Apparue l’an dernier, la troisième génération du multisegment familial est venue donner un sérieux coup de main aux stratèges du constructeur. Un simple coup d’œil confirme que la refonte a rapporté au chapitre des ventes, le VUS ayant gonflé ses parts de marché sur notre continent. Il faut dire que ces gros multisegments prennent de plus en plus la place autrefois réservée aux minifourgonnettes. Le look aventurier, ça vend à ce qu’il paraît!
Le hic dans cette affirmation, c’est que le véhicule qui se retrouve actuellement sur votre écran commande la modique somme de 50 790 $ avant les frais de livraison de 1840 $. Pas mal pour un véhicule qui servira de salle de jeu à la marmaille au fil des années, n’est-ce pas? Bon d’accord, cette livrée Touring est la plus onéreuse de la gamme. Il est donc possible de viser un modèle plus accessible que ce salon sur roues, mais tout de même, c’est coûteux de rechercher le confort suprême pour les enfants.
Un road trip à Toronto
Mon premier contact avec le Honda Pilot 2016 s’était déroulé sur de belles routes de campagnes de l’Ohio, non loin de Cincinnati, aux États-Unis. Le VUS avait brillé par son confort et sa tenue de route exemplaire pour un véhicule de cette taille.
Pour ce deuxième essai, un aller-retour à Toronto avec quatre amis me semblait idéal pour voir comment se comportait ce véhicule à caractère familial sur une longue distance. Et, contrairement au premier essai, cet utilitaire appartenant à Honda Canada avait presque franchi le cap des 20 000 km au compteur après une année d’utilisation. L’avantage de pouvoir conduire un véhicule de presse à haut kilométrage – pour un véhicule de presse s’entend –, c’est de constater s’il a bien résisté à l’épreuve du temps.
Malgré quelques égratignures ici et là, le Pilot avait bonne mine pour un véhicule malmené par une meute de journalistes automobile au fil des mois. En livrée Touring, le Pilot se fait plus convaincant avec ses jantes de 20 pouces qui remplissent à merveille les arches de roues, contrairement aux « petites » jantes de 18 pouces des livrées inférieures. Au-delà de ce détail relié au design, le Pilot est tout de même moins original que le modèle précédent avec sa carrure « camionnesque », mais bon, le changement de cap plus populiste a déjà prouvé son utilité auprès du département marketing.
Un excellent moteur, une transmission plus douteuse
Le constructeur japonais est reconnu pour ses motorisations souples, durables et même passablement économes à la pompe. Le V6 de 3,5-litres ne fait pas exception à la règle, lui qui peut même couper trois des six cylindres afin de sauver encore plus d’essence, à condition de ne pas trop le solliciter. Qui plus est, l’extinction du moteur à l’arrêt est un autre équipement qui réduit quelque peu la facture à la fin de l’année. Avec une puissance accrue depuis que cette troisième version du Pilot roule sur nos routes, le VUS n’a rien à envier à la concurrence, son moteur ayant même reçu l’injection directe lors de la refonte.
Là où ça devient plus délicat, c’est au niveau de la boîte de transmission automatique à neuf rapports, une unité exclusivement boulonnée à cette édition Touring. Tous les autres niveaux de finition du véhicule conservent la transmission automatique à six rapports développée par Honda, celle boulonnée dans le Pilot Touring étant un produit du manufacturier ZF.
Rappelons que cette composante a fait couler beaucoup d’encre au fil des années, elle qui se retrouve à bord d’une panoplie de produits FCA et Land Rover. D’ailleurs, une importante campagne de rappel vient d’être lancée aux États-Unis à cet effet. Le nombre supérieur de rapports est un gage d’économie d’essence et même d’efficacité en accélération, mais en revanche, la fiabilité de l’unité est remise en question ici.
Contrairement à la transparence de la boîte à six vitesses – qui conserve son bon vieux levier de vitesse contrairement aux boutons de cette version Touring –, celle du Pilot Touring n’est pas toujours un modèle de souplesse. Une simple pression sur la pédale de droite pour effectuer un dépassement sur l’autoroute se transforme rapidement en une réaction assez brusque (et peu agréable) de celle-ci. Et ce phénomène s’est répété à plusieurs reprises pendant ce périple de plus de 1000 km. Doit-on s’inquiéter de cette transmission ZF? La question mérite au moins d’être posée, mais jusqu’ici, son dossier est loin d’être vierge.
Heureusement, le Honda Pilot demeure un excellent choix au sein de cette catégorie. Doté d’une suspension calibrée pour le confort avant tout, le VUS assemblé aux États-Unis est le prototype idéal du VUS conçu pour avaler les kilomètres. Même l’électronique s’en mêle avec l’aide aux changements de voie ou le régulateur de vitesse intelligent qui, je dois l’avouer, peut devenir agaçant à la longue lorsqu’il détecte un véhicule devant. Du reste, le Honda Pilot est un véhicule à « road trip », non seulement à cause de son confort général, mais également par sa versatilité au quotidien : les deux dernières rangées de sièges sont très faciles à manipuler, ce qui simplifie l’accès à bord.
Conclusion
Malgré son design moins original, j’avais prévu que ce gros véhicule connaîtrait une hausse de popularité chez nous et c’est ce qui est arrivé. Peut-être n’a-t-il pas le côté aventurier du Toyota 4Runner ou du Jeep Wrangler, mais ceux-ci s’adressent à un auditoire très pointu. Le Honda Pilot ne fait que suivre la vague de ces pseudo-VUS qui prennent petit à petit la place des fourgonnettes d’antan. Et le Pilot accomplit son boulot à merveille. Espérons seulement que cette transmission tienne le coup. Sa fiabilité aléatoire pourrait nuire à la réputation du constructeur.