Mine de rien, nous en sommes déjà à la troisième génération de la Kia Forte et de la Forte5 et, pourtant, elle cherche encore à se faire une identité et un nom dans le segment des voitures compactes. Même en considérant l’espace libéré avec le retrait des américaines, elle fait toujours profil bas. Même du côté de Kia, on l’oublie, il est presque impossible de trouver de l’information sur la Forte5 dans la zone média du constructeur. On pourrait croire que Kia a jeté la serviette en mettant les pieds dans le ring. Dans une certaine mesure, on peut comprendre pourquoi la Forte5 a la tête basse quand on regarde sa concurrence à hayon : Honda Civic, Mazda3 Sport, Subaru Impreza et Toyota Corolla. Dans l’optique de l’acheteur, même si la Forte5 n’est pas dépourvue de qualités, peut-être que la bataille est perdue d’avance.
VUE D’ENSEMBLE
L’année 2022 est l’occasion pour la gamme Forte de recevoir quelques modifications esthétiques de mi-mandat. On procède à un rafraîchissement de la partie avant avec une nouvelle configuration des blocs optiques. Dans la version à l’essai EX, on obtient la signature visuelle à DEL mais pas les projecteurs, pour les avoir, on doit se tourner vers la GT. Dans le cas de l’EX, on se contente de phares halogènes très peu puissants la nuit. Pour une allure plus habillée, les GT et GT Limitée intègrent plus de décorations extérieures de même que des accents rouges et des antibrouillards à DEL. De profil, l’EX vient de facto avec des jantes en aluminium de 16 pouces et un cadrage de fenestration chromé. Avec les GT, on passe à 18 pouces et l’on retire le chrome. Pour ce qui est de l’arrière, on remarque une variation du côté de la finition des pots d’échappement, alors que l’éclairage des feux est à DEL. D’une manière générale, la qualité de l’assemblage est dans la bonne moyenne. Cependant, on observe quelques concessions comme l’absence de toit ouvrant et la présence d’essuie-glaces standard ; pour les GT ils sont aérodynamiques.
VIE À BORD
Ici, la fonction prévaut au style. Contrairement à ce à quoi Kia nous a habitués au cours des dernières années avec des design presque flamboyants, dans la Forte5, c’est très monotone et peu inspirant. On retrouve l’essentiel des caractéristiques nécessaires pour offrir un degré d’équipement décent pour un modèle de base, mais le tout se fait sans chercher à nous séduire. Tout est noir, et la seule variation qui accroche l’œil sera des accents noir lustré. On compte bien sur une applique grise, mais son imitation d’aluminium se montre peu convaincante. Je tiens à souligner que la qualité de l’assemblage est bonne tout comme la qualité générale des matériaux.
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Même si l’on est dans le bas de l’échelle de la gamme Kia, la Forte5 EX offre des caractéristiques intéressantes comme les sièges avant chauffants, la détection des angles morts, un écran de 8 pouces avec Apple CarPlay et Android Auto de même qu’un chargeur de téléphone par induction. En contrepartie, la climatisation est monozone, et l’on doit toujours utiliser une clef pour le démarrage du véhicule.
Les dégagements sont habituellement très bons, et ce, pour toutes les places dans l’habitacle. En revanche, le confort des sièges n’est pas particulièrement impressionnant surtout pour les longs trajets. En termes de visibilité, les rétroviseurs extérieurs sont très petits, et la forte inclinaison de la lunette cause une distorsion dans le verre, ce qui agace l’œil en conduisant. Le point le plus positif de la Forte5 est le volume du coffre qui est supérieur à toute la concurrence. Le volume est de 741 litres, la Honda Civic, sa plus proche concurrente en fait de volume, est à 693 litres.
TECHNIQUE
Sous le capot, il existe deux possibilités dans la Forte5 ; dans les deux cas, ce sont des motorisations bien connues. Alors que les GT et GT Limitée on droit à un 4-cylindres de 1,6 litre turbocompressé de 201 chevaux, l’EX obtient une mécanique plus simple. Il s’agit d’un autre 4-cylindres, mais atmosphérique cette fois, de 2,0 litres. On obtient ainsi une puissance de 147 chevaux et un couple de 132 livres-pieds. Vous l’avez sans doute reconnu puisqu’on retrouve également ce moteur dans le Seltos, le Kona et l’Elantra. Tout comme des cousins/cousines, il est jumelé à une transmission automatique IVT, essentiellement une CVT rebaptisée. Contrairement à la Mazda3 et à la Subaru Impreza, la Forte5 est une traction et n’est pas livrable avec un rouage intégral.
AU VOLANT
Honnête, c’est le terme qui convient à l’expérience de conduite au volant de cette Forte. La mécanique travaille assez bien dans la mesure où l’on ne cherche trop à la solliciter. Même sur le mode « Sport », le dynamisme demeure en retrait. D’ailleurs, si l’on joue un peu trop de l’accélérateur, on se rend vite compte que l’insonorisation est limitée puisque les bruits moteurs envahissent l’habitacle. En conduite urbaine légère, la transmission s’acquitte bien de ses fonctions. Cependant, comme c’est souvent le cas avec les CVT, on ressent souvent une sensation élastique en prise de vitesse. Toutefois, ce calme mécanique est assez payant quand on regarde la consommation. Au terme de mon essai, j’ai obtenu une moyenne de 6,2 litres/100 kilomètres.
Sur le plan technique, les suspensions offrent un rendement peu inspirant. Elles peinent à bien absorber les imperfections du pavé. Par conséquent, on se sent plus ou moins bien planté sur la route. De plus, il faut savoir que la version EX fait une concession en matière de freins. Ceux à l’essai étaient à l’avant de 11 pouces alors que pour les GT, on passe à 12. La direction se montre précise, mais elle communique peu.
CONCLUSION
La Forte5 EX fait tout bien, mais rien d’exceptionnel si ce n’est son espace intérieur. Pour tout le reste, même en fonction d’un comparable avec les versions de base de la concurrence, ces derniers en offrent plus. De plus, à l’exception de la Civic qui est beaucoup plus chère (30 545$), la Forte5 ne possède plus vraiment l’avantage du prix. Puisqu’il n’y a pas de boite manuelle offerte, la version de base à l’essai commence à 26 210 $ (incluant le transport et la préparation). Toujours avec des boites automatiques, si l’on regarde du côté de la Mazda3 Sport, sa gamme s’ouvre à partir de 25 381 $. Pour ce qui est de la Toyota Corolla et la Subaru Impreza dans leurs versions à hayon, on parle respectivement de 24 170 $ et 25 783 $.
Pour ce qui est de la durabilité, nous en sommes toujours à une recommandation pour une période qui couvre la garantie. Cette dernière de 5 ans/100 000 kilomètres est un point d’intérêt pour plusieurs, mais au-delà de cette durée, notre appui s’estompe. Financièrement parlant, l’acheteur doit prendre en considération que les frais d’entretien sont élevés chez les Sud-Coréens, et que la valeur de revente n’est certainement pas à la hauteur de celle d’une Honda Civic, d’une Toyota Corolla, d’une Mazda3 ou, encore, d’une Subaru Impreza. En gros, la Forte5 est battue.