Le Jeep Renegade ne m’a jamais vraiment emballé depuis son introduction. Je me souviens très bien avoir assisté à son lancement en 2015 et je n’avais pas été impressionné. Le Renegade permettait certes à Jeep de s’inscrire dans le segment des VUS sous-compacts, mais le véhicule n’a jamais réellement eu la personnalité et l’ADN d’un véritable Jeep. Il faut rappeler que le petit Renegade tire ses racines du plus profond de l’Italie. Il est assemblé à l’usine de Melfi qui appartient à Fiat, sa plateforme « Small Wide 4x4 », est la même que celle des Fiat 500X et 500L. On est loin d’un VUS dont les racines sont typiquement Jeep.
Il est fréquent qu’un prix fort attrayant réchappe un modèle aux caractéristiques moins intéressantes. Ce n’est pas le cas du Jeep Renegade, et ce, depuis son lancement. La version de base North est offerte pour 2021 à un prix de 29 950 $ ; mais attention, vous devrez composer avec un modèle à traction. Le prix grimpe donc minimalement à 31 590 $ si vous voulez l’obtenir en version à 4 roues motrices. C’est beaucoup d’argent pour un VUS sous-compact sachant qu’il faut débourser beaucoup moins pour se procurer un Honda HR-V, un Mitsubishi RVR, un Ford EcoSport ou un Subaru Crosstrek de base équipé d’un rouage intégral. Son prix est sans aucun doute l’un des éléments qui refroidissent les acheteurs.
En matière de style, les stylistes ont retouché récemment les pare-chocs, étiré la grille à 7 barres à l’avant et incorporé les phares du Wrangler. La thématique en X demeure omniprésente ; le motif est incrusté un peu partout, il se veut un rappel du sigle apposé sur les bidons d’essence qu’on retrouve à l’arrière des 4X4 militaires.
- À LIRE AUSSI : Le Jeep Renegade 2019 est-il aussi mauvais qu’on le dit?
- À LIRE AUSSI : Jeep prépare l'arrivée de son Renegade hybride rechargeable
J’apprécie tout de même les lignes carrées du Renegade et son style trapu. Il se distingue fortement des multiples VUS génériques, c’est sa force et c’est sans doute sur cet aspect que FCA misait pour assurer son succès. Pourtant, le passé nous a prouvé que les acheteurs n’étaient pas friands des boîtes carrées, on n’a qu’à penser au sort réservé au Nissan cube et au Honda Element. Les choses auraient pu être différentes pour un modèle sensé jouer le rôle de mini-Wrangler.
Malgré une légère refonte en 2019, la génération actuelle est vieillissante, et c’est surtout visible à l’intérieur. L’instrumentation et l’aménagement du tableau de bord n’ont rien à voir avec l’aspect moderne des dernières nouveautés du segment. Les nombreux plastiques durs présents un peu partout n’ont rien pour rehausser l’apparence et donner une certaine impression de qualité, surtout si l’on considère le prix de véhicule. La version Trailhawk ajoute un peu de vie, notamment avec des garnitures reprenant la couleur de la carrosserie.
Bon point pour le système d’infodivertissement Uconnect 4 qui demeure très efficace et convivial. Il dispose d’un écran tactile de 7 pouces ; celui de 8,4 pouces est beaucoup plus intéressant, mais il n’est réservé qu’aux versions les plus cossues. La compatibilité avec Apple CarPlay et Android Auto est de série pour toutes les livrées, on apprend rapidement à l’apprécier, car l’écran devient littéralement la prolongation de votre téléphone intelligent.
- À LIRE AUSSI : Quels sont les meilleurs VUS sous-compacts 2020 selon RPM?
Pour ceux qui aiment la conduite à ciel ouvert, Jeep propose le système « My Sky » qui comprend deux panneaux de toit ouvrants entièrement amovibles et qui se rangent facilement. L'effet Jeep est ainsi recréé, aucun rival n’offre cette fonctionnalité, mais c’est une option jumelée au système de sonorisation Premium qui demande un investissement supplémentaire de 1 995 $.
La vision est excellente tout autour, notamment en raison de la forme très carrée du véhicule. On obtient aussi de bons dégagements pour la tête à l’avant et à l’arrière, et le design favorise aussi l’espace de chargement. Plusieurs aimeront l’assise haute des sièges, mais ils manquent cruellement de maintien ; on glisse de gauche à droite, leur mousse est aussi trop ferme.
De série, le Jeep Renegade propose un moteur à 4 cylindres atmosphérique de 2,4 litres qui livre 180 chevaux et produit un couple de 175 livres-pieds. L‘autre moteur, celui qui équipait notre version d’essai, c’est un 4-cylindres turbocompressé de 1,3 litre qui développe 177 chevaux. Vous aviez bien remarqué, il développe 3 chevaux de moins que l’autre mécanique, mais en revanche, son couple de 210 livres-pieds est de loin supérieur. Peu importe le moteur, les deux sont jumelés à une boîte de vitesses automatique à 9 rapports, la seule offerte.
Véritable bête de hors-route, le Jeep Renegade profite du système 4x4 Jeep Active Drive très efficace qui comprend le Selec-Terrain comptant jusqu’à 5 modes de conduite. La version Trailhawk ajoute un rapport à forte démultiplication (low gear) et un mode de conduite supplémentaire, soit Rocher. Mais qui ira véritablement dans les sentiers avec le Renegade ?
Sur la route, on découvre tout d’abord une mécanique qui dispose effectivement d’un bon couple, mais la transmission a de la difficulté à bien l’exploiter. Quand on enfonce l’accélérateur, on perçoit un certain délai au chapitre de l’effet de puissance. On s’attendait pourtant à mieux de cette boîte de vitesses à neuf rapports, elle devait favoriser un maximum d’économie de carburant.
Le moteur est également rugueux et manque de souplesse ; il n’offre pas également la consommation de carburant promise. J’ai obtenu une consommation moyenne tout juste au-dessus des 10 litres/100 kilomètres, et ce, en adoptant une conduite tout de même assez posée. C’est beaucoup pour un VUS de cette taille, plusieurs VUS compacts consomment moins.
La direction s’est révélée assez précise et bien réactive. Il s’agit d’une bonne chose, car le Renegade, avec ses formes hautes et carrées, est assez sensible aux vents latéraux. Par une journée très venteuse, sur les chemins de campagne, l’effet était remarquable, et je devais constamment corriger ma trajectoire.
D’ailleurs, la suspension n’aide en rien sa cause. Elle semble beaucoup mieux adaptée aux sentiers qu’aux autoroutes, elle manque de fermeté et elle procure un comportement flou au véhicule. On est très loin de la conduite d’un Mazda CX-3.
Outre son style moins générique le reliant à Jeep, vous trouverez beaucoup mieux que le Jeep Renegade du côté de la concurrence ou, même, chez Jeep avec le Compass. Vieillissante, la génération actuelle bat de l’aile ; à preuve, il s’est vendu seulement 353 exemplaires au Canada en 2020, une chute de 47 % par rapport è 2019. Sa meilleure année aura été 2017 avec un volume de vente de 3 015 exemplaires.