Le Venue est la réplique de Hyundai au Nissan Kicks et au Toyota CH-R dans le segment des VUS sous-compacts, car tout comme ses deux concurrents, il est offert uniquement en version à traction. Si vous êtes d’avis qu’il est impensable de se procurer un VUS sans rouage intégral, oubliez le Venue et tournez-vous plutôt vers le Kona, un modèle qui s’inscrit dans le même segment, mais qui est légèrement plus imposant.
Parmi les trois concurrents du segment de VUS sous-compacts à traction, c’est le Venue qui remporte la palme de l’abordabilité. Son prix de vente de 19 700 $ en incluant les frais de livraison le situe à environ 1 500 $ en dessous du Nissan Kicks, alors que le Toyota CH-R s’exclut lui-même de la liste de plusieurs acheteurs avec un prix de base indécent de 26 000 $. Le constructeur Hyundai veut faire du Venue un VUS d’entrée de gamme très abordable, mais bien équipé, une recette qu’il applique avec succès depuis plusieurs années avec ses autres véhicules. Toutefois, dans le cas du Venue, cette approche a nécessité quelques compromis décevants qu’il est important de connaître.
Pour ce qui est de l’aspect visuel, les lignes du Venue sont un peu carrées par comparaison à celles du Kona, notamment la grille de calandre à l’avant, il a le nez aplati comme un bulldog. Sa signature visuelle est appuyée par ses phares de type projecteurs LED séparés du clignotant et des phares de jour et l’ensemble est très efficace en conduite de nuit, à tel point que bon nombre des conducteurs des véhicules que nous avons croisés croyaient que nous utilisions les feux de route à haute intensité. La réplique à leur appel de phare était cinglante!
Afin de rendre le Venue plus attrayant, Hyundai l’offre dans un choix de couleurs un peu plus audacieuses, dont le Jaune acide qui entraîne un supplément de 200 $, soit 0,62 $ par semaine selon le site du constructeur, le prix d’un café quoi. L’effet peut être encore plus saisissant si vous optez pour la configuration bicolore comprise dans l’ensemble Urban Edition, qui comporte un toit et quelques éléments de la carrosserie peints d’une couleur contrastante. Nissan et Toyota utilisent aussi la même approche, avec l’espoir que cette stratégie permettra d’attirer une clientèle plus jeune. L’idée est probablement de donner un peu de vie à des véhicules qui sont foncièrement ennuyants à la base.
Comme c’est souvent le cas des véhicules à petit budget, on retrouve à bord une panoplie de plastiques durs et de matériaux moins nobles, mais Hyundai a tout de même réussi à donner un petit cachet à l’habitacle en y ajoutant un aménagement deux tons et des surpiqûres aux endroits stratégiques dans certaines versions, notamment sur le volant, les sièges et le levier de vitesse. L’ajout de matériaux souples dans les portes et aux points de contact est aussi une belle touche. Rien à dire cependant côté qualité d’assemblage, c’est bien exécuté.
Si le tableau de bord est minimaliste, la bonne nouvelle est que l’on s’y retrouve facilement, les commandes sont simples à comprendre et facilement accessibles. Le système d’infodivertissement est accessible par l’entremise d’un écran tactile de 8 pouces placé à la verticale au centre du tableau de bord. Sa compatibilité avec Apple CarPlay et Android Auto facilite la vie au quotidien, on laisse ainsi de côté pratiquement toutes les autres fonctionnalités du système. Notre modèle d’essai était équipé du volant et des sièges chauffants, mais étonnamment, pas de climatiseur automatique. Il faut se tourner vers la version la plus équipée du Venue pour l’obtenir, même s’il s’agit pourtant d’une caractéristique importante aux yeux de plusieurs acheteurs.
Le Venue est un peu plus compact que le Nissan Kicks et présente donc un espace à bord plus réduit, surtout pour les passagers arrière. N’envisagez donc pas transporter trois amis à l’arrière trop souvent, sauf s’ils apprécient l’intimité. Nous avons pu transporter un équipement de hockey à l’arrière, mais rien d’autre. Le Venue est loin d’être le plus familial des véhicules : c’est en fait une Hyundai Accent un peu plus haute sur patte. La poignée extérieure du hayon est très basse, de sorte qu’il est impossible de l’ouvrir sans se salir les mains en hiver, un désagrément à chaque manipulation. Vive les hayons électriques!
Il n’y a pas vraiment de choix de mécaniques pour le Venue, car toutes les livrées sont équipées d’un moteur quatre cylindres de 1,6 litre qui développe une puissance de 121 chevaux et un couple de 113 lb-pi. On comprend alors que les intentions du constructeur sont simplement d’offrir un moteur capable de déplacer le véhicule avec un maximum d’économie de carburant et que tout le volet performance a été mis de côté. Notez que c’est exactement ce que Nissan fait avec le Kicks dont le moteur livre 122 chevaux. Le Toyota CH-R en offre plus grâce à un quatre cylindres de 2,0 litres, mais souvenez-vous de son prix.
La version de base est disponible avec une boîte manuelle à six rapports, autrement comme vous le devinez bien il faudra vous rabattre sur une automatique à variation continue baptisée IVT par Hyundai. Ce type de boîte est peu dispendieux et favorise l’économie de carburant, au détriment du plaisir de conduite. Ces désagréments ne sont pas trop perceptibles en zone urbaine ou si vous n’avez pas le pied lourd, mais lors qu’on sollicite les 122 chevaux plus brusquement, par exemple pour s’engager sur une route, on entend le petit quatre cylindres hurler son désaccord. Il ne faut pas considérer le Venue comme un grand routier, mais le petit sait se reprendre en ville.
Autre exemple de compromis pour le Venue, il a été équipé de freins à disque ventilés à l’avant pour un peu plus de mordant, mais on a épargné quelques dollars en utilisant des freins à tambour à l’arrière. Au moins, vous épargnerez un peu en frais d’entretien.
Si ses dimensions ultra-compactes le pénalisent à bord, sur la route le Venue est très agile et se faufile partout aisément. Le stationner est un vrai charme et laisse un espace insoupçonné dans le garage. La visibilité est aussi très bonne au volant en raison de ses formes assez carrées et de ses larges surfaces vitrées et avec sa position de conduite plus élevée, il possède tous les atouts qui attirent plusieurs acheteurs vers un VUS.
Sur route enneigée, j’ai été surpris de l’aplomb et de l’adhérence du Venue en zone urbaine. Au départ d’un feu de circulation et d’un arrêt obligatoire, j’ai tellement distancé les autres véhicules que je me demandais si mon modèle d’essai n’avait pas hérité d’un rouage intégral par erreur. Il faut dire que cela s’explique en grande partie par le fait qu’il était chaussé de pneus d’hiver très efficaces. L’économie d’essence ne témoigne pas des compromis faits par sa cylindrée réduite et sa transmission CVT et il m’a été impossible de m’approcher des chiffres annoncés par le constructeur, soit 7,5 litres/100 km en conduite combinée.
Mon collègue Luc-Olivier qui avait fait l’essai du Hyundai Venue précédemment m’avait fait savoir qu’il avait noté beaucoup de bruit de pierres dans les ailes. J’ai eu droit à la même expérience et à tout un concert de roches et de sel épandus durant une tempête qui venaient se frapper contre l’intérieur de l’aile, ce qui est rapidement devenu irritant. Clairement, Hyundai a lésiné sur l’insonorisation des ailes, élément qui peut passer inaperçu dans un climat plus indulgent, mais pas au Québec.
Le Hyundai Venue 2020 représente une belle riposte et son prix ultra compétitif permettra certainement d’attirer les acheteurs dans les salles d’exposition. Il présente de belles qualités, mais il faut savoir qu’il entraîne plusieurs compromis auxquels Hyundai ne nous avait pas habitués ces dernières années. Il assure tout de même une bonne tranquillité d’esprit puisque nombre de ses composantes mécaniques sont bien connues, et bien entendu, Hyundai offre une garantie bien supérieure à celle de ses rivaux. On peut inclure le Venue dans nos recommandations, mais si jamais la concurrence se corse, il pourrait rapidement trainer de la patte.