Avec ses appliques noires sur fond orange brulé, difficile de passer inaperçu. Clairement, Dodge veut faire une affirmation avec le 392 Daytona. En plus des rougeoyantes, on revient avec des couleurs légendaires comme le vert impulsion ou le jaune guêpe, tous des thèmes qui ont marqué l’histoire de Dodge dans les années 1970, vous vous souvenez, à l’époque où un Charger n’avait que deux portes…
Maintenant qu’il s’assume avec ses quatre portes, on reconduit la même grosse berline pleine grandeur qui brille par sa démesure. Toujours dans le coup sur le plan esthétique, le Charger se veut un exemple de dynamisme dans une mer de produits traditionnels qui partagent le segment avec lui. Dodge s’affirme notamment avec les deux C en DEL aux blocs optiques, alors que l’on retrouve la piste de course pour l’éclairage de l’unique feu arrière. Étant presque au sommet de la chaine alimentaire du Charger, le 392 Daytona opte pour des jantes de 20 pouces peintes en noir. L’ensemble se veut singulier, spectaculaire.
On doit rendre hommage à Dodge pour l’esthétique de la présentation intérieure. On obtient une belle finition avec des matériaux de qualité. D’ailleurs, il importe de souligner que l’odeur à bord est très forte, ça sent les émanations de plastique. Vivement un sapin accroché au rétroviseur. Une fois en place, la première impression m’étonne chaque fois. Je suis dans une berline, mais j’ai la sensation d’être dans un RAM. La position de conduite est haute et l’on surplombe le capot. Après quelques kilomètres on s’y fait, après tout, le Charger est loin d’être compact.
Contre toute attente, j’ai réalisé que mon format corporel est finalement plus petit que je ne le pensais, pourtant je pèse 200 livres et mesure 184 cm. Bien que l’on prétende offrir des supports, clairement, on a dessiné les sièges avec nos amis américains en tête. Comme je me suis laissé prendre à plusieurs excès d’enthousiasme, je me suis promené sur l’assise comme une balle de ping-pong dans toutes les courbes. L’apport de l’adhérence de la suédine limite un tant soit peu les effets de la physique. Gargantuesque, il y a de la place pour une famille au grand complet, je suis même étonné que l’on n’ait pas une banquette pour six personnes!
Complètement équipé, ce Charger propose une collection de menus tous plus excitants les uns que les autres. On peut calculer ses forces G, ses chronos sur piste, ses meilleurs temps et tout le tralala des pressions.
Par politesse, j’évite d’invoquer tous les saints et tous les accessoires d’une église! Le 392 marche en… Encore une fois, on découvre que Dodge possède la recette parfaite lorsqu’il est question de faire un V8 pour « Muscle Car ». Sans pareil, ce V8 HEMI de 6,4 litres pousse une cavalerie de 485 chevaux en pleine période de rut. Le couple de 475 lb-pi nous fait fondre dans le siège en accélération. D’ailleurs, évitez à tout prix d’activer le mode Sport. Si vous le faites, la première fois, essayez d’être dans un endroit isolé, la réaction du bolide se montre imprévisible et vous risquez d’y laisser vos pneus. Considérant sa masse bien sonnée de 2 000 kg, le Charger reste sur place dans un nuage de boucane, du gros fun noir… c’est le cas de le dire! Tout cela sans compter sur la présence d’un autre bouton Super Track Pak qui enlève tous les filets de sécurité… aussi bien sauter d'un avion sans parachute.
En optant pour une conduite civilisée (plus facile à dire qu’à faire), le Charger peut offrir une certaine économie de carburant grâce à la désactivation de sa cylindrée. Tout en m’amusant sporadiquement, au bout de mon essai, j’ai conclu le tout avec une moyenne de 12,1 litres/100 km.
Le Charger n’est plus une petite jeunesse. Pour illustrer le propos, sa plate-forme date des années 1990 alors que Mercedes-Benz a développé le châssis pour la Classe E lancée en 1996. Elle a évolué un peu, mais l’essentiel demeure. Heureusement, il faut souligner que le travail se fait toujours assez bien. Très rigide, elle gagnerait à se moderniser.
Sur la route, le Charger passe évidemment de la berline tranquille sans brusquerie au diable incarné. C’est exactement ce que l’on désire avec ce genre de voiture. À l’image de tous les « Muscle Car », l’ensemble des composantes techniques est assez mou. La direction répond avec un délai et ne communique absolument rien alors que les freins se montrent endurants et puissants, mais spongieux. Concernant les suspensions, elles mangent tout ce qui leur passe dessous. Un peu plus de fermeté lui ferait grand bien, surtout que le moteur est capable d’en donner beaucoup plus que le client en demande.
Le Dodge Charger 392 Daytona 2017 impressionne à presque tous les points de vue. Dodge prouve une fois de plus qu’il est capable de prendre du vieux « stock » et nous étonner. Finalement, mon « douchebag » est mieux d’être membre d’un gym à prix modique, car mon véhicule d’essai ne coutait rien de moins que 62 200 $.