La Honda Civic Si est un modèle qui n’a plus besoin de présentation. Elle a toujours agi en Amérique du Nord comme fer de lance de la gamme Civic en raison de son approche sportive, aiguisée et pointue qui a fait sa renommée au fil du temps. La tâche n’est pas mince de repenser une telle bagnole, mais Honda n’a pas perdu la touche.
Depuis longtemps déjà, la Honda Civic Si est offerte à la fois en version coupé et berline. Si cette dernière a eu de la difficulté à prendre son envol initialement, elle est devenue tellement populaire que le coupé a été carrément éliminé de la gamme, autant pour la Si que la Civic régulière, en 2022. Les temps changent.
Ce qui ne change toutefois pas, c’est la formule. Elle est évidemment toujours basée sur la berline régulière. De subtiles améliorations ont été apportées à la portion avant, notamment à la grille de calandre et au bas du pare-chocs. Des jantes noires de 18 pouces, au design emprunté à la Civic Sport, sont de série et le coffre est orné d’un déflecteur discret. Chose certaine, elle est moins flamboyante que la précédente, mais je préfère cette approche plus réfléchie que criarde, axée sur les détails et qui semble s’inspirer de ce que font les constructeurs allemands.
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Là où le bât blesse, c’est en matière de peinture. Elle est très mince et surtout pleine de pelure d’orange, à un niveau rarement observé. Il est même difficile de se voir dans certains panneaux tant la réflexion est brouillée.
La Civic Si n’est offerte qu’en une seule déclinaison, comme auparavant. Celle-ci vient bien équipée à un prix tout inclus de 34 981 $, une augmentation quand même drastique de plus de 2 800 $ en comparaison à la berline Si de précédente génération, offerte jusqu’en 2020. Pourtant, de prime abord, rien ne justifie une telle augmentation… sauf peut-être l’appât du gain dont fait preuve Honda depuis quelques années.
Je vous disais que l’acheteur doit se contenter de l’équipement que le constructeur a cru bon de conférer à la bagnole : volant en cuir chauffant, chargeur par induction, toit ouvrant, instrumentation numérique, infodivertissement de 9 pouces et tous les systèmes d’assistances à la conduite sont de série. Quoi demander de plus? Pas grand-chose, hormis des sièges à commande électrique, ne serait-ce que pour le conducteur. En 2022, à ce prix, ce ne serait pas de trop.
Parlant des sièges, ils sont plus cintrés que ceux d’une Civic régulière et procurent un maintien impossible à prendre en défaut. Ils sont confortables et chauffent rapidement en hiver. De plus, le matériau qui les recouvre est d’excellente qualité. Ils donnent le goût de fouetter la machine, ce qui tombe à point dans une telle voiture.
Une autre chose qui tombe à point est la position de conduite. Toutes les commandes sont faciles d’accès, y compris le volant et le petit levier de vitesse en aluminium. Tout est pensé pour valoriser une conduite sportive, y compris une excellente visibilité sous tous les angles, et c’est très bien ainsi. Que dire également de la facilité d’utilisation déconcertante du système d’infodivertissement, de la simplicité des commandes de climatisation et de la clarté de l’instrumentation. La qualité d’assemblage est bonne et l’approche stylistique également, se rapprochant encore une fois des Allemandes.
C’est pratiquement le statu quo en matière de motorisation avec la nouvelle Civic Si. C’est toujours le 4-cylindres turbocompressé de 1,5 litre qui se trouve sous le capot, curieusement avec une puissance légèrement diminuée. La Honda Civic Si crache désormais 200 chevaux (-5 chevaux) et un couple identique de 192 lb-pi à compter de 1 800 tr/min. La boite manuelle à six rapports avec correspondance automatique du régime moteur (auto rev-match) demeure la seule proposée pour acheminer la puissance à l’avant par l’entremise d’un différentiel à glissement limité.
Quand je disais d’entrée de jeu que la Honda Civic Si conservait la même recette, mais qu’elle était plus mature, c’est en grande partie en raison de son comportement routier. Malgré un léger délai d’action du turbo, la mécanique toujours aussi vive ne manque pas d’accrocher un sourire au visage, tout comme la boite manuelle directe et très précise, fidèle à Honda. Évidemment, la faible cylindrée du moteur et sa puissance contenue n’octroie pas une puissance aussi expressive que celle d’une Volkswagen Jetta GLI, mais sa transmission très agréable avec une synchronisation du régime moteur très efficace (particulièrement en mode Sport) fait qu’on ne se lasse pas de changer les rapports pour pousser le petit moulin dans ses derniers retranchements.
De changer les rapports fréquemment expose toutefois un défaut de la voiture sur lequel Honda aurait dû se pencher : le « Rev Hang ». En accélérant, en enfilant les rapports, le moteur maintien son régime pendant un certain temps même quand l’accélérateur est relâché. Ça m’a laissé l’impression d’être déconnecté de l’auto, nuisant aux changements de rapports fluides.
Sur la route, la Civic Si est plus posée qu’auparavant. La suspension assez ferme absorbe bien les crevasses de la route et permet à la caisse d’être bien plantée au sol, même dans les virages prononcés. La direction rapide et l’agilité de la voiture en font un vrai charme à conduire en ville comme sur la route.
J’ai enregistré une consommation moyenne de 7,6 litres/100 km, ce qui m’apparaît être tout à fait raisonnable pour une voiture sportive conduite en condition hivernale. C’est moins que la Volkswagen Golf GTI que j’avais la semaine d’avant.
La Honda Civic Si est toujours aussi agréable qu’auparavant. Son approche plus mature que la voiture qu’elle remplace est à mon avis un atout, faisant d’elle une berline qui passera mieux l’épreuve du temps. Malgré ces quelques défauts, elle continue de prouver sa pertinence et sa compétence.
Soyons tout de même prudents avec cette voiture, compte tenu que la précédente avait des problèmes de suspension. Laissons la arriver avant de vous la recommander; on y reviendra très certainement.