L’écart entre Lexus et les bagnoles allemandes a toujours été, mais pour 2020, le fossé est encore plus grand avec le renouvellement des Q7, X5 et GLE. Pour le millésime 2020, Lexus avait une occasion de mettre les pendules à l’heure, mais il se limite à quelques changements superficiels. Dans ce segment, ça prend plus que la logique de la fiabilité, on veut un peu de passion.
Le RX arrive en milieu de vie. Pour 2020, Lexus lui donne un petit coup de pinceau dans la plus grande discrétion. Les améliorations brillent (trop) de subtilité. Nécessairement, on doit porter une attention particulière pour voir les différences, et ce, même dans la version F-Sport à l’essai. L’essentiel s’observe dans la configuration du pare-chocs qui perd quelques angles. La base de la calandre ne rejoint plus le bas de caisse fermant ainsi la structure. Pour meubler l’espace, les designers ont ajouté de fausses prises d’air en plastique noir. Les phares sont plus affinés pointant à la perfection vers le centre. Comme toujours, depuis l’utilisation du langage L-Finesse, on retrouve les pointes crochetées en DEL caractéristiques de Lexus dans les phares. Les jantes du modèle lancé en 2016 ont été conservées. Pour l’arrière, la seule véritable différence vient de la configuration de la structure interne des feux. Ils adoptent maintenant les 3 fines bandes de DEL que l’on voit sur presque tous les véhicules de la gamme.
De manière plus critique, le design général du RX, qu’il soit hybride ou pas, continue de m’intriguer. Considérant sa vocation familiale et « grand public », je m’explique mal que Lexus ait choisi un style aussi polarisant. Les angles sont trop nombreux et manquent d’harmonie. Même le toit flottant au pilier D n’est pas bien intégré avec la bande de chrome qui le soutient. J’espérais une refonte plus en profondeur, que l’on adoucirait un peu le RX, quelque chose de plus rationnel!
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Lexus sait concevoir de beaux intérieurs et le RX ne fait pas exception. J’aime beaucoup l’approche du constructeur lorsqu’il est question de présentation. La position de conduite ne se prête pas au reproche. On jouit d’une excellente visibilité vers l’avant avec des piliers assez minces qui n’obstruent pas la vue. On se retrouve plutôt haut en raison des limites des réglages électriques du siège. Bonne note pour le confort général de ces derniers. En revanche, considérant qu’il s’agit de la F-Sport, j’aurais aimé des dossiers plus cintrés avec plus de support.
Par contre, tout n’est pas parfait dans l’habitacle du RX. Le volant vient de l’ancienne génération de chez Lexus. On intègre une grande quantité de commandes, mais l’affichage nous fait reculer dans le temps. L’instrumentation offre son lot d’informations et de données. Là encore, la présentation date, mais demeure efficace. Dans mon modèle à l’essai, je jouissais d’un projecteur tête haut très pratique. Malheureusement, ce n’est pas la tendance chez Lexus. Le système multimédia a été amélioré pour 2020 et passe par un écran de 12,3 pouces. Bien que pas tactile, il regroupe une grande quantité d’accessoires. Il se manipule encore par le pavé tactile. Je dois l’admettre, il est moins irritant que précédemment. Ce n’est pas optimal, mais il y a une progression.
Il fait bon vivre à bord du RX. Tous les occupants profitent d’amples dégagements. On peut avoir 5 personnes à bord dans un grand confort. Évidemment, celles sur la banquette arrière n’auront pas droit au même niveau de bien-être qu’à l’avant, mais pour une utilisation familiale, c’est correct. Pratique, le coffre accorde un volume de 695 litres et 1 579 litres une fois le dossier couché. À titre de comparaison, le Mercedes-Benz GLE y va de 630 à 2 010 litres alors que l’Acura MDX joue entre 1 230 et 2 575 litres.
En dépit de ses nombreux atouts, on n’a pas l’impression que le RX est un véhicule de prestige. Il évoque davantage à Toyota très bien équipé. On retrouve trop de plastiques rigides comme dans une Sienna ou un Tacoma. La texture du cuir semi-aniline ne s’apparente aucunement à du cuir nappa ou Connolly. Les boutons et les commandes viennent directement de la quincaillerie Toyota, ils manquent de distinction. Je sais que les deux entreprises évoluent à l’unisson, mais considérant les moyens de Lexus, on devrait vivre quelque chose de spécial dans le RX, or ce n’est pas le cas.
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Lexus est le premier constructeur de luxe à nous avoir offert un VUS avec une motorisation alternative. Reconduit de génération en génération, c’est avec grand plaisir que j’ai essayé la version hybride 450 h. Toyota/Lexus est maître dans l’art de l’hybridation depuis des décennies maintenant. Lexus est toujours cité en exemple, mais la concurrence commence à se mettre au diapason en allant même jusqu’à proposer des hybrides enfichables, l’étape suivante. Avec le RX 2020, bien que la technologie enfichable existe chez Toyota, on lui refuse cette avenue. C’est dommage, car cela aurait été un très bel apport pour un véhicule en milieu de vie. Il n’en demeure pas moins que son hybridation reste un avantage face à bien des concurrents.
Sous le capot, on reconduit intégralement, le V6 de 3,5 litres à cycle Atkinson de 248 chevaux. Accompagnée de ses moteurs électriques, la motorisation développe un total de 308 ch, un peu plus que les 295 ch du RX 350 à moteur thermique conventionnel. Le mariage se consume avec une boîte automatique adaptative de type CVT. Le RX favorise toujours la traction et en cas de besoin, le moteur électrique sur l’essieu arrière propulsera les roues.
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Sur papier, on est en droit de s’attendre à des performances dignes de ce nom, mais dans la réalité, il en est tout autre. On ne ressent aucune « envie » du RX 450 h de jouer de dynamisme ou de puissance. Il s’agit pourtant d’une caractéristique recherchée dans ce segment. Naturellement, dû au fait qu’il s’agit d’un hybride, il préfère jouer la carte de l’économie de carburant et c’est normal. Toutefois, bien que les moteurs électriques aident en tout temps, on sent difficilement leur poussée lors d’une accélération, même modérée. On ressent un effet de couple soutenu si l’on insiste un peu plus sur l’accélérateur. Ajouter à cela que j’ai fréquemment entendu des grognements accompagnés de vibrations provenant du groupe motopropulseur. Je ne sais pas si je deviens capricieux, mais la transition de l’électrique à l’engagement du moteur thermique ne m’a pas semblé particulièrement discrète. On perçoit même un léger contrecoup.
Le RX 450h vient avec des modes de conduite : ECO, Normal, Sport, Sport+ et EV. Il y a une grande différence entre chacun. Les deux premiers optimisent la plus faible consommation de carburant en étouffant complètement la puissance. L’EV permet de rouler sans essence, mais sous de strictes et rares conditions. L’hiver, ce n’est pas une possibilité, la batterie doit avoir un minimum de charge, on doit respecter la vitesse d’une tortue et obligatoirement être sur le plat ou une descente. Pour saisir toute la cavalerie disponible, on doit y aller avec Sport ou Sport+. Dans ces situations, on sent bien l’apport de l’électrification d’un point de vue dynamique. Petite déception, ma moyenne a atteint 10,8 litres/100 km. Considérant que j’ai surtout conduit en ville, le pied léger, j’espérais me retrouver sous les 10 litres/100 km. Normalement, c’est dans ces contextes que le système hybride de Lexus optimise son rendement de consommation.
La conduite et le comportement du RX illustrent à la perfection la réputation de Lexus. On le sait, cette marque de luxe n’est pas reconnue pour offrir une expérience enlevante derrière son volant. C’est le cas avec le RX. La direction nous déconnecte complètement de la route. Elle accorde une bonne précision certes, mais sans sensation ni communication. Les suspensions s’inscrivent dans la même ligne. Considérant qu’il s’agit de la version F-Sport, Lexus aurait tout intérêt à lui donner un peu de sportivité en raffermissant les amortisseurs. Là, rien, on flotte. Oui, le confort de roulement y est, mais encore une fois, dans ce créneau les suspensions adaptatives sont monnaie courante, Lexus ne devrait pas y faire exception. Conséquemment, même si l’on opte pour le mode Sport +, on ne retrouve pas cet esprit dynamique nécessaire à la définition de l’agrément de conduite.
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Le Lexus RX 450h reste une offre intéressante à bien des points de vue, notamment concernant sa fiabilité et sa valeur de revente. Par contre, j’aimerais percevoir quelque chose de spécial, et là, rien. Je me sens comme dans une Toyota « Full Equip »! De plus, considérant l’invasion en règle que prépare la compétition dans le monde de l’hybridation, j’espérais que Lexus profiterait du rafraîchissement du RX pour lui donner un second souffle et lui permettre de demeurer la référence. Malheureusement, l’entreprise continue de jouer de prudence et de retenue. Selon moi, le RX - aussi efficace puisse-t-il être - a pris un bon coup de vieux.