Au premier coup d’œil, ce F-150 à cabine SuperCrew n’altère pas la recette du constructeur. Évidemment, avec ce niveau de finition Platinum, la camionnette se pare de ses plus beaux atours avec cette coloration Rouge Magma et ces jantes en aluminium poli de 20 pouces. La grille de calandre est également plus élégante que dans les livrées abordables. Le constructeur ne le crie pas sur tous les toits : les seuls indices de la présence d’une motorisation turbodiesel à bord se trouvent sur les portières du véhicule, l’écusson Powerstroke vendant la mèche ici, tandis que le tuyau d’échappement à l’arrière est différent de celui installé sur les livrées à essence. C’est tout ce qui différencie cette version Powerstroke des autres, à part peut-être la sonorité particulière du 6-cylindres bien sûr!
Ici aussi, l’ambiance est familière à celle introduite en 2015 lorsque Ford a présenté sa nouvelle génération de camionnettes. Le marchepied repliable facilite l’accès à bord, un commentaire qui s’applique aussi à la poignée montée au pilier A. La cabine SuperCrew sacrifie peut-être la longueur de la boîte de chargement, mais en revanche, il ne manque tout simplement pas d’espace à la deuxième rangée. Un aller-retour Montréal-Québec a d’ailleurs pu le confirmer, puisque mon plus jeune n’arrivait même pas à toucher le dossier de mon siège avec ses bottes d’hiver détrempées. Comme mon collègue l’a déjà remarqué lors du lancement de cette livrée Powerstroke, le dossier a toutefois le désavantage de ne pas s’incliner vers l’arrière. Pourtant, l’espace généreux pour les jambes le permettrait. Peut-être que ce sera réglé sur la prochaine génération.
À l’avant, les deux passagers nagent dans le luxe d’une Lincoln, à l’exception bien sûr de l’écusson inséré en plein centre du volant. Bon, il est vrai qu’il y a encore quelques plastiques durs ici et là, mais n’oublions pas la vocation première de cet outil de travail; c’est un « pickup » après tout! La position de conduite est excellente, le volant est agréable à tenir en main et les principales commandes sont judicieusement placées. On peut même profiter d’un massage en roulant, la sellerie chauffante et ventilée faisant aussi partie de l’équipement plus que complet de cette livrée Platinum. Bref, à l’exception des sautillements ressentis à cause de la suspension à lames à derrière – et du fait que la boîte de chargement était vide pendant cet essai routier –, rien n’indique qu’on est assis à bord d’un F-150 capable de remorquer plus de 11 000 lb.
C’est l’attrait principal de ce Ford F-150 Powerstroke : le V6 turbodiesel de 3,0-litres de cylindrée livre une puissance de 250 chevaux et un couple typique de ce genre de moteur, soit 440 lb-pi. Répandue à l’étendue de la gamme à l’exception du modèle équipé du V6 atmosphérique de base, la boîte de vitesses automatique à dix rapports reprend le service avec cette motorisation. Comme c’est le cas pour les modèles plus cossus de la Série F, il est possible de rouler en mode deux roues motrices, quatre roues motrices, quatre roues motrices automatique ou quatre roues motrices lent, ces ajustements étant disponibles via cette molette logée non loin du bouton de démarrage.
Ford annonce une consommation de 11,2 L/100 km en ville , de 8,4 L/100 km sur route et de 9,9 L/100 km en mode combiné. Pour ma part, j’ai obtenu une moyenne de 10,5 L/100 km, grâce notamment à cette virée Montréal-Québec-Montréal, et ce, à une cadence légèrement inférieure à 120 km/h. De son côté, le RAM 1500 EcoDiesel d’ancienne génération – le nouveau modèle n’est pas encore disponible avec un V6 turbodiesel – pouvait enregistrer une moyenne de 10,8 L/100 km.
Autrefois considérés comme des véhicules rustres et inconfortables, les camionnettes modernes n’ont presque rien à envier aux grandes berlines. Non seulement l’équipement monté à bord est aussi complet que celui d’une Ford Taurus Limited, mais le niveau de confort m’impressionne à chaque fois que je prends le volant d’un de ces mastodontes. Et, au risque de me répéter, cette livrée est munie d’une suspension à lames à l’arrière, contrairement au rival de FCA qui repose plutôt sur des ressorts et même une suspension à air dans certains cas, et pourtant, le F-150 est idéal pour n’importe quel « road trip ».
À bord de cette version Powerstroke, on ressent bien entendu les vibrations du V6 diesel aux intersections, tandis que la sonorité particulière se fait entendre lors des accélérations ou même en utilisant le mode manuel de la boîte de vitesses, ce qui fait chanter quelque peu le moteur. Justement, parlons-en de cette transmission automatique, une unité qui avait montré quelques irrégularités lors d’essais routiers antérieurs. J’ai encore senti quelques « à-coups » occasionnels, mais je ne peux pas dire que ce comportement m’inquiète pour autant. Au final, le F-150 Powerstroke 2018 se conduit comme n’importe quel autre membre de la famille F-150, à l’exception de ce qui se trouve sous le capot qui change quelque peu la livraison de la puissance et du couple.
La question qui demeure suite à cet essai – et les stratèges de Ford doivent également se la poser celle-là – c’est : les consommateurs sont-ils prêts à débourser les 5 650 $ additionnels pour passer au moteur V6 turbodiesel? Surtout quand on considère que le constructeur offre déjà des options de moteurs à essence tout aussi compétents, à l’exception peut-être de l’aspect consommation de carburant.
Si l'odeur particulière du diesel ne vous dérange pas et qu'il vous faut absolument une camionnette qui consomme moins, cette livrée est pour vous... à condition de rouler plusieurs milliers de kilomètres par année! Sinon, le segment des camionnettes offre mille et une autres options valables.