Il n’y a aucun doute dans mon esprit que la CT6 est l’une des plus élégantes berlines actuellement sur le marché. Cadillac lui donne une prestance indéniable, notamment avec son interminable capot, sa cabine longue, mais légèrement déportée vers l’arrière et son coffre court. Les détails affluent, comme la conception des blocs optiques avec leur larme de DEL qui descend sur le pare-chocs. De plus, la structure interne impressionne par sa complexité. On n’y retrouve que des DEL et la technologie InDirect Fire LED, qui permet un éclairage puissant sans l’inconvénient d’aveugler les autres usagers à contresens. Au profil, le spectacle se poursuit avec des poignées illuminées à l’accueil. On remarque quelques accents de chrome supplémentaires, mais les designers ont choisi une certaine sobriété. Pour l’arrière, je dois admettre que la configuration se veut trop classique avec ses feux verticaux, j’aurais aimé plus d’audace en suivant les dogmes présentés sur les concepts Elmiraj de 2013 ou encore Escala en 2016. La version Platinum 2018 vient avec des jantes à deux tons de 20 pouces qui complètent le style, la voiture semble bien assise sur la route.
Sans aucune concession, Cadillac n’utilise que des matériaux de premières factures dans l’habillage de la cabine. On n’y voit que du cuir, de l’alcantara au pavillon, des accents de chrome et dans le cas de ma version, on troque les boiseries pour de la fibre de carbone. Franchement réussi sur toute la ligne. Bien que l’ensemble soit superbe, je dois admettre que l’on ne retrouve pas la même aura que les Allemandes qui conservent l’avantage, et ce, que l’on parle d’Audi, BMW ou Mercedes-Benz.
Hautement technologique, on obtient tous les gadgets connus de Cadillac. Que ce soit l’affichage tête haute, l’instrumentation numérique, les assistances ou les connectivités, tout y est. Une fois en place, on jouit d’une excellente position de conduite et un confort notoire. Fait particulier, dans un Escalade, on peut choisir son type de massage, mais pas dans la CT6 qui est pourtant une limousine au sens propre. Cadillac a fait progresser son programme multimédia CUE que l’on peut contrôler de manière tactile directement sur l’écran ou encore via une petite tablette tactile à la console. Astuce intéressante, mais perturbante, le rétroviseur caméra permet une vision à 180 degrés derrière. De jour c’est très pratique, mais le soir, on doit revenir à la méthode conventionnelle, car les phares des véhicules qui nous suivent ne feront que nous éblouir.
Toutefois, mon coup de cœur de l’année va sans contredit au Super Cruise, une innovation qui autonomise réellement l’automobile. L’application se veut d’une simplicité impressionnante malgré la complexité de la technologie. Il suffit d’être sur l’autoroute avec des voies dégagées et un marquage évident pour qu’un petit volant gris surgisse à l’instrumentation. Cela signifie que le véhicule vous permet d’enclencher le Super Cruise. En choisissant de le faire, le volant devient vert et une ligne verte apparait au sommet du volant, la CT6 prend alors le contrôle. La voiture accélère, ralentit, tourne, elle assume toutes les responsabilités habituelles d’un conducteur. L’aspect le plus intéressant, contrairement à la compétition, c’est qu’on ne doit pas maintenir une main sur le volant. Durant mon essai, j’ai parcouru quelque 220 kilomètres entre Sherbrooke et New York sans même toucher la direction. En cas de problème, le Super Cruise ne vous laisse pas tomber. Une forte vibration se fait sentir au volant et à l’assise et la ligne verte passe au rouge en clignotant. De plus, l’instrumentation demande clairement que l’on reprenne le contrôle de la voiture. Sérieusement, c’est très intuitif, facile d’usage et surtout, on peut en tout temps rester maitre à bord en n’activant pas la conduite autonome.
Cadillac ne fait pas de quartier quant aux motorisations, avec pas moins de quatre différentes options dont une hybride enfichable. Ayant à l’essai la version Platinum, j’ai eu sous le capot le plus véloce de la famille, le V6 biturbo de 3,0 litres de 404 chevaux avec un couple de 400 lb-pi. Le tout passe par une boite automatique à huit rapports alors que la puissance va aux quatre roues via un compétent rouage intégral. On obtient les quatre roues directionnelles, qui offrent des virages plus serrés tout en rehaussant l’agrément de conduite. Cadillac adopte une construction majoritairement en aluminium contenant le poids de la CT6. Sur le plan technique, elle n’a rien à envier aux Allemandes qui proposent sensiblement les mêmes types d’innovations.
Encore faut-il être au volant! Sérieusement, on prend plaisir à utiliser le Super Cruise, mais lorsqu’on veut bénéficier des qualités dynamiques de la CT6, il n’y a rien comme être en contrôle. La direction se montre assez précise et communique bien la route. Par contre, il faut souligner que l’assistance électrique laisse un léger flou au centre. Les suspensions adaptatives et magnétiques offrent plus de fermeté que de souplesse. Peu importe le mode de conduite choisi (Tour, Sport, Neige/Glace), elles restent rigides, un fait étonnant considérant la vocation de la CT6. Avec toute la puissance et les technologies, la voiture nous accorde un excellent aplomb en virages. On flirte avec la berline sport à bien des égards et on doit jouer de vigilance, car elle sait se montrer très véloce, et ce, dans une totale illégalité puisqu’on ne s’en rend même pas compte. Au niveau du freinage, le mordant ne fait pas défaut non plus. Les étriers Brembo travaillent très fort et donnent le rendement attendu.
Cadillac se présente avec la CT6 comme porte-étendard et c’est un titre pleinement mérité. Sans l’ombre d’un doute, la CT6 est la Cadillac la plus aboutie et technologique de l’histoire de la marque. Les innovations sont multiples, mais, encore une fois, l’introduction du Super Cruise est l’élément le plus significatif pour 2018. La CT6 n’atteint peut-être pas les A8, Série 7 et Classe S, mais commence sérieusement à s’y rapprocher. Malheureusement, bien que l’image de la marque soit en progression depuis quelques années, elle n’a pas encore retrouvé tout le lustre d’antan et pour plusieurs, aussi avancée puisse-t-elle être, il demeure indigeste de payer plus de 100 000 $ pour une Cadillac.