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Grosse année, mais bonne année?
En 2023, Honda ne lésine pas sur les moyens avec le renouvellement de pas moins de 4 modèles. Il y a eu le HR-V, le CR-V, l’Accord et voilà le Pilot de 4e génération. Depuis des années, le Pilot représente l’un des meilleurs achats qu’une famille puisse faire. Il a toujours été gros, spacieux ainsi qu’ergonomique, affichait de bonnes capacités de remorquage et un rouage compétent. À cela, on ajoute une fiabilité établie, des frais d’entretien sous la moyenne et une valeur de revente parmi les plus élevées de toute l’industrie. Avec le changement de génération, on ne peut que s’attendre à encore mieux, mais Honda nous a fait une mauvaise farce avec le HR-V 2023 et une déception avec le CR-V 2023. Qu’en sera-t-il du Pilot?
Terminée l’ère fourgonnette
Alors que le Pilot des deux premières générations était angulaire et présentait des lignes « camions », à la 3e génération, le tout s’est passablement assagi. Plusieurs critiquaient ses airs de fourgonnette pas assumée. En 2023, on revient aux sources avec des traits carrés. Les airs de famille avec son petit frère, le CR-V, sont apparents du côté du design avant. L’aménagement de la grille de calandre verticale au fini lustré noir et le regard sévère de ses blocs optiques horizontaux entièrement à DEL contribuent à lui conférer un look « macho ». Ajoutez à cela un capot presque plat et vous constaterez que le Pilot a de la prestance. La version TrailSport à l’essai avec son bleu ciel voilé nacré (300 $) permettait de trancher avec les divers éléments de design.
De profil, on réalise à quel point le Pilot est gros. Il est plus long de 101,6 millimètres (5 080), plus haut de 51 millimètres (1 828,8), la largeur demeure la même, et l’empattement s’étire de 50,8 millimètres (2 870,2). Il frise le format des VUS pleine grandeur. Il n’y a aucun chrome sur l’ensemble de la carrosserie à l’exception des embouts d’échappement sur certaines versions. La forme de la vitre latérale arrière donne l’impression qu’elle est sur le point de tomber, c’est étrange. Les jantes peintes en gris du TrailSport sont de 18 pouces avec des pneus axés sur les activités hors route. Au passage, il faut souligner que cette version offre une garde au sol de 8,3 pouces, un pouce de plus que les autres Pilot.
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À l’arrière, l’inspiration manque. On dirait une copie conforme du Ford Everest 2015. Les feux sont à DEL et rejoints par une applique noire avec l’inscription PILOT. Dans la partie inférieure, en fonction de la version, dont le TrailSport, on obtient une fausse plaque de protection grise contrastante. Toutes les versions, sauf l’EX-L, viennent avec des longerons de toit.
Habitacle au rabais
Honda vise la fonctionnalité. Sans surprise, considérant sa taille, l’accès est très facile, et la position de conduite, haute. Malgré la fenestration généreuse, notez que les piliers sont massifs et causent des angles morts. On réalise vite que le Pilot, malgré sa position dans la gamme, n’obtient pas d’éléments nouveaux. Tout est récupéré. Le volant chauffant de série offre une bonne prise en main et se manipule facilement avec des commandes simples. L’instrumentation partiellement numérique avec affichage de 7 pouces, bien que fonctionnelle, n’a pas le panache de celle de certains concurrents. Pour jouir d’un écran de 10,2 pouces, une taille plus en vogue dans le marché, il faut se tourner vers les modèles Touring et Black Edition, même chose pour l’affichage tête haute.
Autre retard, le système multimédia dans la version Sport de base n’a qu’un affichage de 7 pouces. Dès l’EX-L, on passe à 9 pouces, mais là encore, la concurrence est ailleurs. C’est d’autant plus gênant pour Honda qui parle ici d’une nouvelle génération de véhicule et au sommet de la gamme. Le système est fonctionnel avec ses pastilles de couleurs qui attirent le regard, mais la modernité est en retrait. Une chose que le Pilot fait bien et pourrait même être prise en exemple, c’est la question de l’optimisation des espaces de rangement. On en retrouve partout et de bonne taille ; avec une famille, c’est essentiel.
Les sièges offrent un confort limité par l’absence de maintien. Ils sont confortables à la manière d’un « La-Z-boy ». Le Pilot vient avec différentes configurations de sièges à la 2e rangée, deux sièges baquets ou une banquette à trois places. Par conséquent, le Pilot offre 7 ou 8 places à bord. L’accès arrière à la 2e rangée de sièges est facile grâce à la gigantesque portière, et l’on obtient un dégagement des plus généreux. Pour ce qui est de la 3e rangée de sièges, on doit se contorsionner légèrement, mais moins que du côté de la concurrence. Une fois assis, là encore, on découvre des sièges bien adaptés, même pour des adultes. Trois personnes y seraient à l’étroit, mais deux y seront bien.
Au coffre, le Pilot avale tout le monde. Le TrailSport a des capacités qui diffèrent des autres versions. De base, il est à 618 litres (contre 635 L pour les autres versions), tout comme le Sport, étant à 7 places, il grimpe à 1 685 litres (1702 L. pour les autres versions) derrière la 2e rangée. Quand on rabat le tout, il atteint 3 219 litres. Je n’ai pas le choix de parler de la piètre qualité de la fabrication du Pilot. Les matériaux sont de qualité décente, mais leur assemblage est inacceptable. Syndrome du HR-V, le tableau de bord est mal fixé, l’écran central semble ne tenir à rien.
Conservateur
La tendance dans le segment des VUS intermédiaires va de plus en plus vers la réduction de la cylindrée, mais pas ici. Le constructeur arrive avec une évolution de son V6 de 3,5 litres qui gagne 5 chevaux, à 285. Le couple de 262 livres-pieds demeure le même. La plus importante nouvelle consiste en l’intégration de la boîte de vitesses automatique à 10 rapports. Elle sert surtout à contribuer à la réduction de la consommation. Le moteur offre la puissance et la souplesse habituelle qu’on connaît des V6 de Honda. En revanche, je n’ai pas du tout aimé le rendement de la boîte. Peu importe le mode de conduite choisi (Sport, Normal, Neige, ECON, Remorquage, Sentier ou Sable), elle cherche constamment le bon rapport avec hésitation ou des mouvements saccadés. J’ai eu un sentiment de déjà vu comme en 2016 lors de l’intégration de la boîte à 9 rapports de conception ZF. Encore une fois, Honda devra refaire ses devoirs en matière de programmation de boîte. Au terme de mon essai, j’ai obtenu une consommation moyenne de carburant de 11,6 litres/100 kilomètres.
Bien que les gènes de Honda soient présents dans la calibration de la direction, l’expérience au volant n’est pas orientée vers l’agrément de conduite. Les suspensions surélevées de 1 pouce par rapport aux autres versions et les pneus de 18 pouces nuisent à la stabilité générale du véhicule sur la route. Ajoutez le fait qu’il est haut et lourd pour que toute tentative de dynamisme soit limitée par les mouvements de caisse. À moins de faire des activités hors route plus sérieuses que des chemins de terre, la version TrailSport n’est pas la version à favoriser. Le Pilot, dans les meilleures conditions d’utilisation, offre une capacité de remorquage dans la norme de 2 268 kilos (5 000 livres).
Conclusion
Oui, le Honda Pilot TrailSport 2023 est plus spacieux pour les occupants et offre un « style » affirmé. Cependant, j’ai un sentiment de déjà vu… ce que j’ai vu avec des HR-V et CR-V 2023. Et ce n’est rien d’impressionnant. Le Pilot ne progresse pas. N’offre pas de nouvelles technologies, d’hybridation sous une forme ou une autre, rien. Pas d’accessoires pour séduire, d’écran multimédia d’envergure, aucun wow et le tout est emballé dans une qualité de construction des plus faibles de l’industrie actuellement. Pour ajouter à l’insulte : le prix. La version TrailSport à l’essai était à 59 865 $. Je vous confirme qu’on n’a pas la sensation d’en avoir pour notre argent, la déception est grande. De plus, si l’on considère que la motorisation est lourdement retravaillée et que l’on intègre une nouvelle boîte de vitesses au rendement douteux, nous vous recommandons d’attendre avant de vous le procurer. Après tout, ce ne serait pas la première fois que les tout premiers débuts d’une nouvelle génération de Pilot connaissent des ratés.
