Je n’ai jamais été fan des produits d’entrée de gamme de Mercedes-Benz. Je pense au GLA, CLA, Classe A et même certaines déclinaisons de GLB. Je trouve qu’ils n’apportent rien de particulièrement intéressant aux segments auxquels ils collaborent, tout en manquant de perpétuer ce qui a fait de Mercedes-Benz l’entreprise qu’elle est aujourd’hui.
Dans un même ordre d’idée, même le rendement mécanique des plus récentes « 300 » du constructeur m’a laissé sur ma faim. Je pense aux C 300 et GLC 300 qui tentent, tant bien que mal, de conserver leurs acquis dans ces catégories populaires des véhicules compacts de luxe. Hélas, ils manquent la cible, à mon avis.
La bonne nouvelle, cependant, c’est que certains autres modèles de Mercedes-Benz n’ont pas perdu de vue ce qui a forgé l’identité de la marque au fil du temps. Et c’est particulièrement ce que j’ai observé en faisant l’essai de la nouvelle génération de la Mercedes-Benz Classe E 2024.
La flamboyance, parfois à l’excès
Dès que je suis entré dans ma cour avec la Mercedes-Benz E 450 4MATIC, des gens de mon entourage m’ont dit qu’elle avait des airs de « char de vieux ». Voilà un commentaire peu flatteur, qui se veut néanmoins un condensé de ce que la voiture dégage.
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Premièrement, c’est une vraie berline. De plus, le passage à la nouvelle génération ne change pas les proportions de la carrosserie : le capot est long, tout comme le coffre qui semble fondre vers l’arrière. Les lignes discrètes dans les ailes avant et arrière ajoutent un peu de caractère, tout comme les superbes jantes de 20 pouces, optionnelles. C’est discret, mais c’est aussi un type de carrosserie qui est maintenant rare sur le marché, ce qui donne surement l’impression qu’elle appartient à un temps qui est maintenant révolu.
Deuxièmement, l’omniprésence du chrome ajoute du classicisme, voire un côté sénior. Il y en a autour et en plein centre de la calandre, laquelle a été repensée pour la nouvelle génération. Elle est maintenant un peu plus grosse, éclairée le soir venu et comprend des étoiles Mercedes-Benz à outrance. Elle est bordée en plus par une garniture de plastique noir, qui jointe les phares, par ailleurs très performants. Le chrome est aussi présent dans le bas du pare-chocs, autour des fenêtres, dans le bas de la carrosserie, sur les poignées et à l’arrière, sur le coffre.
Troisièmement, sa couleur vert argenté métallisé est rarement utilisée dans l’univers automobile. Pour plusieurs, elle fait penser à un Ford Taurus des années 90, ce qui est loin d’être un compliment.
Pour ma part, je trouve que le style est complètement réussi, tout comme la couleur. Oui, le chrome est peut-être un peu trop présent, mais je salue le fait que le constructeur tienne mordicus à la berline sous cette forme et qu’il la fait évoluer au fil du temps. Si rien de tout ça ne vous parle, il y en a 10 autres couleurs disponibles et l’ensemble Nuit qui enlève environ la moitié du chrome.
Le spectacle à bord
Toutes les Classe E sont munies d’un environnement entièrement numérique, composé d’une part d’une instrumentation de 12,3 pouces d’une excellente qualité graphique, avec plusieurs possibilités de personnalisation. C’est carrément un sans-faute à ce sujet autant pour la lisibilité que la fonctionnalité. L’affichage tête-haute est aussi d’une bonne dimension et entièrement personnalisable, via l’écran d’instrumentation et les boutons du volant qui fonctionnent de manière tactile, mais qui demandent une bonne période d’adaptation.
L’écran central de la version essayée, d’une taille de 14,4 pouces, fait partie d’un ensemble d’options nommé « Superécran MBUX » (1600 $) qui ajoute un tableau de bord entièrement recouvert de verre, avec écran de 12,3 pouces devant le passager. L’ensemble est superbement intégré et est nettement moins intrusif en hauteur que l’écran « Hyperscreen » qu’on retrouve dans les grandes berlines de la marque. En revanche, je manquais d’espace pour mon genou droit qui se frottait constamment contre la partie basse du tableau de bord. De plus, même si la finition est, de manière générale très bonne, il y avait un mauvais alignement entre la porte du passager et le tableau de bord, un détail carrément inacceptable pour une telle voiture.
L’ergonomie de l’écran central est bonne, étant placé juste au bon endroit pour être facile d’accès, tandis que l’interface de type « zéro couche » avec les tuiles qui se superposent sur l’écran principal est facile à maitriser.
Les bouches de ventilation sont dissimulées élégamment dans une applique de plastique qui traverse le tableau de bord de part en part et qui descend vers les portières. Tout l’habitacle est parsemé d’éclairage d’ambiance particulièrement bien intégré et dont les couleurs sont presque infiniment variables, contrôlables par l’entremise de l’écran central. L’éclairage peut battre au rythme de la musique jouée par l’excellente chaine Burmester 4D, avec haut-parleurs dans le siège, ou s’animer quand vous modifiez les réglages de la température, selon vos désirs. Évidemment, ça peut devenir rapidement kitsch en fonction de la couleur que vous choisissez ou de l’intensité de l’éclairage, mais vous pouvez aussi le régler de manière à créer une ambiance feutrée.
Quelques mots sur le confort des sièges, réglables de multiples manières en raison de la présence de l’ensemble Sièges Multicontours, qui comprend une fonction de massage de même que des accoudoirs chauffants. Ils sont douillets et bien finis, et assurent une position de conduite idéale.
L’espace aux places arrière est plutôt limité, malgré la taille de la berline. Pour les jambes, ça demeure correct, mais pour la tête et les pieds, c’est plus limité. Au moins, le confort de la banquette est bien réel. L’espace cargo déçoit, avec seulement 360 litres, même si des crochets convivialement placés aident avec les sacs d’épicerie.
Deux versions actuellement
Mercedes-Benz a l’habitude de multiplier les versions, mais elle le fait progressivement. C’est pourquoi, pour 2024, seules deux versions sont proposées. La E 350 arrive avec son 4-cylindres de 255 chevaux, alors que la plus intéressante des deux, la E 450 (à l’essai), propose plutôt un 6-cylindres en ligne d’une cylindrée de 3,0 litres, équipé d’un turbocompresseur et d’une assistance électrique à 48 volts. La puissance thermique atteint 375 chevaux, tandis que le couple est à 369 lb-pi. Cet engin est accouplé à une boîte automatique à neuf rapports 9G-TRONIC et au rouage intégral 4MATIC.
La livraison de la puissance est carrément somptueuse. La douceur du 6-cylindres, en plus de la souplesse et de la fluidité de la transmission automatique à 9 rapports, sont réellement des éléments forts de cette mécanique. La puissance d’accélération est sans-effort et les changements de rapports sont à peine perceptibles.
Il y a sans doute une partie de cette douceur qui provient de la technologie 48 volts, qui permet d’adoucir les changements de rapports avec ses 21 chevaux et ses 151 lb-pi de couple supplémentaires, Stout en éteignant et redémarrant le moteur de manière imperceptible en ville, ou même sur la route quand on sélectionne le mode Eco.
La cerise sur le gâteau : après 700 kilomètres de route, comprenant une alternance entre les différents modes de conduite et un aller-retour à Québec, j’ai fini avec une moyenne de 7,4 litres/100 km, ce qui est franchement impressionnant pour une berline avec une telle puissance.
Le confort avant tout
J’ai été surpris par l’absence de mode de conduite brutal. Il y a bien un mode Sport, mais qui ne fait que vivifier un peu la mécanique, sans la transformer, et raffermir la direction. Même la suspension n’est pas adaptative ni pneumatique, sur la version à l’essai.
Elle est néanmoins calibrée avec beaucoup de doigté pour aplanir la route. On dirait presque qu’on est sur un tapis volant tant elle est douce. La conséquence est un confort presque suprême, idéal pour parcourir la province et ses routes tiers-mondistes. Forcément, le fait qu’elle soit assez molle anéantit toute envie de brasser la machine, mais si vous le faites, la voiture demeure étonnamment contrôlable. Sans parler du silence de roulement, particulièrement de la version à l’essai qui est munie de verre acoustique.
Une vraie Mercedes-Benz
J’estime que la E 450 est exactement là où elle devrait se trouver. Une berline, une vraie, qui mise sur le confort comme l’a fait Mercedes-Benz au fil des années. Tout est calibré avec justesse pour rendre l’expérience à bord, et sur la route, des plus agréables, comme je m’attends d’une telle voiture.
La facture, quant à elle, est aussi très Mercedes-Benz. Je parle d’options ajoutées depuis le début du texte, et ça a une incidence sur le prix, qui monte à 101 860 $. Ce prix est en plus propulsé vers le haut par les frais de transport et de préparation, qui peuvent atteindre 4835 $ en fonction de la concession. Ouch!
Pour finir, j’estime qu’il manque une déclinaison familiale, ou à tout le moins All-Terrain, au Canada. Je sais que le constructeur l’a éliminée par manque de ventes, mais un rendement général aussi bon ne serait qu’amélioré avec une voiture plus pratique.
Comme la Mercedes-Benz de Classe E est typiquement problématique lors de ses premières années après un renouvèlement de génération, nous vous conseillons de vous abstenir de l’acheter pour l’instant. Nous la maintenons « en évaluation ».
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