La Reine a possédé et conduit toutes les générations du Land Rover Range Rover, il s’agissait même de l’un de ses véhicules préférés. Maintenant que son règne est terminé, nous assistons, avec le Roi Charles III, à une nouvelle ère qui coïncide aussi avec l’arrivée d’une 5e génération du Range Rover. Je me demande si le Range Rover aura encore les faveurs de Buckingham Palace et s’il restera sur son trône du roi des VUS ?
Un devoir de réserve stylistique
Au même titre que le Roi a un devoir de réserve, les stylistes n’avaient pas le droit de renier le passé du Range Rover. Ce VUS est conçu en fonction de trois lignes de caractère : la ligne de toit fuyant vers l’arrière, la ligne horizontale de l’épaule à la hanche et un troisième trait en bas de caisse qui s’élève vers l’arrière. Pour 2022, l’ensemble joue de souplesse avec des lignes moins sévères que précédemment, les rondeurs s’invitent. L’exceptionnelle finition extérieure avec les ajustements rigoureux à la carrosserie donne une impression de solidité.
On reconduit les blocs optiques avec leur signature visuelle forte. La grille de calandre avec une finition en pastille ovoïdale rejette complètement le chrome, comme le reste de la carrosserie d’ailleurs. C’est du côté du pare-chocs que le changement de génération est le plus flagrant avec une bouche intégrant subtilement les antibrouillards qui servent également de projecteurs d’appoint en virage. La silhouette demeure caractéristique avec cette forme unique au Range Rover depuis ses tout premiers débuts, en 1970. L’habitacle est déporté vers l’arrière et succède à un long capot presque plat. La version à l’essai était équipée de jantes de 22 pouces pour l’hiver, mais devait recevoir des roues d’été de 23 pouces à un prix de 3 000 $. On retrouve aussi une signature visuelle forte avec ces grandes ouïes latérales décoratives déposées sur les portes avant. Il existe une version à empattement allongée (LWB) qui ajoute 9 pouces aux portières arrière.
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À l’arrière, la poupe se cintre pour offrir un effet à la « Boat Tail », une approche exclusive au Range Rover. Ce qui frappe, c’est l’aménagement des feux arrière qui disparaissent dans une structure noire. L’effet est réussi. Pour 1 100 $, le modèle à l’essai venait avec l’option du toit peint en noir s’harmonisant ainsi à la fenestration. Je pense que le Range Rover 2022 conserve tout son panache et demeure l’un des VUS les plus distinctifs et élégants sur le marché.
La zénitude du grand luxe
Avec le Range Rover, Land Rover ne peut pas se permettre de jouer d’excentricité. L’environnement est outrageusement luxueux, mais teinté de zénitude. La planche de bord est d’une simplicité déconcertante : une bande horizontale flanquée de deux écrans. L’instrumentation a un affichage de 13,7 pouces, le système multimédia, de 13,1 pouces, et est légèrement incurvé pour éviter les éblouissements. Leur manipulation est facile après seulement quelques minutes. L’affichage est clair, les icônes distinctives les unes des autres, mais je déplore un nombre incalculable de possibilités, il y en a juste trop.
Le confort y est royal. Les sièges offrent une infinité de réglages dans toutes les directions, ils chauffent, climatisent et proposent une sélection de types de massage dont mon préféré… les pierres chaudes! La position de conduite et la haute fenestration permettent une visibilité sans faille sous tous les angles. Land Rover pousse la notion de bien-être avec la suppression de bruits extérieurs et une chaîne audio Meridian de 1 600 watts répartie sur 35 haut-parleurs. Sa sonorité est d’une telle qualité qu’on pourrait prendre plaisir à écouter un discours du trône. Je dois admettre que Land Rover a réussi son mandat. Il est vrai qu’on a un sentiment apaisant à bord, même après des heures de route.
À l’arrière, le modèle à l’essai venait avec l’ensemble « Classe exécutive » qui offre encore plus de possibilités de réglages et de confort pour les occupants. C’est particulièrement le cas pour la personne qui prend place en diagonale avec le chauffeur où l’on peut s’étendre avec repose-pieds inclus. Chaque passager reçoit un écran de 11,4 pouces. L’aire de vie du Range Rover offre un degré de luxe inégalé pour un Land Rover. En fait, pour autant de commodités, l’acheteur n’aura comme options que les Mercedes-Maybach GLS, Bentley Bentayga ou Rolls-Royce Cullinan.
Au coffre, on jouit toujours de l’ouverture à deux panneaux. Pour regarder des parties de chasse à courre ou de fauconnerie, il est possible de prendre place sur deux strapontins amovibles qui sont d’un étonnant inconfort. Pour ce qui est de l’espace de chargement, le volume de base est de 1 152 litres ; quand on rabat le dossier de la banquette dans un lent ballet électrique, on passe à 2 364 litres. La qualité de l’assemblage et la qualité des matériaux sont exceptionnelles, à l’exception d’un couvercle de boîte à gants croche de quelques degrés.
Sentiment de déjà vu
Peu de gens le savent, mais avant d’être la famille Windsor, la famille royale avait un nom allemand : Saxe-Coburg-Gotha. Ce n’est donc peut-être pas le fruit du hasard si Land Rover fait une fois de plus appel à BMW pour ce qui est de la motorisation du Range Rover P530. Les 2e et 3e générations du Range Rover utilisaient aussi des V8 BMW. On obtient l’un des plus compétents V8 d’une cylindrée de 4,4 litres accompagné par une double turbocompression. La puissance est de 523 chevaux, et le couple, de 553 livres-pieds. C’est suffisant pour mouvoir de manière véloce les 2 514 kilos (5 530 livres) du Range Rover. La puissance va aux roues par l’entremise d’une boîte de vitesses de conception ZF à 8 rapports. La douceur de cette mécanique impressionne et, même, à pleine accélération, on ne se sent pas brusqué. Au terme de mon essai de près de 1 300 kilomètres, j’ai observé une moyenne de consommation de 11,8 litres/100 kilomètres. Je dois toutefois préciser que j’ai majoritairement roulé sur l’autoroute.
Évidemment, comme il s’agit d’un Range Rover, tout ce qui touche les roues est d’une très grande complexité. Le rouage intégral est de série avec une sélection de 6 modes de conduite hors route différents en plus d’un mode Normal, Sport et Eco. Pour chaque situation, on sent une variation dans la gestion de la puissance, de la direction et de la fermeté/hauteur des suspensions. Ces dernières sont pneumatiques et adaptatives. Une première pour le Range Rover, on compte cinq bras par roue à l’essieu arrière. Selon Land Rover, le véhicule est en mesure de lire la route et de prévenir toutes les imperfections et d’adapter les éléments suspenseurs pour optimiser le confort. Malgré toutes ses innovations en mode Normal, la configuration qui risque utilisée le plus souvent, le train arrière tend à sautiller. Pour les autres, notamment Sport, la suspension se ressaisit. Cette réalité d’instabilité occasionnelle est accentuée par des parois très sensibles aux vents latéraux. Le Range Rover propose aussi les 4 roues directionnelles, ce qui veut dire que les roues arrière pourront se braquer jusqu’à 7 degrés pour faciliter les manœuvres urbaines ou hors route. Étant chez Land Rover, les capacités du véhicule en situation hors route demeurent bonnes avec une garde au sol qui va de 8,6 pouces à 11,6 pouces par la simple pression d’un bouton. Ajoutez son exceptionnel rouage extrêmement performant, des angles maximaux d’approche à 34,7 degrés et de fuite à 29 degrés. Encore plus impresionnant, ce monstre de luxe peut plonger dans 35,4 pouces d’eau. Rien ne l’arrête, la légende est sauve. Bien que le Range Rover soit bardé de technologies, il est difficile d’éprouver une forme réelle d’agrément de conduite. La direction brille par sa précision, mais ne communique que très peu. Parions que la version SV impliquera le conducteur de manière plus affirmée.
Conclusion
Le Land Rover Range Rover 2022 coche absolument toutes les cases qui ont fait la réputation du modèle depuis 1970. Malheureusement, il n’y a pas que du positif. Sa réputation de fiabilité est une catastrophe, et ce, depuis toujours. On laisse la chance au coureur en vous suggérant d’éviter la première année de production 2022. En revanche, considérant le haut degré de technologie et leur complexité, il est très peu probable qu’on finisse par le recommander. De plus, la question du prix doit être considéré. Le modèle à l’essai, aussi ostentatoire pouvait-il être, ne valait pas les 189 650 $ demandés, d’autant plus qu’il n’avait aucune forme d’électrification. Sur ce sujet, l’espoir naît avec une version hybride rechargeable pour 2023 et, même, un Range Rover entièrement électrique pour 2024. Considérant le caractère écologique du Roi Charles III parions qu’il attendra l’électrique avant de suivre les traces de sa mère!
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