Le segment des grands VUS de luxe a toujours été très populaire auprès des familles à la recherche d’un VUS luxueux, mais surtout, très spacieux. Ce sont aussi des personnes qui ont souvent besoin d’une bonne capacité de remorquage afin de trimbaler leurs jouets saisonniers. Jeep revient dans le segment en faisant revivre son tandem Jeep Wagoneer et Grand Wagoneer, un duo qui n’est pas dénudé d’intérêt. Mais arrivent-ils un peu tard ?
Il faut tout d’abord savoir que l’image de marque demeure un aspect important dans le créneau. Ce n’est pas pour rien que GM domine les ventes avec son Cadillac Escalade et son tandem GMC Yukon et Chevrolet Tahoe, des véhicules bien établis et difficiles à détrôner. Aucun constructeur étranger n’a réussi à s’imposer dans ce créneau ; c’est exactement pourquoi Jeep a décidé de raviver un nom issu du passé afin de susciter de l’émotion chez les acheteurs.
Et non, mon Jeep Grand Wagoneer d’essai ne comportait pas de panneaux latéraux en faux bois, mais ses lignes nous rappellent bien la silhouette du modèle apparu au début des années 60. Son design très carré, son toit plat, sa grille avant à sept barres et sa grande fenestration sont typiques du modèle. Cependant, le constructeur a tout de même apporté une touche de modernisme, notamment du côté des phares et des feux à DEL. Équipé de jantes de 22 pouces (offertes en option), mon véhicule dégageait un bel effet de luxe et de prestige, c’est réussi à ce chapitre. Bon point aussi pour les marchepieds motorisés qui facilitent l’accès à bord, mais qui pourraient devenir problématiques en hiver.
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Le Jeep Grand Wagoneer 2022 est cher, il ne représente pas une aubaine par rapport à ses concurrents. Quatre versions sont offertes au prix de base de 101 405 $. Mon véhicule d’essai, un Grand Wagoneer Series III, se détaillait à 130 270 $ avec ses options. Son jumeau, moins luxueux le Wagoneer, débute à 80 485 $. Comment compare-t-il par rapport au Grand Wagoneer ? Un peu comme le GMC Yukon par comparaison avec le Cadillac Escalade.
Si son design extérieur ne lui apporte rien pour faire frémir ses rivaux, c’est quand on ouvre les larges portières que le Grand Wagoneer séduit. L’effet de luxe est rapidement perceptible, heureusement, étant donné son prix. Le choix des matériaux, des cuirs et des garnitures y est pour beaucoup. L’assemblage est de bonne qualité, même si certains panneaux avaient tendance à émettre des craquements, surtout par temps plus froid.
Ce sont surtout les technologies et la quantité d’écrans qui frappent. L’instrumentation est un peu plus classique, mais on ne retrouve pas moins de 7 écrans à bord pour une superficie totale de 75 pouces. Le principal se retrouve au centre du tableau de bord ; il sert de base pour le système d’infodivertissement Uconnect 5, le plus récent et le plus technologique offert par le constructeur. Compatible avec Alexa et Fire TV, il vous permettra d’écouter les films et les séries de votre abonnement Prime vidéo. Votre passager peut aussi écouter en tout temps ce qu’il veut puisqu’il dispose aussi de son propre écran. Une paire d’écrans arrière supplémentaire est offerte dans un ensemble d’options (2 695 $) et fera l’envie de tous les enfants du coin.
Étant amateur de chaînes audio depuis mon tout jeune âge, j’ai été surpris de voir une association entre Jeep et McIntosh, une entreprise réputée pour la qualité de ses équipements, surtout ses amplificateurs. J’aurais rêvé d’en posséder à l’époque, j’avais donc bien hâte d’écouter le système du Grand Wagoneer. Je n’ai pas été déçu, j’ai pris tous les détours possibles afin d’écouter tous les titres de ma liste de lecture des années 80.
Pas de choix côté mécanique, les quatre versions du Grand Wagoneer disposent du même moteur V8 de 6,4 litres, un moteur qu’on retrouve notamment dans la gamme RAM 2500/3500 et dans quelques autres véhicules griffés SRT. Il livre une puissance de 471 chevaux et produit un couple de 455 livres-pieds, une mécanique tout de même bien adaptée à ce mastodonte. Ce n’est pas un moteur très technologique, et il n’apporte pas d’avantage par rapport à concurrence, mais au moins, il s’est toujours révélé assez fiable.
Le moteur est jumelé à une boîte de vitesses automatique à 8 rapports, c’est la seule offerte. Jeep a pigé dans son catalogue de système à 4 roues motrices ; on a donc droit au système 4x4 Quadra-Drive II qui comprend un différentiel autobloquant à l’arrière. La suspension pneumatique est aussi de série, on peut ainsi jouer avec le niveau d’élévation de la garde au sol du véhicule. Équipé de l’ensemble de remorquage max, il est capable de remorquer une charge maximale de 4 468 kilos (9 850 livres) ce qui est similaire aux camionnettes pleine grandeur et supérieur à tous ses concurrents.
Sur la route, on apprécie le sentiment de sécurité que procure le Grand Wagoneer. On se sent en confiance, ses dimensions donnent l’impression d’être invincible ; mais il vous punit dans les zones urbaines ou quand vient le temps de stationner. Il n’est certainement pas très agile, heureusement les nombreuses caméras vous évitent le pire.
Sa suspension pneumatique apporte un grand confort sur route, faisant qu’il n’a aucun problème avec les longues randonnées. Je le choisirais sans hésiter pour traverser le Canada, pourvu qu’un autre paie l’essence. Bon point aussi pour l’insonorisation ; les efforts des ingénieurs sont perceptibles. Quant à la vision, la forme carrée et la grande fenestration du mastodonte aident à rendre la conduite moins problématique.
Le constructeur a fait le bon choix côté moteur. Le V8 est suffisamment puissant, une pression sur l’accélérateur, et il répond instantanément, sans délai. Son couple donne un bon effet de puissance et il ne manque pas d’haleine, même à plus grande vitesse.
La consommation de carburant n’a toutefois rien de très réjouissant, c’est le retour à une époque que me semblait révolue, avec des chiffres annoncés à 18,1 litres/100 kilomètres en ville et à 12,8 litres/100 kilomètres sur la route. J’ai eu peine à obtenir sous les 15,0 litres/100 km lors de mon essai. Attention, il faut l’abreuver en carburant super en prime. J’étais presque content d’être en confinement. Je me suis contenté d’écouter ma musique, bien assis dans le garage.
Le Jeep Grand Wagoneer n’apporte rien pour véritablement bouleverser le segment, mais au moins, il a de quoi rivaliser avec les modèles déjà établis. Je me demande simplement pourquoi Jeep a attendu aussi longtemps, surtout que ce segment sera certainement frappé par l’électrification d’ici peu. Voilà où Jeep aurait pu frapper un grand coup et surprendre ses adversaires. Puisqu’il est tout nouveau, nous vous recommandons d’attendre un an avant de succomber à ses charmes, le temps qu’il fasse ses preuves.