Les bonnes vieilles familiales de mon enfance n’existent plus, c’est un triste fait. Aujourd’hui, les familles préfèrent, et de loin, la mode des VUS. On les dit véhicules utilitaires sports. Par contre, suivant mon test du CR-V Sport 2020, je n’ai rien vu ni senti de « sport ». Je suis tenté de le catégoriser dans un nouveau segment, les « VUF », des véhicules utilitaires familiaux.
2020 marque le milieu de vie de l’actuelle génération du CR-V, initialement introduit en 2017. Fidèle à ses habitudes, Honda demeure très tranquille. En fait, un non-initié ne verra probablement pas les différences. Tout d’abord, il importe de souligner que ma version « Sport » à l’essai remplace le modèle EX dans l’alignement du CR-V. Pour 2020, Honda délaisse un peu de chrome dans la calandre. La partie centrale passe au noir sur toute la gamme, une excellente idée. J’entends Pierre et son amour inconditionnel du chrome… On découvre également un nouveau pare-chocs avec des appliques grises crochetées vers le haut aux extrémités. Il obtient aussi des jantes de 18 pouces peintes en gris anthracite sur la version « Sport ». À l’arrière, le pare-chocs diffère un peu. Les embouts d’échappement adoptent une forme rectangulaire et les lentilles de feux prennent une teinte fumée. Dans l’ensemble, il n’y a rien d’extraordinaire, mais le design général demeure distinctif et efficace. Contrairement à plusieurs produits Honda mis à l’essai récemment dans RPM, la finition, l’assemblage et la peinture sont sans reproche, du moins dans la moyenne supérieure du segment.
Honda se distingue par sa rationalité. On le sent très bien dans la cabine. Le design général ne fera pas école, mais démontre une très grande efficacité. La majorité des commandes sont bien passées. Malheureusement, le CR-V ne jouit pas du dernier système multimédia de l’entreprise, on conserve l’ancienne approche. Je dois vous confier que l’on se cherche à quelques occasions. Cependant, de manière générale, il répond aux attentes. Les boutons de la climatisation se retrouvent en dessous du moniteur. Pas un mot à dire, ils sont simples et faciles à lire. Le chauffage n’est pas le point fort du CR-V, lent et peu puissant au démarrage. Disons qu’on se les gèle un certain temps avant d’être confortable. Je sais que je ne suis pas le seul à avoir expérimenté cette froideur, c’est autant plus vrai depuis la « réparation » du problème d’essence dans le moteur. Au moins, on profite d’un volant et de sièges chauffants.
Même si elle n’est pas complètement équipée, la version Sport offre plusieurs accessoires intéressants comme le fameux LaneWatch qui projette à l’écran une image de l’angle mort droit. Les sièges « Sport » reçoivent un recouvrement avec une étrange matière à la jonction du tissu et de la cuirette. De plus, le conducteur bénéficie d’ajustements électriques en 12 directions pour son assise. Par ailleurs, le système audio est de meilleure qualité, le volant et le pommeau de transmission sont recouverts de cuir.
Le CR-V ne peut pas être pris en défaut en matière d’espace. C’est extrêmement volumineux avec un pavillon de toit surélevé. L’autre avantage est la visibilité sans reproche. Que l’on soit à l’avant ou à l’arrière, les dégagements sont géniaux. Il y en a de la place ! On peut très facilement et en tout confort être 5 personnes adultes sans se piler dessus. Bonne chose, le tunnel de transmission empiète très peu l’espace pour les jambes du passager au centre. L’autre point d’exception : l’aménagement du coffre. Le seuil est vraiment très bas ce qui permet d’y déposer des objets sans encombre. De plus, l’ouverture large ne fait pas d’entrave. Dans le segment, le CR-V est battu que par le Rogue et ses 2 litres supplémentaires. De facto, on obtient 1 110 litres et 2 146 litres une fois le dossier couché. Il représente l’incarnation du véhicule utilitaire familiale moderne.
Je suis en beau maudit contre Honda Canada. Non pas que le quatre cylindres de 1,5 litre de 190 chevaux et 179 lb-pi de couple ne soit pas très bien adapté au CR-V, ce n’est pas le moteur que je voulais. Imaginez-vous qu’il existe pour 2020 une version hybride disponible aux États-Unis. Honda Canada, dans toute sa grande sagesse, a décidé de ne pas l’importer au pays. BRAVO. Clairement, la direction n’a pas regardé les ventes du RAV4 Hybrid de Toyota avant de prendre cette décision.
Quoi qu’il en soit, le 1,5 litre revient sans changement pour 2020. Il demeure très compétent et toujours aussi efficace. Je n’ai pas ressenti de puissance superflue, mais je l’imagine mal avec cinq personnes à bord, des bagages et les 680 kg disponibles pour le remorquage. La CVT vise un seul objectif, réduire la consommation de carburant. Il n’est donc pas rare de voir le moteur descendre inutilement en régime. En plus du mode ECON efficace, j’aimerais que Honda nous offre le choix d’avoir une configuration « Sport » qui pimenterait la conduite.
Dans mon souvenir du système intégral Real Time AWD, son comportement était plus incisif. De manière générale, ce sont les roues avant qui tractent le véhicule. Lorsqu’il y a une perte d’adhérence, un départ ou encore une montée, les quatre roues entrent en fonction. Ce qui m’a étonné : la lenteur de sa réaction. Certes, on peut engager le différentiel arrière en tout temps pour plus d’efficacité, mais venant de Honda je m’attendais à mieux. Disons qu’il n’est pas au niveau de Subaru pour ce qui a trait à l’AWD. Le Forester garde sa confortable avance à ce sujet. Honda annonce une moyenne combinée de 8,1 litres/100 km. Durant mon essai, mon CR-V avait bien évidemment des pneus d’hiver, mais la température était relativement clémente. Au terme de ma semaine en sa possession, alors que j’ai majoritairement fait de l’autoroute, il n’est pas passé sous les 9,7 litres/100 km.
Depuis quelques années, je ne peux pas dire que les produits Honda m’offrent la même expérience d’agrément de conduite que précédemment. Je dois vieillir ! Le CR-V ne s’oriente que vers la fonction familiale et clairement, le but est d’aller du point A au point B. La direction répond très bien, mais laisse derrière elle toute communication avec le pilote, aseptisée la décrit bien. Les suspensions ne procurent pas de sensations autre qu’un grand confort sur la route. Elles absorbent très bien, mais à la moindre excitation, les mouvements de tangage s’invitent. Il n’aime pas se faire brasser. En virage, on sent bien la caisse se déporter vers l’extérieur. Levez le pied. Je vous ai dit que c’est la version « Sport ». Le « Sport » n’est que de nom, rien de sportif n’émane de ce CR-V. Si le dynamisme de conduite ne fait pas partie de l’équation dans votre choix de véhicule, là, c’est une autre paire de manches. Le comportement se montre très sain et surtout sans histoire. J’aimerais simplement que l’on retrouve Un peu plus de l’ADN du constructeur dans la mécanique.
Il n’y a rien de parfait en ce bas monde, mais dans l’optique d’un usage familial, le CR-V peut difficilement être pris en défaut. Toutes les qualités sont réunies et bien calibrées. Certainement, nous apprécierions un peu plus de stimulation derrière le volant, mais pour le train-train quotidien, il fait tout sans accroc significatif. Bien que Honda soit demeuré coi dans l’explication des modifications quant au problème de mélange d’essence dans l’huile du moteur, on nous dit que c’est du passé. Comme toujours, on reste vigilant, mais RPM recommande le CR-V sur la liste des produits prioritaires dans le segment des VUF.