Le Concept GT 2011 est l’une des premières créations de Peter Schreyer chez Kia. Lorsqu’il a finalement obtenu le feu vert pour la production de la Stinger, il voulut absolument être à la table à dessin pour que sa vision de la berline sport reste fidèle au concept. La Kia Stinger 2018 adopte des proportions parfaites pour un Grand Tourisme (GT). Le capot se veut bas, long et large, la cabine est passablement déportée vers l’essieu arrière et le coffre se montre très court, d’autant plus qu’on parle d’un hayon.
Jusque-là, la formule est assez classique. C’est l’interprétation qui la rend spectaculaire. Kia propose des décorations extérieures qui habillent bien la voiture. On découvre, entre autres, des accents de chrome fumé à la partie supérieure de la fenestration, à la calandre, au bouclier et aux boitiers de rétroviseur. Les prises d’air en bas de caisse sont fonctionnelles au même titre que les sorties d’air derrière les roues de 19 ou 20 pouces. Seul point d’interrogation : pourquoi deux appliques noires fermées sur le capot alors que toutes les autres sont ouvertes ?
Au lancement en concession, dans quelques jours, deux versions seront livrables, soit les GT et GT Limited. Les deux véhicules sont identiques esthétiquement, mais se distinguent l’un de l’autre par leur équipement.
Si l’extérieur trouve sa propre inspiration, disons que la présentation intérieure ressemble à un parfait mélange des planches de bord de chez Mercedes-Benz et de chez Audi. Bien que ce soit très réussi, un peu plus d’audace aurait été de mise en ce qui me concerne. Premier constat, le volant semble désaligné devant nous. Déportée à gauche, la position de conduite déstabilise lors des premières minutes à bord.
Offrant une sensation de cockpit, la planche de bord s’incline légèrement vers le chauffeur. On obtient toutes les commandes à portée de main pour une excellente ergonomie. Les touches sont bien intégrées à une applique grise qui supporte la partie inférieure. L’écran tactile de 7 pouces (8 pouces dans la Limited) au sommet se manipule facilement, mais uniquement à l’arrêt. On navigue par les menus de la console en d’autres temps. Ici, l’équipement ne fait pas défaut. Selon la version, GT ou GT Limited, on obtient toutes les plus récentes innovations en matière de confort et de sécurité. L’affichage tête-haute, le régulateur de vitesse intelligent, l’avertisseur de changement de voie, la détection d’angle mort et j’en passe. Bien que la GT soit généreuse à la base, c’est la Limited qui offre l’ensemble de l’œuvre.
Il faut donner une bonne note aux sièges avant. Celui du conducteur va jusqu’à permettre d’allonger l’assise alors que celle du passager reste fixe. On obtient d’intéressants supports latéraux, même s’ils gagneraient à être un peu plus cintrés. Après plusieurs heures de route, on ne ressent pas de fatigue, signe de la qualité de leur conception. La Stinger 2018 se présente comme un 4+1. Kia estime que quatre personnes peuvent y prendre place sans aucun problème et une de plus en cas de dépannage. C’est partiellement le cas. À l’arrière, l’espace étonne dans la mesure où la ligne de toit se montre très basse. Toutefois, attention à la tête car l’accès n’est pas facile. C’est correct sans plus. Les enfants y seront très bien mais les adultes un peu moins essentiellement en raison des dégagements aux genoux. À ce chapitre, elle fait un peu mieux que la compétition visée chez Audi et BMW.
Tout d’abord, la Stinger vient avec sa propre plate-forme. Bien que l’on puisse croire qu’elle provienne de chez Genesis, ce n’est pas le cas. La Kia Stinger 2018 ne fait pas de quartier quant à ses choix mécaniques avec deux offres. Le plus petit sera un 4 cylindres 2,0 litres turbocompressé de 255 chevaux/260 lb-pi de couple. Pour le moment, ce moteur n’est pas encore en vente. Il se pointera au printemps prochain avec une configuration de rouage à déterminer entre propulsion ou AWD. Pour l’essai au lancement, seul le V6 biturbo de 3,3 litres de 365 ch. était disponible. Fier de sa force, le couple maximal de 376 lb-pi arrive dès 1 300 tr/min jusqu’à 4 500 tr/min. La plage se montre ample et l’on jouit toujours d’une belle vivacité. Dans les deux cas, on accouple une boite automatique à 8 rapports avec mode manuel. Avec le V6, nous aurons uniquement le rouage intégral alors que la stricte propulsion existe aussi au sud de nos frontières.
C’est bien beau un design réussi et une mécanique véloce, mais le nerf de la guerre dans le segment des berlines sport est le comportement et le dynamisme de conduite. Kia a toujours cherché à se distinguer par rapport à Hyundai. Avec la Stinger, on passe à l’étape supérieure.
On bénéficie d’un châssis solide qui nous donne l’impression que la voiture est construite d’un seul bloc. La direction s’inspire de celle des Allemandes sans toutefois atteindre leur niveau de communication. Elle reste précise et grâce aux modes de conduite, on peut modifier sa fermeté. Même son de cloche avec les suspensions adaptatives qui suivent, elles aussi, le programme sélectionné. Cinq différents modes sont proposés soit ECO, Smart, Confort, Sport et Individuel. Dans le cas des deux derniers, on va jusqu’à diviser la puissance selon une proportion de 20% à l’avant et de 80% à l’arrière. La traction intégrale réactive permet un vecteur de couple qui peut acheminer la puissance d’une roue arrière à l’autre en fonction des conditions et, surtout, selon le type de conduite. En matière de freins, aucune inquiétude puisque Kia a fait ses devoirs avec des disques de 13,8 pouces à l’avant et 13,4 pouces à l’arrière qui ont beaucoup de mordant et de conception Brembo.
Très bien plantée sur la route, la Stinger est le nouvel étalon-or de la marque en matière de comportement. Clairement, les ingénieurs ont réussi à lui insuffler la sportivité annoncée. Elle prend les virages avec un grand aplomb tout en demeurant très stable. On peut vraiment s’amuser à son volant comme nous ne l’avons jamais fait auparavant dans une Coréenne.
Kia prétend aller jouer dans la cour des grands avec la Stinger, plus précisément celle de BMW et d’Audi. Dans une certaine mesure, le pari est gagné. Le style et le luxe y sont et il ne manque évidemment pas de puissance. Avec un prix affiché à 44 195 $ pour la GT et à 49 995 $ pour la GT Limited complètement équipée, Kia se montre agressif. La question est maintenant de savoir si le prestige du logo se justifie? À accessoires et motorisations équivalents, les deux Allemandes coutent entre 15 000 $ et 20 000 $ de plus. Bien que la valeur de revente de la Kia risque de souffrir, l’économie à la base et surtout la fiabilité me feraient y penser à deux fois. Selon moi, face aux BMW et Audi, la Kia Stinger GT 2018 figure dans le rayon des aubaines.