Depuis 1960, BMW entretient une relation avec le préparateur Alpina qui modifie et transforme des BMW afin de les rendre plus exclusives et performantes. On apprenait récemment que la firme, fondée par Burkard Bovensiepen, passera dans le giron du groupe BMW, ce qui assurera la relation à long terme. Quelques modèles d’Alpina ont été vendus au Canada par BMW ; on peut penser à la B7 écoulée à quelques exemplaires par le passé. Cette fois, c’est la BMW Alpina B8 Gran Coupé qui se retrouve dans le catalogue canadien du constructeur allemand. J’ai eu la chance d’en faire l’essai dans la neige.
Vue d'ensemble
Alors qu’il neigeait à plein ciel, je me dirigeais vers la voiture en tentant de découvrir toutes ses subtilités et en espérant trouver un balai à neige à l’intérieur. Au premier coup d’œil, on a une impression de déjà vu, et c’est tout à fait normal puisque la BMW Alpina B8 est essentiellement une Série 8 Gran Coupé modifiée par le préparateur Alpina.
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La voiture conserve ses lignes de coupé à quatre portières, une configuration qui lui procure un design un peu plus dynamique par rapport à la Série 7. En revanche, elle perd en aspect pratique. Je n’ai jamais eu un problème à accepter les sacrifices au nom du design, je ne m’en plaindrai pas.
Le traitement Alpina lui confère tout de même quelques distinctions, à commencer par le vert métallique, l’une des deux couleurs exclusives de la palette Alpina et réservées au modèle. Je ne suis pas un amateur de vert, c’est trop classique et vieux jeux à mon goût, j’opterais plutôt pour le bleu métallique qui apporte un peu plus de vie au modèle. Alpina a aussi retouché l’avant grâce à l’ajout de prises d’air plus imposantes, d’un diffuseur noir sous le pare-chocs arrière et d’un très subtil becquet au bout du coffre. C’est dynamique et très beau, surtout par comparaison avec la partie avant.
L’autre élément typique à l’Alpina, ce sont les jantes de 21 pouces comprenant chacune 20 petits rayons, un élément commun à tous les véhicules du préparateur. Des pneus de haute performance Pirelli y sont normalement montés mais pas sur mon véhicule d’essai ; nous sommes l’hiver et il fait tempête. Ces jantes laissent bien entrevoir les freins Brembo de 15,6 pouces à l’avant et de 15,7 pouces à l’arrière peints en bleu, une belle touche. L’exclusivité Alpina est bien visible grâce à l’autocollant Alpina appliqué au bas du pare-chocs avant ainsi qu’aux nombreux emblèmes et au centre des roues. Difficile de passer à côté.
Vie à bord
L’habitacle demeure fidèle à celui d’une Série 8 avec, bien entendu, quelques ajouts. L’avantage d’une grande berline de luxe, c’est le confort à bord, et la B8 n’y échappe pas. Tous les passagers sont traités aux petits oignons, et, pour une rare fois, nombreux sont ceux qui voudront plutôt prendre place à l’arrière pour profiter de l’expérience, comme si vous étiez leur chauffeur. Une bonne pression sur l’accélérateur leur rappellera que vous n’êtes pas leur employé.
L’exclusivité Alpina est bien visible grâce à l’intérieur à deux tons ; le traitement fait chic et distinctif mais se montre très salissant. Une petite plaque Alpina posée sur la console centrale vous rappelle qu’il ne s’agit pas que d’une « simple » BMW de Série 8.
On retrouve une bonne vision tout autour, malgré une ligne de toit plus fuyante à l’arrière par comparaison avec la Série 7. Le coffre est aussi un peu plus petit, mais il demeure très spacieux, une visite à la quincaillerie n’est pas impensable. L’ergonomie du tableau de bord est bonne, on contrôle un peu tout par l’entremise du système iDrive de BMW.
Technique
Sous le capot, on retrouve le même moteur V8 biturbo de 4,4 litres que la BMW M850i qui, grâce à quelques tours de passe-passe, développe une puissance impressionnante de 612 chevaux et produit un couple de 590 livres-pieds disponible dès que l’aiguille titille les 2 000 tours/minute. C’est une puissance similaire à la M8 Competiton, c’est surtout ici que la facture Alpina prend sa principale justification.
La puissance est envoyée aux roues par l’entremise d’une boîte de vitesses automatique à 8 rapports que le constructeur a développée de concert avec l’équipementier ZF. Même si le modèle ne porte pas l’appellation xDrive, il est doté d’un rouage intégral de série.
Au volant
Dès le départ dans la neige, on découvre rapidement que le rouage intégral favorise les performances. Il acheminant initialement beaucoup de couple aux roues arrière au point ou l’arrière du véhicule se dérobait à chaque pression de l’accélérateur, me faisant même remettre en question la présence d’un rouage intégral. Une fois la puissance équilibrée, je me sentais en confiance, mais j’avais bien hâte de retrouver du bitume sec au cours de la semaine.
C’était chose faite quelques jours plus tard. J’avais surtout hâte de découvrir la sonorité du moteur V8, surtout qu’Alpina a remplacé l’échappement d’origine par un modèle en acier inoxydable, censé contribuer à la hausse de puissance et laisser filtrer une sonorité plus envoûtante. Mode sport activé, j’enfonce l’accélérateur et… déception ! La sonorité est à peine plus présente que dans une Série 8 régulière, me donnant l’impression que le préparateur a voulu préserver le caractère doux de cette grosse berline. Toutefois, c’est n’est pas ce que je recherche au volant d’une voiture modifiée par un préparateur aussi renommé.
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Cependant, l’effet de puissance est bien présent, le couple arrive sans délai, et la boîte de vitesses n’est jamais prise en défaut. L’ensemble devient beaucoup plus réactif et intéressant quand on active le mode Sport ; la voiture vous répond par une rétroaction beaucoup plus marquée.
Alpina promet un sprint de 0 à 100 kilomètres/heure en 3,4 secondes, environ ; mais la plus grande qualité de cette routière survitaminée c’est son aptitude à circuler à très grande vitesse en offrant un confort, un niveau sonore et une sensation de contrôle difficiles à égaler. Malheureusement ici, ces qualités vous vaudront quelques points d’inaptitude, mais il existe plusieurs endroits où cette Alpina B8 Gran Coupé peut laisser libre cours à ses talents. Bien entendu, elle boit de l’essence super et en grande quantité. J’ai terminé mon essai avec une consommation moyenne de 12,7 litres/100 kilomètres, sans trop m’exciter.
Conclusion
L’idée vous intéresse ? Il faudra allonger 159 900 $ en version de base, mon modèle d’essai se détaillait à 176 650 $ car BMW a eu l’idée d’ajouter quelques options ici et là. C’est plus cher qu’une Série 8.
Avec nos lois et l’état de nos routes, difficile à mon avis de vous recommander une telle voiture sachant le déboursé qu’elle demande. Son ADN ne colle pas à notre réalité, on se sent constamment frustré de ne pas pouvoir exploiter l’essence de la transformation par le préparateur. Qui plus est, la fiabilité de la Série 8 n’est pas sans faille également.