie. Le système à 0 couche est d’une grande simplicité à utiliser tout en présentant une vaste collection de menus qui fournissent tous autant de données et d’information. À cela s’ajoutent les possibilités de personnalisation de même que l’impact des divers modes quant au style. Le modèle à l’essai comportait l’affichage tête haute (3 100 $) ultra complet et facile à consulter avec les directions en réalité augmentée. Un autre spectacle se produit le soir avec l’éclairage d’ambiance aux 64 options de couleurs. Bien qu’impressionnante, cette planche de bord a un défaut : elle est intimidante, presque intrusive malgré la taille du véhicule.
Le confort des assises se confirme avec la multitude de réglages dans toutes les directions. On peut jouer avec les divers appuis aux fesses et aux lombaires. Sans surprise, ils climatisent, chauffent et massent. La visibilité est correcte vers l’avant et vers l’arrière. Cependant, du côté de la lunette, c’est passablement plus limité, même chose aux trois quarts arrière avec les panneaux des larges custodes.
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À l’arrière, je suis resté sur mon appétit. L’ouverture est généreuse, mais, dans le cas présent, compromise par l’option des 2 écrans multimédia (5 000 $) sur trépied dans les dossiers. Ces derniers sont trop proéminents et trop près du visage pour ne pas se sentir agressés. J’éviterais cette option. Autrement, les dégagements sont amples. Toutefois, je trouve étrange qu’on n’ait pas plus de possibilités de réglages pour en augmenter le confort malgré la présence d’une autre option d’équipement à 4 500 $ (appuis-tête de luxe, accoudoir central, sièges multicontours, climatisation individuelle, tablette MBUX, etc. ) dans le véhicule. Fait intéressant, il est aussi possible d’avoir une troisième rangée de sièges pour la somme de 2 400 $. Comme on est dans une configuration à 5 places, le volume du coffre va de 645 à 2 100 litres. C’est volumineux, mais il fait 200 litres de mois que le Tesla Model X à 5 places. Notez qu’il n’y a pas de coffre à l’avant (frunk) dans l’EQS VUS.
Base commune
EVA (Electric Vehicle Architecture), c’est le nom de la plateforme sur laquelle l’EQS VUS est construit. D’ailleurs, c’est aussi le cas de la berline et de la gamme EQE qui arrivera au cours de l’année. Ici, on retrouve une batterie d’une capacité utilisable de 108,4 kilowattheures, l’une des imposantes de l’industrie en ce moment. Le chargeur embarqué va jusqu’à 9,6 kilowatts, alors que, dans une borne de niveau 3, on pourra aller jusqu’à 200 kilowatts.
Les moteurs synchrones à excitation permanente, au nombre de deux, totalisent dans la version 580 une puissance de 400 kilowatts (536 chevaux) et un couple de 633 livres-pieds. Inutile d’insister sur le fait que la puissance est au rendez-vous. Toutefois, puisqu’on est dans une nouvelle ère de Mercedes-Benz, ce n’est jamais violent, même sur le mode « Sport ». Le tout demeure voluptueux mais ferme et saisissant en prise de vitesse. Le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure annoncé se boucle d’ailleurs en 4,8 secondes. La consommation m’a surpris, mais pas dans le bon sens. J’ai obtenu une moyenne de 34,4 kilowattheures/100 kilomètres durant ma semaine d’essai. Cela correspond à une autonomie projetée de 315 kilomètres contre les 459 annoncés par Mercedes-Benz dans les conditions idéales. Les températures ont oscillé entre -5 et 5 degrés.
Le dynamisme de conduite est toujours en retrait. Mercedes-Benz revient à ses anciennes amours en offrant, plus que jamais, une conduite aseptisée avec comme seule mission un confort absolu. La direction est toujours d’une grande précision mais sans communication. L’apport des roues arrière directionnelles confère à ce grand VUS une grande agilité en toute situation. Le fait qu’on retrouve des suspensions à bras multiples, adaptatives et pneumatiques orientées vers le confort donne l’impression de flotter sur la route. L’EQS VUS est l’utilitaire le plus confortable que j’ai conduit sur la route. Pour vous donner une idée, la semaine suivante, j’étais au volant d’un Land Rover Range Rover ; j’avais l’impression de conduire un « truck ». La technologie de freinage régénératif permet de récupérer jusqu’à un maximum de 290 kilowatts, mais il est impossible de freiner complètement en utilisant la conduite à une pédale. C’est une grave erreur de Mercedes-Benz de ne pas l’offrir. Espérons qu’une mise à jour corrigera cette lacune.
Conclusion
Avec l’EQS VUS, j’ai découvert un autre produit Mercedes-Benz qui délaisse la sportivité et le dynamisme de conduite au profit de ce qui a fait la réputation du constructeur : un confort suprême. Peut-être que la version AMG viendra pimenter le tout, mais si je me fie à mon essai de la berline EQS AMG, la variation sera mineure autrement qu’à la puissance brute. Il n’en demeure pas moins que l’EQS VUS est un véritable produit Mercedes-Benz qui affiche une exceptionnelle qualité de construction et de matériaux.
Comme conducteur, j’ai conduit le véhicule sans vraiment y prendre plaisir, mais toutes les personnes qui ont pris place à bord du véhicule durant mon essai étaient estomaquées par son luxe et sa puissance. Bonne chose qu’il impressionne, car le prix de base du 580 est de 158 500 $. Ma version à l’essai, avec toutes ses options était plus de 178 600$ $. Bien qu’on obtienne une qualité de fabrication nettement supérieure, mon EQS VUS n’était qu’à 5 000$ d’un Tesla Model X Plaid (183 600 $) qui lui développe plus de 1 000 chevaux et une technologie électrique reconnue. Évidemment, comme l’EQS VUS est une vitrine technologique, on laisse le véhicule en évaluation le temps qu’il vieillisse pour voir comment sa fiabilité se dessine avant de le recommander.