Land Rover Range Rover Sport 2023 : une popularité qui coûte cher

Land Rover obtient des chiffres de vente qui sont somme toute infinitésimaux sur le marché québécois. Par exemple, la marque a rejoint 0,27 % des acheteurs de véhicules neufs dans La Belle Province pour l’année 2022. Si on cumule les chiffres de vente de ses 7 modèles au Québec pour 2022, la marque n’atteint même pas 1000 véhicules vendus. Le BMW X5, à lui seul, surpasse la marque Land Rover tout entière.

C’est dire à quel point cette marque est marginale. Néanmoins, quiconque aperçoit un Land Rover est capable de l’identifier. C’est une marque au fort caractère, dont le style est unique. Et une partie de cette identité visuelle provient du Land Rover Range Rover Sport, qui a défini la marque depuis maintenant près de 20 ans.

Pourquoi lui doit-on cette instantanéité visuelle? Parce qu’il a été le véhicule le plus vendu de la marque pendant plusieurs années chez nous. Et pour voir si la troisième génération, qui vient de débarquer est à même de tenir la comparaison, je l’ai testée pendant une semaine au cours de l’hiver.

Un style immanquable

L’apparence du Land Rover Range Rover Sport ne choquera personne. Même s’il a changé depuis l’arrivée du modèle pour 2005, 2023 est sous le signe de l’évolution. Plus que jamais, il est une extension d’autres modèles de la gamme. Si les phares sont à peine plus tendus que ceux du Range Rover originel, le reste de la carrosserie est très proche de celle du Range Rover Velar, notamment pour ce qui est des parechocs et, surtout, la portion arrière arrondie.

Pour repérer le Sport, il faut regarder l’ouverture sur l’aile avant, qui est unique à ce modèle. Même chose pour la partie arrière qui, bien que similaire à celle du Velar, comporte un élément unique au Sport : la plaque numérologique placée dans le parechocs. Personnellement, j’apprécie grandement cette approche sobre, avec des lignes purifiées qui vieilliront très bien. Un effort remarquable a aussi été effectué pour épurer la carrosserie ; toutes les moulures et tous les plastiques ont été intégrés avec beaucoup de minutie et de rectitude, donnant une qualité d’assemblage sans reproche. Même les poignées de porte sont à déploiement électrique, pour plus de fluidité. Hélas, en période hivernale, elles sont capricieuses parce qu’elles restent prises dans la neige et la glace.

Sans surprise, le Range Rover Sport s’accompagne d’une facture salée. D’abord, la déclinaison essayée, nommée P400 SV-Dynamic SE, trône au milieu de la gamme. Elle commande un prix de base de 108 450 $, coiffé de multiples options (ensemble Climatique, intérieur haut de gamme, roues de 23 pouces, ensemble Technologie…) qui font bondir le prix de plus de 18 000 $, pour atteindre 131 641 $, transport, préparation et autres frais inclus. C’est nettement plus haut qu’un BMW X5 ou un Mercedes-Benz GLE équipé de manière équivalente.

Un habitacle somptueux

Une bonne partie de cette facture élevée s’explique par une qualité d’habitacle hors du commun. La finesse de la finition est perceptible dès les premières secondes… tout juste après être parvenu à monter à bord du véhicule. Ce n’est pas que la garde au sol soit hors d’atteinte, bien au contraire en raison de la suspension pneumatique qui s’abaisse automatiquement à l’arrêt, mais bien en raison de la petitesse de la portière et de l’encombrement du tableau de bord, deux éléments inexplicables compte tenu de la taille du véhicule.

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La présentation épurée et soignée met cependant un baume sur cette plaie. L’écran central de 13,1 pouces est superbement déposé sur la planche de bord, mettant à l’avant-plan une interface facile à lire et à consulter. L’instrumentation numérique aux multiples possibilités de personnalisations est également un atout. Ces deux éléments requièrent néanmoins une période d’acclimatation notable en raison de leur complexité typiquement britannique.

Aussi, vous ne trouverez à peu près aucun espace de rangement dans cet habitacle ; la console centrale est dépourvue d’un quelconque espace, hormis celui destiné aux breuvages et la petite console centrale, ici remplacée par un réfrigérateur. Clairement, l’accent a été mis sur le style, qui est réussi, mais l’aspect pratique a été complètement occulté, un non-sens pour un véhicule utilitaire sport de luxe de cette catégorie.

Ce qui accompagne la finition d’une grande qualité est le confort douillet. Les sièges sont soutenants, bien galbés et surtout réglables à l’infini. L’insonorisation est poussée à l’extrême et la suspension, en mode confort, absorbe tout sur son passage. La qualité du système sonore Meridian est également à noter puisqu’il contribue à améliorer le temps passé à bord.

À l’arrière, malgré la relative petitesse de la banquette, l’espace est bon et permet de trouver un bon confort. La finition est aussi soignée qu’à l’avant, et l’espace de chargement est plus que suffisant pour un tel modèle, avec 645 litres avec la banquette relevée, et 1492 litres avec la banquette rabattue.

Un moteur rectiligne

Le 6-cylindres en ligne reprend du poil de la bête dans l’industrie automobile, et Land Rover y contribue. Ce Range Rover Sport est équipé du 6-cylindres en ligne turbocompressé d’une cylindrée de 3,0 litres, lequel s’accompagne d’une hybridation légère à 48 volts, qui donne une puissance maximale de 395 chevaux entre 5500 et 6500 tr/min et un couple de 406 livres-pieds entre 2000 et 5000 tr/min.

On connaît la douceur légendaire des moteurs à 6 cylindres alignés. Ici, le moteur n’émet aucune vibration et livre sa puissance avec constance, fermeté et ténacité. L’automatique à huit rapports enchaine les rapports avec douceur et conviction, permettant d’avoir une motorisation globalement très agréable à utiliser et qui cadre bien avec le caractère douillet du véhicule.

En pleine tempête de neige, le rouage intégral à prise constante ne m’a pas laissé tomber, comme je m’y attendais compte tenu de la réputation du constructeur. La répartition de la puissance se fait en toute douceur pour trouver la meilleure adhérence possible. Il n’y a que les pneus de largeur 285 qui font flotter le véhicule sur la neige, malgré son poids énorme de près de 2500 kilos.

J’ai été étonné de la consommation d’essence obtenue avec le Land Rover. Au terme d’une semaine d’essai à la fin février qui m’a permis de parcourir 465 kilomètres, j’ai maintenu une moyenne de 10,5 litres/100 km, un exploit pour un véhicule aussi lourd et peu aérodynamique. Mention spéciale au système à 48 volts qui éteint et ranime le moteur discrètement lors d’un arrêt.

Ne me pressez pas

Si le véhicule ne manque pas de puissance, le comportement routier a tôt fait de calmer les ardeurs d’un conducteur trop téméraire. La direction déconnectée, la suspension molle et l’isolement presque complet à la vie extérieure rendent le Range Rover Sport plus pataud que réellement sportif. Même en mode Sport, malgré une suspension plus ferme et abaissée et une direction moins assistée, la lourdeur du véhicule demeure. BMW fait nettement mieux pour rendre de si gros véhicules compétents sur la route, mais ils accusent en revanche un certain recul en termes de confort global par rapport au Land Rover. Ce dernier, à ce chapitre, se rapproche nettement plus d’un Mercedes-Benz.

Pas si vite

Les preuves sont faites : Le Land Rover Range Rover Sport ne manque pas de qualités, notamment en termes de douceur d’emmaillotement des occupants. Sa qualité de finition est aussi digne de mention. Hélas, des défauts tels que le manque de rangement à bord et la sportivité en retrait — malgré son nom — font qu’il s’adresse surtout à ceux et celles qui recherchent la douceur, contrairement à ce que son nom suggère.

Un autre point l’écorche : la fiabilité. Il s’agit d’une nouvelle génération équipée d’une nouvelle motorisation, deux éléments qui obligent à la prudence, particulièrement avec cette marque à l’historique repoussant. En ce sens, nous vous conseillons d’attendre qu’on se fasse une idée plus claire quant à la fiabilité de ce produit avant de l’acheter.

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