Le MKX n’est plus, vive le Nautilus, un hommage à Jules Verne et à l’aventure épique non pas sous les mers, mais bien sur la route! Plus que jamais, Lincoln tente de reprendre ses lettres de noblesse oubliées depuis trop longtemps. On n’y est pas encore tout à fait, mais la progression est réelle et dans la bonne direction.
Je ne peux pas le cacher, j’aime la direction stylistique de Lincoln depuis l’avènement de la Continental en 2017. J’ai eu beau critiquer le fait que la Conti ressemble beaucoup à une Bentley Flying Spur, il n’en demeure pas moins que c’est efficace. L’idée de la grande calandre chromée et des projecteurs en amande profilée marche bien pour tous les produits de la gamme et le Nautilus ne fait pas exception. D’ailleurs, l’essentiel des modifications de son passage de MKX à Nautilus se manifeste dans cette conversion de l’ancien vers le nouveau design.
De profil, les changements sont minimalistes et c’est parfait comme ça. Depuis l’arrivée du MKX en 2016, j’adore les « épaules » et les « hanches » bien définies du véhicule. Avec le Nautilus, on obtient même une applique décorative à la jonction de l’aile avant et de la portière. Cela lui donne un aspect chic sans tomber dans le bling-bling. Que dire aussi des jantes qui reprennent presque toute la thématique d’une turbine, encore une fois c’est réussi. Pour l’arrière, en 2019, on ne fait que reconfigurer la structure interne des feux et lesquels ont une lentille claire. Le soir, ce Lincoln a une signature visuelle distinctive avec sa grande bande lumineuse transversale. La qualité de ma peinture Blanc platine à 700 $ était très bonne tout comme l’assemblage. Ce n’est pas au niveau des Allemands, mais ça se compare avantageusement à Cadillac, Lexus ou encore Acura.
Cliquez sur Vie à bord pour la suite de l'essai.
Le Nautilus date de l’époque précédant la Continental et ça se voit. On ne retrouve pas le même esprit que dans les produits les plus récents de la marque à l’étoile. Dans le Nautilus, on garde sensiblement la présentation du MKX. On la modernise, mais on dirait toujours une version haut de gamme d’un Ford. Considérant la grande compétitivité de la catégorie, j’ai besoin de plus que des boiseries véritables et du cuir de bonne facture pour me convaincre. Je veux avoir la sensation d’être spécial, une approche unique me semble nécessaire. F
Un des points que je dois mentionner en priorité : les sièges. Ayant les Active Motion, des sièges en option pour 1 600 $, on s’assoit sur un véritable trône de confort. Il n’y a rien (ou presque) qu’ils ne peuvent pas faire pour contribuer à votre bien-être en roulant. La-Z-Boy peut en apprendre tant ils impressionnent. En cochant presque toutes les options (environ 6 500 $) comme sur mon modèle à l’essai, on se retrouve avec un produit fardé d’équipements, d’aides à la conduite et d’accessoires. À ce chapitre, Lincoln sait y faire. Il ne manquait absolument rien dans mon Nautilus. Fait intéressant, bien qu’il y ait des touches en quantité, la planche de bord demeure ergonomique. Seules les commandes à bouton de la transmission m’intriguent toujours. C’est comme dans le temps, dirait mon père. L’instrumentation est entièrement numérique, mais on ne peut pas vraiment jouer avec les graphiques, ils sont statiques... Comme pour tous les constructeurs avec cette technologie, Lincoln avait pourtant ici une occasion de se distinguer. Il ne l’a pas fait.
À l’arrière, on obtient d’amples dégagements pour trois personnes de taille moyenne et deux pour des adultes. Là aussi, le confort est digne de mention. On jouit d’ajustements qui optimisent la posture.
Le coffre impressionne avec un volume de 1 053 ou 1 948 litres selon la position du dossier de la banquette. Comme toujours, j’aime bien comparer avec la concurrence. Le Cadillac XT5 engloutit 849 ou 1 784 litres alors que pour le Lexus RX, c’est 694 ou 1 580 litres.
Cliquez sur Technique pour la suite de l'essai.
Si à l’extérieur et à l’intérieur le Nautilus parvient presque à cacher ses origines Ford, ce n’est plus le cas lorsque l’on s’attarde aux composantes techniques. En fait, on peut se le dire, c’est un simple Ford Edge. Il partage la plate-forme, les deux choix de mécaniques, la transmission et le rouage. À l’ouverture de la gamme, Lincoln adopte l’approche de la réduction de la cylindrée avec un quatre cylindres de 2,0 litres turbocompressé d’une puissance de 250 chevaux et 280 lb-pi de couple. Cette mécanique se retrouve d’ailleurs dans le tout nouveau Lincoln Corsair 2020. Dans le cas de mon véhicule d’essai, j’ai eu droit au V6 EcoBoost de 2,7 litres turbocompressé de 335 chevaux avec un couple impressionnant de 380 lb-pi. Il vous dit quelque chose ? C’est normal, c’est le bloc que l’on voit aussi dans le F-150 et dans le Edge ST. Même utilisé à toutes les sauces, je considère que c’est un excellent moteur, un des meilleurs que Ford a fait depuis des années. Toute sa magie passe la générosité de son couple. Il pousse sans bon sang ! La transmission à 8 rapports aseptise un peu son rendement en favorisant le confort et une consommation de carburant plus raisonnable.
À basse vitesse, on remarque assez fréquemment des à-coups, elle se cherche. Par contre, en mode S (pour Sport), elle donne vie à la mécanique d’une manière plus intéressante et plus incisive. Toutes les versions canadiennes viennent avec un rouage intégral réactif très compétent. Honnêtement sur le plan technique, même s’il n’y a rien qui lui soit exclusif, le Nautilus se débrouille très bien.
Cliquez sur Au volant pour la suite de l'essai.
Lincoln est Américain et l’assume complètement. Cela se traduit par une conduite très aseptisée qui nous donne l’impression de flotter sur la route. L’approche diffère des Allemands et même de Cadillac. Elle s’apparente plutôt à Acura ou Lexus. Avec la souplesse relative de ses suspensions, le Nautilus nous isole de la route. Ces dernières ne sont en rien molasses ou mauvaises, cependant elles absorbent toutes les aspérités. En virage, le véhicule demeure très stable, sans toutefois inviter à la sportivité. Même sensation pour la direction. Par contre, elle m’a paru un peu trop assistée pour avoir une forme d’agrément de conduite.
On doit voir ce Lincoln comme un grand salon roulant extrêmement confortable, et c’est ce qu’il est. Je dois souligner que j’ai aimé la qualité de la calibration du rouage intégral. Dans 30 centimètres de neige folle, on désactive le système de stabilité et d’antidérapage : voilà qu’il s’amuse. J’ai très bien senti les roues mordre et m’éviter un empêtrement.
Cliquez sur Conclusion pour la suite de l'essai.
En 2016, lors de la présentation et de l’essai du MKX, je me souviens m’être dit que la prochaine fois serait la bonne. Lincoln serait enfin en mesure de s’attaquer aux grands. Force est d’admettre que le Nautilus est une évolution du MKX, pas une nouvelle génération. Malgré la mise à jour, mon opinion demeure. C’est un produit qui affronte adéquatement des véhicules de luxe (pas de prestige). Par contre, telle une fuite d’eau dans le Nautilus de Verne, le Nautilus de Lincoln peine à démontrer une fiabilité digne de ce nom et une valeur de revente décente. Pour ces deux raisons, selon nous, il ne représente pas un bon achat pour le consommateur.