La Mercedes-Benz SL est une sportive de grand tourisme dont les racines remontent aux années 1950 avec la toute première 300SL. Dérivée d’une voiture de course, elle était à l’origine axée sur la sportivité et les performances. Toutefois, quelque part durant son évolution, elle a perdu ces qualités, elle est devenue de plus en plus molasse, grosse, lourde et axée sur le confort. Jusqu’à tout récemment, on associait une SL à un couple de snowbirds bien nantis qui veut se rendre confortablement à sa résidence secondaire en Floride.
Avec ce modèle de 7e génération, Mercedes-Benz dit vouloir enrayer cette réputation et revenir à la source. Selon ses dires, cette SL, maintenant commercialisée exclusivement à titre de modèle AMG, met à nouveau l’accent sur les performances et la sportivité. Étant donné que mon collègue Luc-Olivier l’avait conduite dans le cadre de son lancement en 2022 et qu’il affirmait que, en effet, la SL est redevenue une sportive de haut calibre, j’ai cru bon la découvrir à mon tour afin de confirmer le tout.
Quoi de mieux qu’une balade sur l’iconique California Route 1 dans le cadre du glorieux événement Monterey Car Week de Pebble Beach pour la mettre à l’essai?

Une galette qui coûte cher
Actuellement chez Mercedes-Benz, le style des véhicules est discutable. On doit blâmer la vision stylistique de Gorden Wagener pour l’identité artistique du constructeur. La SL suit donc les traces de ses frères et sœurs en incorporant l’énorme grille de calandre Panamericana et les minces phares à DEL qui rappellent un félin sur le point d’attaquer sa proie. Ça suit la thématique de l’arrondie afin de conférer à l’auto une allure plus profilée et aérodynamique.
Cela fonctionne-t-il pour une SL? À l’avant et de profil, oui, où cet imposant cabriolet, désormais équipé d’une deuxième rangée de sièges, respire le luxe et la performance. Toutefois, quand on regarde une SL de derrière, ses très minces feux semblent se perdre dans son imposante partie arrière arrondie. Ça donne l’impression que l’auto a de trop grosses fesses. Je ne pouvais m’empêcher de la comparer à une grosse galette aplatie.
Évidemment, une SL vient habituellement avec une facture salée. Ç’a toujours été le cas, mais cette fois, Mercedes-AMG pousse la donne encore plus loin. Elle commence à un peu plus de 218 000 $ y compris tous les frais, sans compter les coûteuses options et la taxe sur les véhicules de luxe.

Cockpit de roi
La mission de la SL a toujours été de transporter deux occupants dans un confort exquis à ciel ouvert. À ce compte, cette dernière mouture ne déçoit pas.
Dès qu’on se glisse dans ses gros sièges sport, on remarque un excellent soutien lombaire et un excellent maintien latéral, agrémenté de fonctions chauffantes, refroidissantes, vibromassantes et, même, d’un « foulard » de chaleur (l’AIRSCARF) qui permet d’apprécier le toit décapoté lors des journées plus fraîches. Ce siège réagit durant les virages grâce à une fonction de maintien actif pour préserver le confort même durant la conduite sportive.
La qualité de construction, fidèle aux produits du constructeur, ne déçoit pas, et tout est présenté d’une élégante sobriété comme seules les marques allemandes savent le faire. Les finitions en fibre de carbone de mon exemplaire avaient une apparence véritable, tandis que les buses d’aération chromées en forme de turbine sont une touche de style que j’adore. Je reproche toutefois l’emploi de plastique noir lustré sur la console centrale, inacceptable pour un bolide de ce prix.

Ensuite vient la tablette numérique de 11,9 pouces, inclinable électroniquement. Elle incorpore la plus récente version de l’interface multimédia MBUX du constructeur. En général, ce système est attrayant en raison de son excellente qualité graphique et de sa rapidité d’exécution. La carte de navigation demeure sa plus belle qualité, car elle est, par moments, encore plus conviviale et agréable à utiliser que Google Maps.
Ce système se révèle toutefois complexe, surtout quand vient le temps de configurer certains réglages, l’intensité de l’éclairage ambiant, notamment. Le fait de devoir passer par le système pour décapoter l’auto est à mes yeux un non-sens. Cette fonction aurait mérité une commande physique.
Au sujet de ses nouvelles places arrière qui ne servent à toutes fins utiles qu’à accueillir de jeunes enfants, je trouve qu’il s’agit d’un sacrilège de les offrir de série dans une SL, historiquement reconnue comme étant un véritable biplace (à l’exception de la R129 des années 1990).

Seule la 63 pour le Canada
Au moment d’écrire ces lignes, seule l’AMG 63 était commercialisée chez nous. C’est la plus puissante de la gamme grâce à son V8 biturbo de 4 litres dont la puissance fait 577 chevaux, et le couple, 590 livres-pieds. Ce moteur est ensuite jumelé à une boîte de vitesses automatique à 9 rapports ainsi qu’au rouage intégral 4MATIC+ du constructeur agrémenté des 4 roues directionnelles. Ce système permet au véhicule de désengager le train avant au besoin afin de conférer à l’auto une dynamique de conduite plus pointue.
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Tant de vaisselle fait inévitablement grimper la masse nette. En effet, la SL63 est très lourde et affiche un poids de 1 953 kilos (4 305 livres). C’est plus lourd que le VUS GLC (1 890 kilos/4 167 livres).

À la chasse des Porsche 911
Mon trajet s’est déroulé entre Pebble Beach et Big Sur, un endroit très populaire durant les événements qui entourent le Monterey Car Week. Sur cette magistrale route qui sillonne l’océan Pacifique à flanc de falaise, la vue est à couper le souffle, l’asphalte est impeccable, et les voitures sport sont nombreuses. Il s’agissait donc du terrain de jeu parfait pour explorer les performances de la SL.
Certes, la présence policière sur cette route est forte, mais la conduite sportive demeure tolérée à condition de respecter les limites de vitesse. J’en ai donc profité pour régler la bête dans son mode le plus véloce, le mode Race. Son volant s’est alourdi, ses amortisseurs se sont raffermis, et l’échappement s’est mis à relâcher de charismatiques pétarades.
Les accélérations de cette SL sont ahurissantes. Amplifiée par l’absence d’un toit, l’expérience est viscérale au point de se sentir au volant d’une supervoiture. Le V8, quant à lui, ne déçoit jamais. Toujours puissant, il délivre une quantité généreuse de couple, il nous fait rapidement oublier l’excès de gras pendant qu’on déguste sa sonorité distincte. La boîte de vitesses automatique, quant à elle, est toujours prête à joindre la parade quand on la sollicite.

Parlant de ne jamais se rendre compte du poids, c’est en suivant un convoi de Porsche 911 GT3 que la SL63 m’a vraiment impressionné. Face à ces agiles sportives, mon gros cabriolet s’est révélé tout un athlète. Il m’a permis d’attaquer les multiples virages avec férocité. Pendant ce temps, ses gros freins s’assuraient constamment de maîtriser le bolide, tandis que moi, assis confortablement dans son habitacle de président, je me faisais agréablement chauffer la nuque contre le doux vent de la côte ouest.
À la fin de notre petite séance, le propriétaire de l’une des GT3 s’est assuré de me balancer un pouce en l’air, une confirmation que cette grosse sait finalement danser comme une véritable sportive. La consommation de carburant, quant à elle, s’affichait à une moyenne de 17,2 litres/100 kilomètres. Bon, j’avoue que j’avais le pied pesant!

La continuité d’une icône
Comme la Porsche 911, la Mercedes-Benz SL est une icône pour la marque, un modèle qui retient toute l’âme du constructeur comme une colonne vertébrale. Et à ce compte, en tentant de revenir à ses racines, Mercedes-AMG a claqué un coup de circuit. C’est exactement ce genre d’équilibre entre la sportivité et le confort qu’on s’attend d’une SL.
En raison de sa faible diffusion sur le marché et du fait qu’il s’agit d’un produit de grand luxe, RPM préfère ne pas se prononcer sur une recommandation.
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