Quand on actionne le mode Z dans la Chevrolet Corvette 2021, on débloque le système départ canon, ce qui permet au bolide de boucler le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure en 3 secondes à peine. Jusqu’à récemment, il fallait une supervoiture de plus de 200 000 $ pour en faire autant. Aujourd’hui, une « banale » Chevrolet vendue à moins de 100 000 $ en est capable.
Bon, j’avoue que j’y vais un peu fort avec le terme « banale », car la Chevrolet Corvette C8 n’a rien d’ennuyeux. Après notre essai en piste, nous avons pu confirmer qu’il s’agit d’une supervoiture dans tout le sens du terme, tant par sa présence routière, ses accélérations et sa conduite, le tout, vendu à un prix somme toute raisonnable.
L’exemplaire à l’essai est le modèle cabriolet qui, à mon avis, lui confère encore plus d’exotisme au chapitre du design, surtout quand le toit est rétracté. Il s’agit d’un toit rigide, mécanique, et qui se range au-dessus du compartiment-moteur. En revanche, ce toit et son mécanisme nous empêchent de voir le moteur qui se cache derrière le cockpit. Ce toit met environ 16 secondes à se déplier et peut être actionné jusqu’à une vitesse de 48 kilomètres/heure.
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Le cabriolet se vend 9 000 $ de plus que le coupé et s’affiche à un prix de départ de 80 748 $, y compris les frais de transport et de préparation. Le modèle que vous apercevez à l’écran est bien garni en équipement et inclut l’ensemble Z51 hautement désirable à 6 995 $.
Il comprend des freins Brembo, une suspension sport Z51, un échappement plus bruyant, un différentiel arrière à glissement limité, un becquet avant et un aileron arrière, et des pneus Michelin Pilot Sport 4S. La couleur jaune Accelerate (995 $) ne fait qu’accentuer la prestance du bolide. Le prix final pour mon exemplaire était de 111 283 $.
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La Corvette continue à être une biplace, mais son habitacle est étonnamment spacieux et confortable pour les grandes personnes. Normalement, dans un bolide du genre, je me sens coincé, et ma tête dépasse le toit, m’obligeant à m’écraser dans le siège.
Ce n’est pas le cas ici. Cette sportive fait preuve d’un confort impeccable, et ses sièges sport procurent un excellent support lombaire ainsi qu’un remarquable maintien latéral. La planche de bord inclinée vers le conducteur ajoute une sensation enveloppante, et l’affichage tête haute nous permet de garder les yeux droits devant, augmentant la sensation de contrôle.
L’habitacle de la Corvette saute aux yeux, surtout en raison de l’énorme colonne vertébrale de boutons qui s’étend depuis la planche de bord jusqu’à la console centrale. C’est beaucoup à encaisser au premier regard, mais tout s’apprivoise rapidement. Une instrumentation entièrement numérique permet de personnaliser l’information de façon claire et efficace, mais l’écran est pourvu d’une lenteur monumentale quand on bascule entre les modes de conduite.
Parlant de modes de conduite, la Corvette en contient plusieurs, nous permettant de jongler entre les réglages Weather, Sport, Track, My Mode et Z-Mode. Ce dernier est un mode réglé par le constructeur qui nous permet de relâcher tout ce que la bête a dans le ventre. Il est également possible de personnaliser le système d’antipatinage dans le mode Z, tout comme dans les modes Sport, Track et My Mode. Finalement, tout s’empiète un sur l’autre, et c’est mélangeant.
La Corvette est toujours mue par un moteur V8, soit le fameux LT2 de General Motors d’une cylindrée de 6,2 litres qui développe une puissance de 490 chevaux. Ce chiffre passe toutefois à 495 avec l’ensemble Z51. Le couple est chiffré à 470 livres-pieds, et le moteur est jumelé à une boîte de vitesses automatique à double embrayage à 8 rapports, fournie par Tremec, qui achemine la puissance vers le train arrière.
La grande nouveauté technique repose dans le positionnement de ce moteur, qui passe de l’avant au centre arrière de l’auto, ce qui permet de redéfinir son comportement routier et ses limites d’adhérence. Il s’agit de la première fois dans l’histoire qu’une Corvette est configurée ainsi, même si plusieurs concepts du genre ont été proposés par le passé.
Oui, la Corvette est rapide et hautement précise sur un circuit fermé, chose que j’ai eu l’occasion d’essayer à Sanair. Elle n’a rien à envier aux exotiques, même que d’un point de vue technique, elle donne une sacrée volée à des supervoitures qui coûtent presque le double de son prix. Je pense entre autres à l’Acura NSX qui aurait de la difficulté à suivre cette Corvette « de base » sur un circuit.
Le moteur V8 est d’une douceur remarquable et produit toujours une bonne dose de couple, peu importe où il se trouve dans les tours. La boîte automatique répond à une vitesse éclair, et que dire de la sonorité typiquement américaine qui rebondit contre les murets de béton à plein fouet ? C’est là qu’on constate tout l’attrait du cabriolet. On a l’impression que le moteur est assis à côté de nous dans l’habitacle !
Outre des réglages extrêmement compliqués, la Corvette accélère violemment, surtout quand le mode départ canon est activé. Elle fait un excellent travail de transférer sa puissance vers le sol grâce à un degré d’adhérence supérieur. Le différentiel à glissement limité électronique et les pneus que propose l’ensemble Z51 ne font qu’améliorer cette qualité.
J’ai toutefois trouvé que le train avant est léger quand on atteint ses limites d’adhérence, ce qui mène rapidement à du sous-virage. Il faut constamment moduler la pédale d’accélérateur afin de faire pivoter la voiture vers la direction désirée. Cela dit, la Corvette répond rapidement à nos commandes et elle pardonne vite, ce qui la rend très facile à conduire à haute vitesse.
Une fois revenue sur la route, la Corvette m’a charmé par sa docilité et sa capacité de pouvoir être confortable et hautement raffinée. Sa suspension adaptative effectue un travail remarquable d’encaisser les imperfections de la route. Attendez-vous toutefois à faire le plein souvent, car avec une consommation moyenne enregistrée de 13 litres/100 kilomètres, même en conduite décontractée, la Corvette est, sans surprise, gourmande en essence. Il faut également prendre en considération la taxe sur la cylindrée lors de l’immatriculation.
Chevrolet a frappé un coup de circuit avec la Corvette C8. Du point de vue technique, il s’agit d’une sportive qui n’a rien à envier à sa concurrence européenne et, au chapitre du prix, elle humilie certaines bagnoles portant un écusson beaucoup plus prestigieux.
Je vous rappelle qu’il s’agit de la Corvette ordinaire. Le meilleur est à venir avec les déclinaisons Z06, ZR1 et plus tard dans le calendrier, Zora qui risquent de nous en mettre plein la vue.
RPM recommande l’achat d’une Chevrolet Corvette 2021. Nous devons toutefois surveiller de près la boîte automatique à double embrayage, car elle est encore nouvelle.