Le Groupe Volkswagen maîtrise l’art de faire deux fois le même véhicule mais avec des personnalités différentes. Dans le cas présent, il y a un « hot hatch » sur la Golf R et, pour sa version berline en complet plus chic, elle se manifeste sous l’appellation S3 dans la gamme Audi. Au compte, il ne reste plus qu’une seule question : on veut un coffre séparé ou pas ?
Si l’affiliation technique entre la Golf R et l’Audi S3 est profonde, sur le plan du design, l’approche est différente. La S3 est un dérivé construit sur la base de l’A3 qui se renouvelle pour 2022. À l’image des habitudes d’Audi, on constate que le style fait un pas évolutif par rapport à l’ancienne génération.
Il y a d’importants éléments à souligner qui permettent à la gamme A3 de se distinguer. Dans le lot et certainement ce qui frappe le plus, ce sont les blocs optiques matriciels. Ces derniers sont offerts en option pour la somme de 600 $ et créent un spectacle chaque fois qu’on déverrouille le véhicule. Considérant leur puissance et la qualité de l’éclairage la nuit, je pense que c’est un ajout incontournable. La version à l’essai comportait l’ensemble optique noire qui retire tout le chrome de la carrosserie et peint le toit en noir à 750 $. De plus, j’avais le groupe d’options « structuré » en option à 1 600 $ qui inclut des jantes de 19 pouces, des amortisseurs adaptatifs et des pneus de performance.
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Les pare-chocs diffèrent de l’A3 par rapport à la S3. Ils sont nécessairement plus dynamiques avec la S. À l’arrière, on obtient aussi 4 pots d’échappement en paire avec embouts chromés. Tout comme à l’avant, l’éclairage des feux est progressif et fort intéressant à regarder. Même s’il s’agit de l’une des plus petites Audi, la qualité de l’assemblage et de la peinture ne prêtent pas flanc au reproche.
L’esprit des angles prononcés se retrouve également dans la présentation intérieure. C’est la tendance chez Audi avec la nouvelle génération de véhicules. L’A3/S3 ne fait pas exception. Dans le cas présent, je trouve cela réussi, surtout avec les deux buses d’aération qui cadrent l’instrumentation. Cette dernière est d’ailleurs numérique à partir d’un écran de 10,25 pouces de série sur les versions Komfort et Progressiv. Dans le cas de la Technik à l’essai, on va un peu plus loin avec le « Cockpit virtuel » de 12,3 pouces. La lecture facile et intuitive le caractérise, et c’est la même chose pour le moniteur multimédia au centre de la planche de bord. L’apport de différents onglets de couleurs variées permet de bien accrocher l’œil demandant ainsi moins de concentration pour sa manipulation.
Les sièges offrent le degré de maintien attendu pour une sportive. Les réglages sont nombreux, et il est possible d’allonger substantiellement la base de l’assise. D’une manière générale, la visibilité est bonne. L’assemblage semble très serré, par contre, la console centrale craquait et bougeait légèrement quand on appuyait la jambe dessus.
La S3 est une voiture compacte et peu large. Par conséquent, l’habitacle est très exigu. Il en va de même des places arrière que seuls des personnes de petite taille ou des enfants peuvent utiliser. Un adulte n’y trouvera aucun confort. Pour ce qui est du volume du coffre, la S3 est à 283 litres. C’est dans la moyenne de la concurrence chez Mercedes-AMG avec les 243 litres de l’A 35 et les 328 litres de la CLA 35. En revanche, c’est passablement moins que les 428 litres de la BMW M235i GranCoupé.
Jusque-là, la S3 pouvait cacher le bas du jupon de la Golf R, mais pas quand on parle des composants techniques. Comme c’est le cas de presque tous les véhicules favorisant la traction du groupe Volkswagen, la S3 est construite sur la plateforme MQB (Evo). Sous le capot, fermez vos yeux et vous sentirez le parfum de la Golf R. C’est exactement le même moteur, un 4-cylindres turbocompressé de 2,0 litres qui développe une puissance de 306 chevaux et produit un couple de 295 livres-pieds. Étrangement, c’est 9 chevaux de moins que la R.
Malheureusement, contrairement à la R, la S3 n’est pas livrable avec une boîte de vitesses manuelle ; seule une automatique à 7 rapports à double embrayage peut l’équiper. Étant dans l’écurie Audi, la S3 vient de facto avec le rouage intégral quattro. Considérant la position et l’objectif de la S3, elle offre des suspensions et des freins plus dynamiques que l’A3 régulière.
Audi sait faire des voitures dynamiques, et la S3 s’inscrit dans cette lignée. J’ai bien dit dynamiques, pas sportives. La puissance se trouve dans la moyenne du segment face aux 35 d’AMG et 235 de BMW. Il est difficile de faire une distinction entre ces trois motorisations qui ont toutes 3 ou à 4 chevaux de différence. Comme c’est presque toujours le cas avec un 2,0T, il y a un délai de la turbocompression à l’accélération, mais heureusement, il est de courte durée. La gestion de la boîte de vitesses avec sa rapidité permet d’avoir une conduite aux sensations sportives. Cette boîte à 7 rapports à double embrayage s’exécute comme elle doit le faire : avec vivacité et détermination. (Mercedes-AMG, on prend exemple SVP). La S3 boucle le 0 à 100 kilomètres/heure tout juste sous les 5 secondes.
Pour varier les plaisirs, comme d’habitude, on compte sur la présence de différents modes de conduite. Si l’on veut éveiller les sens de la S3, il est préférable d’utiliser « Dynamic ». J’ai personnellement poussé la note un peu plus en désactivant les systèmes de contrôle de la motricité et de la stabilité. En conduite hivernale urbaine, ils sont trop intrusifs pour qu’on conserve un bel agrément. La direction sort de l’école S Sport avec une bonne précision. Elle donne une communication permettant de se sentir autant en contrôle qu’en communion avec la voiture et la route. Les suspensions se montrent fermes, comme on s’y attend sur ce type de berline. La S3 se laisse manipuler du bout des doigts. Mais, je ne peux pas dire que l’écusson Audi apporte une expérience de conduite différente de la Volkswagen Golf R. Pour ce qui est de la consommation de carburant, j’ai eu une moyenne de 11,6 litres/100 kilomètres. Même en considérant une conduite dynamique, les pneus d’hiver et les conditions, je trouve cela élevé.
Il ne me restait qu’une seule question en tête : avec ou sans coffre fermé ? La S3 offre quand même quelques points (superficiels) de distinction comme des accessoires de luxe dont les blocs optiques et un logo plus prestigieux. Cependant, en considérant le jeu des options chez Audi et les frais d’entretien, la S3 sera plus chère à posséder. Au fait, vous ai-je dit le prix de ma version d’essai ? 62 650 $. Enfin, je vous suggère de laisser tomber le coffre fermé et d’y aller pour une Golf R. Il est recommandé d’attendre une année de commercialisation avant de se lancer. Le groupe Volkswagen a un désolant historique en matière de fiabilité avec les nouveaux modèles.