Pourquoi ne pas offrir de version 100% électrique chez nous? À ce sujet, les stratèges de Honda Canada mentionnent que la polyvalence d’une hybride enfichable capable d’offrir 76 kilomètres d’autonomie en mode 100% électrique convient mieux aux besoins des acheteurs canadiens. Et franchement, ils ont raison. Surtout en considérant la faible autonomie de la Clarity EV, qui se situe en deçà de celle de tout autre modèle offert actuellement sur le marché (si vous excluez la smart et la Mitsubishi i-MIEV).
Maintenant, est-ce que ces 76 kilomètres annoncés sont réalistes? Absolument. En de belles conditions, met avec le climatiseur toujours en fonction, j’ai pu parcourir 79,4 kilomètres avant que le moteur à essence ne se mette en marche pour une première fois. Donc oui, l’autonomie est sérieuse.
Il faut dire que cette hybride n’est pas conventionnelle dans son approche. Sur le plan technique, il faut la comparer à une Chevrolet Volt. Honda la considère d’ailleurs comme sa plus proche rivale. Pourquoi? Parce que la plupart du temps, et comme avec la Volt qui utilise le même principe, le petit quatre cylindres de 1,5 litre (dérivé de celui de la Civic) fait office de génératrice pour alimenter la batterie au lithium-ion de 17 kWh. Or, par l’entremise d’un embrayage électronique, ce moteur peut aussi acheminer la puissance directement aux roues avant, dans le cas où l’on circule à vitesse constante, par exemple sur l’autoroute. En de telles situations, Honda affirme qu’il est plus avantageux sur le plan énergétique d’avoir recours à l’essence qu’aux batteries, qui se déchargeraient trop rapidement. Parlant de consommation, on annonce chez Honda une consommation moyenne de 5,6 litres aux 100 km, une fois les 76 kilomètres en mode 100% électrique épuisés. Vous pouvez aussi entendre par cela qu’on obtient une autonomie totale de 550 kilomètres avec un plein de 26 litres, soit la capacité totale du réservoir. Pas mal, hein?
Contrairement à la Volt, la Clarity se classifie comme une intermédiaire. D’ailleurs, ses dimensions se rapprochent dangereusement de celles de l’actuelle Honda Accord, qu’on propose également en version hybride. La Clarity est toutefois plus lourde, affichant un poids de 1 843 kilos. Il faut dire que les batteries pèsent lourd dans la balance, ces dernières étant positionnées sous la banquette arrière, afin de ne pas empiéter sur l’espace cargo.
Malgré son poids et ses dimensions considérables, la Clarity ne manque pas de verve. Sa puissance maximale combinée de 212 chevaux offre toute la latitude nécessaire pour offrir de bonnes accélérations et d’excellentes reprises. À lui seul, le moteur électrique produit instantanément 232 lb-pi de couple, laissant place à des envolées surprenantes. Honda y propose même trois modes de conduite, allant du mode Econ au mode Sport. Évidemment, le premier affecte négativement les performances au profit d’une meilleure économie énergétique alors qu’il en est tout le contraire avec le second. Considérez également que le mode Sport engendre une mise en marche fréquente du moteur à essence, afin de vous livrer toujours la plus grande puissance possible. Puis, comme du côté de Chevrolet, la Clarity est dotée d’un dispositif de régénération d’énergie lors de la décélération, qu’il est possible d’accentuer au moyen d’un levier positionné sur le volant.
Malgré ses montes pneumatiques conçues pour améliorer le rendement énergétique, la Clarity impressionne par son comportement. Stable, confortable et particulièrement bien insonorisée, elle n’a évidemment pas l’âme d’une sportive, mais propose une maniabilité et une tenue de route tout à fait honorables. Cela s’explique par l’efficacité de la suspension (indépendante aux quatre roues) mais aussi par un centre de gravité très bas. Même la direction a de quoi surprendre, proposant une précision remarquable et une assistance progressive très bien dosée. Conséquemment, son confort comme le raffinement de son comportement dépasse celui de la Chevrolet Volt, plus petite et certainement moins bien équilibrée. Et contrairement à la Ford Fusion Energi, l’effet de lourdeur comme le déséquilibre des masses n’est ici aucunement ressenti.
L’habitacle de la Clarity est extrêmement bien conçu. Réglons d’abord la question du coffre, spacieux, mais aux formes intérieures tarabiscotées. Le volume est donc plus difficile à exploiter qu’avec une berline conventionnelle, quoique la banquette soit tout de même rabattable à la façon 60/40.
Maintenant, le poste de conduite a pour sa part de quoi surprendre. Ne vous attendez pas ici à de jolies teintes affriolantes, à des riches garnitures et à une présentation audacieuse. Rappelez-vous que vous êtes…chez Honda ! Or, tout a été magnifiquement étudié afin d’offrir non seulement le plus grand des conforts, mais aussi l’environnement le plus ergonomique qui soit. Les sièges sont donc bien sculptés, juste assez moelleux et réglables de multiples façons. La position de conduite est également impeccable, tout comme l’efficacité de l’écran central tactile accueillant de multiples caractéristiques, dont l’intéressant système LaneWatch et l’application AppleCarPlay/AndroidAuto. Ironiquement, la version de base, même si vendue à 40 000$, n’offre pas de système de navigation. Pour en bénéficier, il faudra passer à la version Touring, vendue à 4 000$ de plus, laquelle comporte aussi sellerie de cuir, radio satellite et quelques autres babioles. Honda estime néanmoins que la majorité des ventes se feront avec le modèle de base, les équipements du modèle Touring n’étant pas indispensables.
Oui, vous avez raison, critiquer le style d’une voiture est subjectif. Je vous laisserai donc le soin de vous faire votre propre opinion à propos de celui-ci, me permettant tout de même dire qu’il n’aurait pas coûté plus cher de la faire belle ! On nous dit chez Honda que cette ligne a été conçue par souci d’aérodynamisme, refusant néanmoins de dévoiler le coefficient de trainée de la voiture. Est-elle plus aérodynamique qu’une Chevrolet Volt? Qu’une Tesla? Difficile à dire. Or, une chose est certaine, elle se fait foudroyer de commentaires négatifs sur les réseaux sociaux, en raison de son style, disons…discutable.
La bonne nouvelle, c’est qu’en la conduisant, on l’apprécie davantage. Non seulement parce que son rendement énergétique, son confort et son comportement impressionnent, mais aussi parce qu’à son volant, il nous est impossible d’apercevoir les lignes extérieures !
En terminant, est-ce que cette voiture pourrait permettre à Honda de finalement s’illustrer dans le monde des voitures vertes? Oui, sans aucun doute. D’autant plus qu’elle est éligible chez nous au crédit gouvernemental maximal de 8 000$ applicable à l’achat comme à la location d’un véhicule électrique. Reste à voir si la clientèle acceptera de donner une énième chance à Honda, qui n’a jamais su se montrer sérieuse avec ses précédentes Insight, CR-Z, Civic hybride et autres…