L’actualité automobile a beau être tapissée de tous ces bolides électriques qui, petit à petit, prennent de plus en plus de place dans l’imaginaire collectif, ça n’empêche pas les véhicules plus « traditionnels » d’intéresser un certain public.
Le Jeep Grand Cherokee SRT 2016 n’a rien de traditionnel, à part peut-être son nom : Grand Cherokee. Sous cette carrosserie de « VUS intermédiaire avec des grosses roues » se cache un véhicule performant à souhait qui, malgré toutes les aides à la conduite modernes, ne devrait pas être mis entre les mains de n’importe qui. Et dire que FCA prépare une version encore plus explosive de ce 4x4 à moteur V8 suralimenté. L’impossible est définitivement américain!
L’apport de SRT
Les sorciers de l’aile SRT n’en sont pas à leurs premiers tours de roue avec le Jeep Grand Cherokee. Après tout, la génération précédente a vu l’idée d’implanter un moteur HEMI de 6,1-litres sous le capot d’un utilitaire se réaliser. La refonte du VUS a donc, une fois de plus, obligé les bonzes du constructeur italo-américain à offrir une version 2.0 du hot rod haut sur pattes.
Qu’a-t-il de plus ce Grand Cherokee transformé en machine d’accélération? Visuellement, son bouclier est plus agressif, un trait facilement observable sur cette livrée rouge et noire. Le pare-chocs est plus aéré, ce qui permet de ventiler de manière appropriée les énormes freins à disques Brembo à l’avant. Notez également les blocs optiques exclusifs au modèle SRT qui ajoutent au spectacle. Plus subtil, l’ajout d’un capot muni de deux trappes de ventilation « à la Dodge Viper » confirme la présence d’une grosse cylindrée entre les deux roues avant.
Une tenue de route à la hauteur
Comme je l’ai mentionné plus haut, les freins issus du catalogue de la maison italienne n’ont rien à voir avec les disques installés sur une sous-compacte moyenne. En effet, les rotors à l’avant ont un diamètre de 15 pouces et peuvent compter sur six pistons à l’intérieur des étriers peints en rouge. Les freins du deuxième essieu n’ont rien à envier non plus, leur diamètre étant de 13,8 pouces, tandis que les étriers profitent de quatre pistons.
Étant donnée la vocation pointue de ce « muscle truck », les pneumatiques de performance sont montées sur des jantes en aluminium allégé de 20 pouces de diamètre et de 10 pouces de largeur. En plus des contours d’ailes élargis, le VUS affiche clairement ses couleurs à l’arrière, avec ces deux pots d’échappement qui ronronnent à chaque pression sur la pédale de droite.
Heureusement, le traitement SRT ne s’arrête pas là, puisque la suspension adaptative a été élaborée en collaboration avec le fournisseur Bilstein, un nom qui n’a plus vraiment besoin de présentation dans le monde de la performance. Avec la molette qui permet de personnaliser le type de comportement recherché, la suspension se raffermit au besoin… heureusement d’ailleurs!
La même formule est appliquée sous le capot du plus puissant des modèles Jeep. Le V8 HEMI de 6,4-litres emprunté aux Dodge Challenger et Charger prend place à l’avant. Inutile de vous dire que les 475 chevaux-vapeur de puissance et les 470 lb-pi de couple sont amplement suffisants pour catapulter l’utilitaire à 100 km/h en environ cinq secondes. Disons que la boîte de transmission automatique à huit rapports y est pour quelque chose, celle-ci permettant aussi le changement manuel des vitesses via les palettes montées derrière le volant ou à l’aide du levier de vitesse.
Au volant
Une fois le gros V8 lancé, le Jeep Grand Cherokee SRT se conduit comme n’importe quel autre VUS équipé de pneus élargis. La direction est certainement plus lourde, idem pour la sensation plus mordante ressentie lors des freinages, mais au-delà de ces détails anodins et de la sonorité évidente du moteur, on se croirait à bord de n’importe quel autre VUS moderne. Bon d’accord, la bande en fibre de carbone, les sièges SRT enveloppants et le fait que l’indicateur de vitesse grimpe jusqu’à 300 km/h trahissent le caractère bestial du SRT. En fait, le volant tatoué des trois lettres est également un indice de la provenance du bolide.
Sans surprise, le Grand Cherokee SRT aspire l’essence à vitesse grand V lorsqu’il se retrouve en conduite urbaine, les nombreux arrêts n’aidant pas la moyenne de consommation. Imaginez maintenant lorsque la molette est placée en mode Sport ou Track : de la pure folie! En fait, ce dernier n’est pas vraiment recommandé en ville, les changements de la boîte de transmission étant un tantinet trop brusques à mon goût, le système antipatinage étant quant à lui débranché. Finalement, il y a le mode « Launch » ou Accélération si vous préférez. Celui-là permet d’effectuer des départs canon, une fonction clairement élaborée pour les amateurs de drag.
Heureusement, cette soif exagérée s’estompe réellement sur l’autoroute, surtout lorsque le mode Eco est enclenché, ce qui permet de rouler sur quatre des huit cylindres seulement si, bien sûr, le pied droit n’en demande pas trop. La sonorité du huit-cylindres en prend pour son rhume, mais bon, pour sauver quelques sous à la pompe, ce sacrifice est nécessaire.
Quant à la tenue de route, disons seulement qu’il faut encore respecter les lois de la physique, mais règle générale, le SRT impressionne en situation de courbe prononcée, tandis qu’au freinage, la masse est imposante, mais malgré tout, le système Brembo répond présent à chaque occasion.
Et que dire de la sonorité du V8 HEMI lors des fortes accélérations? C’est assurément l’une des raisons d’être de ce Jeep musclé. On a déjà hâte d’entendre le Grand Cherokee Trackhawk qui devrait arriver plus tard cette année.