Si l’on doit déterminer le pionnier des VUS « entre un sous-compact et un compact », c’est clairement le Jeep Compass qui a donné naissance à cette catégorie. Longtemps incompris dans la foulée des véhicules utilitaires chez Jeep, sa présence devient soudainement pertinente depuis l’arrivée de nouveaux joueurs dans ce segment, comme le Mazda CX-30, le Kia Seltos et le Toyota Corolla Cross, entre autres. Revisitons-le pour savoir s’il mérite encore sa place.
Coincé entre le Renegade et le Cherokee, le Jeep Compass se pointe en 2022 avec une bonne mise à jour qui lui permet de se moderniser sur plusieurs points. Tout commence par une nouvelle partie avant qui s’harmonise mieux avec le reste de la gamme et qui confère au véhicule une allure plus haut de gamme. La partie arrière reçoit, elle aussi, quelques subtiles révisions, et Jeep en profite pour ajouter de nouvelles jantes et de nouvelles couleurs de carrosserie. Personnellement je le trouve très joli. Dans un segment somme tout homogène, le Compass réussit à se démarquer par une présence routière unique.
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Jeep a également revu l’offre des déclinaisons et propose cinq versions : Sport, North, Trailhawk, Limited and Trailhawk Elite. Le prix d’entrée pour un Compass Sport est de 31 390 $, y compris les frais de transport et de préparation. Notre modèle d’essai était un Limited qui comportait quelques options, pour une facture finale complètement insensée de 48 975 $.
Mon Compass avait au moins un habitacle hautement bien ficelé grâce à l’ajout de l’ensemble de sièges en cuir caramel. Jeep a également apporté quelques améliorations à la présentation générale de la planche de bord, et, honnêtement, on a affaire à un tout autre véhicule qu’avant. Visiblement, Jeep est sérieuse quand elle prétend vouloir se tourner vers les acheteurs de véhicules de luxe, car cet habitacle est de toute beauté.
La qualité des matériaux est sans reproche, et on retrouve désormais un affichage entièrement numérique sur la déclinaison Limited. Elle calque d’ailleurs celle des modèles plus coûteux de Jeep, comme le Grand Cherokee et le Wagoneer. Mon modèle profitait également de la toute nouvelle interface multimédia Uconnect 5 avec écran de 10,1 pouces (8,4 pouces sur les modèles de base).
Cette interface fait un bond considérable en matière de technologie et de sophistication par rapport à sa devancière. La qualité graphique est excellente, et la vitesse d’exécution du système est rapide. On y trouve les plus récentes technologies, comme une borne WiFi (abonnement en sus), des mises à jour à distance et les connectivités Android Auto et Apple CarPlay sans fil. Je déplore toutefois le fait que ce système soit chargé en information et fasse preuve de complexité au chapitre de certaines fonctions.
L’habitacle du Compass est spacieux, tant à l’avant qu’à l’arrière, à un point tel qu’on pourrait facilement le qualifier de VUS compact tellement il est massif. Les places arrière font preuve d’un très bon dégagement pour les genoux et la tête. On ne peut toutefois pas en dire autant de son coffre. Bien que les 1 670 litres au total (avec le dossier du siège arrière abaissé) soient nettement plus élevés qu’un CX-30 (1 274 litres), le Compass se positionne derrière le Corolla Cross (1 855 litres) et le Volkswagen Taos (1 866 litres).
Le Compass ne change pas sur le plan technique. Un seul moteur est offert, soit un 4-cylindres de 2,4 litres d’une puissance de 177 chevaux et d’un couple de 172 livres-pieds. Il est toujours jumelé à une boîte de vitesses automatique à 9 rapports.
Le Compass s’offre de base avec les roues motrices avant, et en option avec une transmission intégrale. Celle-ci se démarque de la concurrence par ses divers modes de conduite. À titre d’exemple, sur le mode automatique, le système peut uniquement envoyer le couple disponible vers le train avant pour une meilleure consommation d’essence. Les modes Snow, Sand et Auto alternent le comportement des systèmes d’antipatinage et de freinage antiblocage (ABS) afin de s’adapter à la chaussée.
Hélas, aucune motorisation électrifiée n’est encore offerte sur notre Compass. Rappelons que ce véhicule est commercialisé avec une motorisation hybride rechargeable (4xe) sur d’autres marchés.
Bien que l’habitacle du Compass épate par sa qualité ainsi que par son degré de luxe et de confort, son comportement s’harmonise mal avec les promesses haut de gamme du constructeur.
Le Compass n’est pas très habile dans les virages. Du moins, il est beaucoup moins sportif qu’un CX-30 ou d’un Taos. On le sent haut sur roues, maladroit, et l’effet de roulis est très présent. L’insonorisation de l’habitacle n’est également pas à la hauteur de ce qui se fait dans cette catégorie.
Ensuite, il y a ce moteur qui, malgré une cylindrée plus grosse que celle des blocs de certains rivaux, manque sérieusement de souffle quand on la sollicite. Sa plage de puissance et de couple est étrange, et il n’y a jamais un point dans les tours où il performe mieux. C’est très fade comme motorisation. J’ajouterais même qu’elle est bruyante quand on l’utilise à plein régime.
Je n’ai toutefois rien à redire sur la boîte de vitesses qui fait un bon travail d’étouffer la sonorité du moteur à haute vitesse pour lui permettre de fonctionner en silence en arrière-plan. Elle répond rapidement quand on lui demande de passer aux rapports inférieurs.
Hélas, malgré une aussi bonne boîte de vitesses, le Compass n’affiche pas des chiffres de consommation d’essence très intéressants. Certes, je l’ai testé durant les journées froides du mois de janvier, mais il m’a été difficile de descendre sous les 11 litres/100 kilomètres.
Le Jeep Compass 2022 est beau, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, et il est certainement plus capable que la plupart de ses concurrents grâce à son rouage intégral franchement bien conçu. Dans son ensemble, le produit semble bien se positionner dans son segment respectif.
Mais quand on épluche l’oignon, on se rend compte que son dossier de fiabilité n’a pas réussi à s’améliorer au fil des années. Plusieurs problèmes mécaniques et électroniques sont encore répertoriés par les propriétaires. Ajoutez à cela une facture beaucoup trop salée considérant les excellents concurrents auxquels il fait face, et RPM ne peut recommander l’achat de ce véhicule.