Les sportifs seront d’accord sur le fait que, quand vient le temps de participer à n’importe quelle activité physique, il est primordial d’être chaussé d’un bon soulier d’entraînement. Personnellement, cette sensation d’avoir le pied bien maintenu en place dans un soulier dont l’amortissement est confortable lors d’un saut ou d’une course à pied, me confère un degré de confiance supplémentaire avant de bouger.
Curieusement, conduire le Kia EV6 GT 2023 me donnait la même sensation. C’est durant une semaine du mois de février, par un climat plus doux que la moyenne, que je l’ai mis à l’essai.

Comme un soulier de course Asics
À première vue, il est difficile de décerner les différences visuelles entre un EV6 ordinaire et la déclinaison GT de performance. On note un pare-chocs avant un peu plus sportif, inspiré du modèle GT-Line, comme l’aileron. Le pare-chocs arrière reçoit toutefois un réflecteur à chaque extrémité.
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En fait, si ce n’était des jantes de 21 pouces exclusives au modèle et des énormes étriers de frein peints en vert fluo, il serait impossible de distinguer le GT des autres versions de la gamme. Néanmoins, j’adore l’allure générale de ce véhicule, surtout peint en blanc comme mon modèle d’essai. Dans cette configuration, l’EV6 GT me fait penser à un soulier de course Asics.
Situé au sommet de la gamme, ce modèle n’est pas donné. Il n’existe qu’en une seule version, livrable sans option et vendu à un prix de 76 495 $. L’EV6 GT n’est donc admissible à aucun rabais à l’achat d’un véhicule électrique.

De bons sièges sport et beaucoup de fluo
L’habitacle d’un EV6 GT ne diffère de ses confrères que par ses énormes sièges sport et ses finitions d’habitacle distinguées. Les sièges offrent un maintien latéral et un soutien merveilleux, même pour les grands gabarits. Je continue toutefois de reprocher à ce véhicule (comme aux Hyundai IONIQ 5 et Genesis GV60) de proposer une assise trop surélevée, ce qui est désagréable quand on est grand.
La thématique du fluo se poursuit dans l’habitacle. On la retrouve sur les surpiqûres des sièges et du volant, sans compter l’énorme bouton GT fluo installé au volant. Il est très plaisant que Kia ait pensé à intégrer cette couleur aux choix de coloris de l’illumination de l’habitacle la nuit. Des finitions qui tentent de calquer l’allure de la fibre de carbone viennent recouvrir la planche de bord et l’intérieur des portières.
Assis à bord, le conducteur fait face à une énorme tablette électronique qui incorpore à la fois l’instrumentation et le système multimédia. La qualité graphique est superbe, et tout demeure relativement facile à saisir, à l’exception d’un système multimédia qui demeure chargé en information et qui complique certaines tâches simples par moment.
À l’arrière, ce VUS est toujours aussi accueillant en raison d’un très grand dégagement pour les jambes, la tête et les épaules. Même un adulte de grande taille l’appréciera. Malgré cela, l’EV6 continue ironiquement de traîner de la patte au chapitre de l’espace de chargement total (dossier des sièges replié au plancher) avec 1 322 litres d’espace. À ce compte, un Volkswagen ID.4 (1 817 litres) ou encore un Nissan Ariya (1 691 litres) s’en sortent mieux.

Beaucoup de puissance dans le ventre
Sous le plancher de l’EV6 GT, on retrouve la même batterie que dans la version à autonomie prolongée dont la capacité utilisable fait 77,4 kilowattheures.
Le GT se démarque toutefois par la puissance de ses moteurs électriques. Non, il ne s’agit pas exactement de la même formule que dans un Genesis GV60 Performance. Si le GV60 reçoit un moteur de 160 kilowatts (l’équivalent de 215 chevaux) sur chaque train, l’EV6 GT arrive avec encore plus de puissance sur le train arrière, soit 270 kilowatts (362 chevaux). On se retrouve donc avec un véhicule à 4 roues motrices dont la puissance totale combinée fait pas moins de 576 chevaux, et le couple, 545 livres-pieds.
Kia en a également profité pour revoir les éléments suspenseurs du véhicule. Par exemple, l’EV6 GT incorpore des amortisseurs adaptatifs. Les barres antiroulis ont été surdimensionnées, et tout le châssis du véhicule a été mis au point sur un circuit de course. Des disques de frein de 15 pouces à l’avant avec étriers à 4 pistons et de 14,2 pouces à l’arrière (contre 12,8 pouces avant/arrière dans la version ordinaire) permettent de ralentir la bête.
Évidemment, autant de puissance oblige à sacrifier l’autonomie. Selon Ressources naturelles Canada, elle est chiffrée à 332 kilomètres en conditions idéales. Il s’agit de l’autonomie la plus base de toute la gamme de l’EV6.

Le petit bouton magique
Si l’EV6 GT se comporte comme un EV6 régulier sur ses modes Normal, Eco et Sport, il devient une bête complètement différente sur le mode GT.
C’est d’ailleurs ce que j’aime appeler le petit bouton magique. En effet, quand on l’active, l’EV6 nous envoie un message clair comme quoi il est sérieux. En plus d’une instrumentation qui devient – sans surprise – fluorescente, le système d’antipatinage se désactive automatiquement, les amortisseurs se raffermissent et le volant devient nettement plus lourd.
Le conducteur peut choisir d’amplifier l’effet en configurant une panoplie de sons syntonisés provenant des haut-parleurs. J’avais personnellement choisi un effet sonore qui me donnait l’impression de piloter un avion de chasse ultra moderne. Si rien de cela ne vous attire, il est possible de tout éteindre.
Sur le mode GT, il suffit d’effleurer la pédale de l’accélérateur pour se retrouver à des vitesses beaucoup trop rapides pour les routes publiques. Il m’a donc fallu beaucoup de discipline pour rester sage avec ce véhicule, car son efficacité et sa douceur de fonctionnement rendent la conduite à haute vitesse presque banale.

C’est honnêtement très difficile de décrire la sensation d’une telle accélération derrière le volant. L’EV6 GT n’accélère pas, il se téléporte à sa prochaine destination, et ce, en toute discrétion. Durant le processus, on est collé au siège, l’adrénaline est dans le tapis, et on a un sourire accroché.
C’est lorsque j’ai lancé l’EV6 GT dans un virage, puis que j’ai écrasé l’accélérateur à la sortie de la courbe, que ce bolide m’a montré à quel point il est véloce. Instantanément, il s’est permis de faire valser son train arrière, ce qui m’a forcé à demeurer très attentif derrière le volant. Heureusement, tout se fait avec une précision chirurgicale. Il ne m’a fallu qu’un léger coup du volant pour reprendre ma ligne.
Pour ce qui est de la consommation d’énergie, il faut dire que, de un, je conduisais le véhicule en hiver et, de deux, j’avais le pied pesant. À la fin de ma semaine avec l’EV6 GT, sur 800 kilomètres, l’ordinateur de bord m’affichait une consommation moyenne 31,2 kWh/100. Ça se traduit par une autonomie théorique de 248 kilomètres.
Je termine avec l’application mobile de Kia, qui permet de préchauffer l’habitacle et la batterie de l’EV6, tout en activant à distance certaines fonctionnalités du véhicule. Elle est très lente à réagir et, dans mon cas, elle a planté deux fois durant l’utilisation. Ça doit être revu.

Un beau jouet à batterie
Il est évident que le Kia EV6 GT 2023 ne respecte pas tous les budgets. Au prix qu’on en demande, il s’agit rien de plus qu’un jouet de performance qui ne brûle pas d’essence. Il est toutefois difficile d’argumenter contre ses prouesses dynamiques et comment on se sent derrière son volant. C’est carrément le soulier de course des véhicules électriques.
Pour ce qui est de la recommandation, toute la gamme du Kia EV6 demeure en évaluation par notre équipe de journalistes en raison d’un trop faible volume de ventes et encore très peu d’historiques sur le modèle.