Quoi qu’on pense des marques sud-coréennes, il faut leur donner le mérite de constamment savoir nous surprendre. En très peu de temps, les véhicules de Hyundai, de Kia et de Genesis se sont fermement ancrés parmi les meilleurs de leur catégorie tout en bousculant quelques constructeurs établis au passage.
Cette approche ultra agressive a permis à Genesis, notamment, de réellement venir bouleverser l’ordre établi du côté des véhicules de luxe. Si ce constructeur visait à l’origine à aller chercher des consommateurs provenant des marques japonaises de luxe, on constate que ce sont les propriétaires de modèles Audi, BMW et Mercedes-Benz qui finissent dans une Genesis. Confiant du succès obtenu, le constructeur lance une G90 de 2e génération sur notre marché pour l’année modèle 2023.
Curieux de savoir si les Sud-Coréens maîtrisent l’art de la limousine de luxe, j’ai mis cette grosse berline à l’essai sur une période d’une semaine pour la découvrir davantage.
Un design qui lui est propre
Dans un monde où le design d’une Mercedes-Benz Classe S y va d’une approche ultra conservatrice et où celui d’une BMW Série 7 y va de l’excentrisme, la Genesis G90 semble confortablement s’installer au centre du spectre.
Personnellement, je trouve cette berline absolument magnifique pour la simple raison qu’on sent qu’il s’agit d’un modèle sud-coréen. Je m’explique : son design est à la fois élégant et mutin, montre des éléments de design flamboyants, ses jantes, notamment. Tout est présenté avec une fluidité presque organique, agrémentée par une utilisation très expressive de l’éclairage à DEL. Il s’agit en réalité d’un hommage à la ville de Séoul, laquelle est très fortement illuminée la nuit dans le but de souligner le fait qu’elle a été la première ville de l’Asie de l’Est à s’électrifier.
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Tout cela fait en sorte que, quand on aperçoit une G90 sur la route, on sait immédiatement qu’il ne s’agit pas d’une Audi, d’une BMW, d’une Mercedes-Benz ou d’une Lexus. Ça pique la curiosité, et, pour un nouveau constructeur comme Genesis, c’est précisément ce qu’il lui faut.
Comme il s’agit d’un produit de luxe, la G90 n’est pas vraiment abordable. Toutefois, il faut avouer que, à 115 000 $ (il n’existe qu’une seule version), et ce, tout inclus, elle se révèle nettement moins coûteuse que n’importe quel modèle allemand concurrent et que la Lexus LS avec équipement semblable. Dans cette optique, la G90 est une aubaine.
Aucun compromis en raison du prix
Et vous savez quoi? Jamais on n’a l’impression que Genesis a coupé les coins ronds dans l’habitacle pour permettre à sa grande berline de se vendre moins cher que la concurrence.
Au contraire, elle se révèle tout aussi luxueuse et confortable qu’une allemande. J’ai même trouvé l’attention aux détails plus méticuleuse que dans une Lexus LS qui, je dois le souligner, fait déjà un très bon travail à ce chapitre.
Il s’agit d’un habitacle qui est vaste, composé de plusieurs matériaux d’exquise qualité, comme du cuir véritable, des boiseries et de l’alcantara qu’on retrouve même au plafond. Tout est d’autant plus frappant en raison des agencements de couleurs et des motifs dans les boiseries. Ça confère à la voiture une réelle sensation de richesse.
L’habitacle de la G90 continue de se démarquer par son langage de design tout aussi organique que sa carrosserie. J’aime particulièrement comment Genesis intègre les deux écrans numériques dans le design de la planche de bord. On a vraiment l’impression que tout est fusionné à celle-ci au lieu de paraître comme une grosse tablette électronique qui dépasse grossièrement.
Le niveau d’ergonomie dans une G90 est inconstant. Je m’explique : bien que les commandes tactiles du système multimédia répondent rapidement, il s’avère parfois compliquer de compléter des tâches simples en raison de la quantité d’information à notre portée. Cette information n’est pas toujours située à des endroits intuitifs. La molette physique centrale aide un peu à naviguer le tout, mais on n’y retrouve pas le même degré de fluidité que ce que propose BMW dans la Série 7, par exemple.
En termes de confort, à l’avant, bien que j’aie adoré ses gros sièges rembourrés durant un périple entre Magog et Québec, je me sentais toujours étrangement à l’étroit, une sensation que je ne ressentais pas dans le siège du passager, ni à l’arrière. La visibilité périphérique est toutefois excellente, même lorsque le rideau de la lunette arrière est en place.
Parlant de ces places arrière, honnêtement, c’est grandiose, ça incorpore toutes les fonctions de confort et de relaxation inimaginables. On peut même parfumer l’habitacle, le tout gérable par l’entremise d’une tablette centrale. J’ai toutefois été déçu de ne pas retrouver de fonctions de massage à l’arrière.
La G90 tente de pousser la donne en matière de technologie en proposant des portières électroniques. Toutefois, elles ne fonctionnent pas nécessairement avec fluidité. On doit parfois pousser très fort sur la portière depuis l’extérieur pour qu’elle se ferme d’elle-même, et sa fonction d’ouverture automatique, dans mon cas, ne fonctionnait pas à tout coup.
Enfin, son coffre n’est clairement pas le plus spacieux du segment. À 340 litres d’espace cargo, il se fait dépasser par celui d’une Mercedes-Benz Classe S (365 litres) et d’une BMW Série 7 (541 litres).
Mécanique conservatrice
Sur le plan technique, Genesis ne se réinvente pas. Dans un monde où BMW propose une version électrique de sa Série 7 et où Mercedes-Benz commercialise l’EQS, Genesis n’apporte aucune forme sérieuse d’électrification au segment, si ce n’est l’ajout de l’hybridation légère.
Étrangement, le constructeur appelle cette technologie « electric supercharger » (pour compresseur électrique), mais il s’agit en réalité du même système à 48 volts que proposent déjà d’autres constructeurs. Il permet à la fois au moteur thermique de consommer moins d’essence, de polluer moins, de développer un peu plus de puissance et de produire plus de couple.
Il s’agit d’un V6 biturbo de 3,5 litres qui développe une puissance totale combinée de 409 chevaux et qui produit un couple de 405 livres-pieds. Ce moteur est jumelé à une transmission intégrale et à une boîte de vitesses automatique à 8 rapports. Un système de roues arrière directionnelles permet au diamètre de braquage de passer de 12,2 à 11,3 mètres.
Toujours douce et silencieuse, mais elle manque de punch
Sur la route, la G90 nous rappelle rapidement que sa vocation première est de fournir un maximum de luxe, de confort et de sérénité à ses occupants. Honnêtement, rares sont les voitures que j’ai conduites qui ont un habitacle aussi silencieux.
Ce sont surtout ses amortisseurs adaptatifs intelligents qui m’ont le plus impressionné. Grâce à des capteurs et à des caméras, les amortisseurs sont capables d’anticiper les imperfections de la route en s’adaptant d’avance. L’auto peut même relever sa garde au sol si elle juge que ça lui permettra de mieux franchir l’obstacle. Résultat ? Une berline dont la stabilité est phénoménale et qui nous permet rapidement de nous évader dans sa promesse de luxe.
L’autre technologie qui m’a plu, c’est sa conduite semi-autonome. C’est sérieusement bien foutu, au point où je n’ai presque jamais eu besoin de toucher le volant durant mon voyage vers Québec, sur l’autoroute 20. La G90 peut même changer de voie automatiquement quand on actionne le clignotant.
J’ai toutefois observé deux lacunes durant la conduite. Cette berline, dont la masse nette fait pas moins de 2 206 kilos (4 864 livres), est clairement sous-motorisée. Malgré ses 409 chevaux, on la sent constamment en manque de souffle. La G90 ne réussit tout simplement pas à livrer la même instantanéité en matière de performance que ses rivales allemandes.
L’autre point désolant, c’est la consommation élevée de carburant. J’ai à peine été capable de m’en tenir sous la barre des 11 litres/100 kilomètres, malgré une conduite qui s’est largement déroulée sur l’autoroute. Les 11,8 litres/100 kilomètres de consommation combinée qu’affiche Ressources naturelles Canada confirment qu’il ne s’agit pas d’une voiture économique en carburant.
Elle ne réinvente rien, mais elle s’affirme
Il est donc clair que la Genesis G90 ne révolutionne rien. De toute manière, elle réside dans un segment en perte de vitesse. On comprend donc le constructeur de ne pas nécessairement se forcer au chapitre de sa motorisation qui, malgré l’ajout de l’hybridation légère, ne réussit tout simplement pas à se montrer à jour en matière d’efficacité énergétique.
Toutefois, rendons à César ce qui appartient à César. Avec la G90, Genesis nous prouve qu’elle sait construire une flamboyante limousine de grand luxe qui, malgré son prix moindre, n’a absolument rien à envier à la concurrence européenne. Elle les surpasse même sur certains aspects. On attend toutefois avant de la recommander, car il s’agit d’un nouveau modèle.