Le marketing automobile donne souvent dans l’aventure, pour nous donner l’impression qu’avec un véhicule précis, on n’a pas de limites. Dans cette lancée, Ford prend un Escape et le repense pour titiller cette fibre nomade en profitant de l’occasion pour lui accoler le nom Bronco. On se retrouve donc avec un Bronco Sport qui joue dans la même catégorie que l’Escape, mais avec un caractère différent. Alors, lequel doit on acheter? J’ai étudié cette épineuse question à l’occasion d’un essai du Bronco Sport à moteur 3-cylindres 1,5 litre.
Au premier regard, difficile de croire que le Ford Bronco Sport partage ses assises avec le Ford Escape tant son style est différent. Le Bronco Sport s’inspire du Bronco original, celui-là même qui fait un retour sur le marché après plus de 25 ans d’absence.
Curieusement, ce Bronco Sport ne manque pas non plus de rappeler les première et seconde générations du Ford Escape, présentes sur le marché entre 2001 et 2012. Cette réinterprétation du style carré lui va bien mais la devanture est finie de manière grossière et laisse une impression bon marché. Le profil et la portion arrière sont mieux réussis, tout comme le support de toit bien pensé, mais qui émet malheureusement un sifflement tannant à vitesse d’autoroute.
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De toutes les versions proposées, j’ai mis la main sur la version Outer Banks. Ford dit qu’il s’agit d’une déclinaison qui allie confort avec style et capacités modérées. Pour plus de capacités hors-route, il faut y aller pour la Badlands, mieux garnie. Comme tous les véhicules Ford récents, la version à l’essai affiche un prix élevé, qui monte ici à 42 969 $.
La carrure du véhicule facilite l’accès à bord, d’autant plus que les portières sont hautes et larges. Elles dévoilent des sièges confortables, bien moulés et recouverts au centre d’un tissu bleu qui rappelle le denim, celui-ci faisant écho aux accents bleutés présents au tableau de bord. Et ce sont d’ailleurs les seuls éléments qui enjolivent la présentation parce qu’autrement, c’est assez triste. Malgré l’effort de design, la présentation manque d’éclat et donne une apparence ludique mal venue.
Cependant, l’accent a clairement été mis sur la fonctionnalité. L’ergonomie est bonne et les espaces de rangement, foisonnants. L’instrumentation est claire, facile à consulter, et donne un tas d’information facile à interpréter. Bon point aussi pour le toit ouvrant d’une grande dimension et la molette de sélection des vitesses qui libère la console.
À l’arrière, les places sont spacieuses et le dégagement pour la tête est impressionnant en raison du renflement de toit. J’ai aussi aimé la fonctionnalité de l’espace cargo avec sa tablette repliable optionnelle qui peut diviser le coffre et même servir de table. L’espace est volumineux et l’accès est facile, même si le hayon est à commande manuelle.
En somme, la différence est encore une fois majeure avec l’Escape, qui se rapproche davantage d’une voiture que d’un VUS. L’approche plus aventurière et brute du Bronco lui donne juste assez de distinction pour lui conférer une niche séparée. La seule chose qu’il partage avec l’Escape est la qualité des matériaux, qui sont bons marchés. Au moins, l’assemblage est correct.
Des deux moteurs proposés pour le Ford Bronco Sport, j’avais le plus petit, un 3-cylindres turbocompressé de 1,5 litre qui crachait une puissance somme toute respectable de 181 chevaux et un couple de 190 lb-pi. Pas mal pour un petit engin, mais j’avoue quand même appréhender son rendement, compte tenu du nombre de cylindres. En effet, si l’on se fie à la précédente aventure à trois cylindres de Ford avec le moteur de 1,0 litre trouvé dans la Focus et l’EcoSport, la crainte est bien réelle.
Dans le cas du véhicule actuel, la capacité de remorquage est de 2 000 lb en raison de la présence d’une attache-remorque optionnelle au coût de 600 $. Pour accéder à une plus grande capacité de 3 500 lb, il faut sélectionner l’autre moteur, un 4-cylindres turbocompressé de 2,0 litres d’une cavalerie de 250 chevaux. Tous les Ford Bronco Sport sont offerts avec une boîte automatique à huit rapports et un rouage intégral avec modes de conduite. Ceux-ci sont au nombre de cinq dans cette version : Normal, Eco, Sport, Glissant et Sable.
Pas de motorisations hybride ou hybride rechargeable, malgré la parenté avec l’Escape qui les propose.
À mon grand étonnement, le 3-cylindres effectue un travail plus que potable pour déplacer le Bronco Sport. La turbocompression lui donne du cœur à l’ouvrage à bas régime et la boîte automatique à huit rapports le laisse toujours dans la plage de régime moteur optimale. Sa sonorité n’est pas particulièrement agréable, mais au moins il est exempt de vibration, ce qui est une autre agréable surprise.
Sur la route, le Bronco Sport a un comportement plutôt sportif. Sa suspension est ferme et assez vive et sa direction est rapide et précise. Je me suis surpris à prendre les courbes avec entrain à son volant, une attitude plutôt contraire à ce que le design hors-route porte à croire. De plus, la position de conduite est bonne et la visibilité aussi.
Aussi, les sièges sont confortables. Mais un aspect fait que le caractère brut et aventurier du Bronco ressort : l’insonorisation. En plus des bruits de vent occasionnés par le support de toit – heureusement amenuisés par la toile rétractable du toit ouvrant – la quiétude à bord est entravée par les bruits de route omniprésents.
Après plus de 1 800 km de route au volant du Bronco Sport, j’ai obtenu une consommation de 7,9 litres/100 km. À ce chapitre, le 3-cylindres fait un bon travail.
J’aime la caractère et l’approche unique de ce Ford Bronco Sport. Il apporte un vent de fraicheur dans une catégorie très populeuse où les modèles très semblables s’entassent. C’est certainement une carte de visite du modèle.
Cependant, la qualité de son habitacle m’a laissé sur mon appétit, surtout pour le prix demandé. De plus, cette version Outer Banks n’a pas la prétention d’avoir des capacités hors-route aussi aiguisées que celles de la version Badlands, la plus capable. On l’achètera donc pour une question de style, d’abord et avant tout. Et c’est là, à mon avis, que le Ford Escape prend les devants. Il n’a certainement pas le panache du Bronco Sport mais propose en revanche pour le même prix une version Titanium hybride plus économe, plus équipée, et mieux insonorisée. De plus, sa fiabilité est démontrée. Ce serait donc personnellement mon choix.
Mais si vous tenez au Bronco Sport, sachez que nous vous recommandons d’attendre avant de l’acheter, question de valider sa fiabilité, particulièrement de ce moteur 1,5 qui vient de faire son entrée.