L’histoire de l’automobile nous a démontré que les constructeurs allemands excellent dans l’art de faire renaître une marque d’automobiles moribonde. Prenez Bentley, Bugatti, MINI, Rolls-Royce, et, même, Lamborghini, à titre d’exemple. Chacune d’entre elles est revenue sur le marché en force après avoir été reprise par une entreprise allemande. Cette stratégie peut-elle également s’appliquer à l’Aston Martin 2020? On l’a essayée pour le savoir.
Depuis quelque temps, Aston Martin fait beaucoup parler d’elle. On a d’abord aperçu une renaissance de la marque sous l’administration du PDG Andy Palmer, lequel a vu sa carrière s’écourter subitement lorsqu’on l’a remplacé par Tobias Moers, anciennement à la tête de Mercedes-AMG.
Certes, sous l’administration Palmer, Aston Martin dépensait sans trop regarder, mais elle innovait et osait prendre des risques, comme elle l’a témoigné en signant un partenariat avec Mercedes-Benz pour l’approvisionnement de groupes motopropulseurs et de technologies. L’Aston Martin Vantage 2020 est ainsi née de cette entente.
Entièrement repensée pour l’année modèle 2019, la Vantage traverse 2020 relativement inchangée, si ce n’est l’ajout de nouveaux freins carbone-céramique et d’ensembles d’accessoires. À un prix de départ avoisinant les 175 000 $ et pouvant rapidement dépasser les 200 000 $ une fois équipée, la Vantage représente ainsi la porte d’entrée du constructeur britannique en étant l’Aston Martin la moins chère.
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Son design – revu lors de la refonte de 2018 – ne fait certainement pas l’unanimité, surtout en raison de sa partie avant simpliste et épurée. Personnellement, je la trouve très belle, surtout quand je la regarde de l’arrière, en raison de ses ailes bombées et de sa silhouette racée et moderne.
J’avoue toutefois qu’elle porte mal les couleurs neutres, comme le blanc de mon modèle d’essai, qui dilue la simplicité de sa silhouette sexy. Cette sportive d’exception mérite une couleur beaucoup plus flamboyante!
D’ailleurs, sachez qu’Aston Martin demeure le chef de file au chapitre de la personnalisation de ses modèles. Par la division Q – inspirée des films James Bond 007 – les consommateurs peuvent entièrement déterminer l’allure de leur Vantage, partant d’un innombrable choix de coloris jusqu’aux nombreux agencements de textures dans l’habitacle.
La Vantage rivalise donc avec des modèles comme la Porsche 911, la Jaguar F-Type et la Mercedes-AMG GT.
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Une fois que nous sommes à bord, l’Aston Martin Vantage 2020 nous invite dans un habitacle clos, digne des meilleurs coupés sport de l’histoire.
On y retrouve cependant une bonne position de conduite, mais la visibilité latérale est quelque peu obstruée par la forme du toit. La planche de bord présente un design tout aussi unique et moderne que sa carrosserie, incorporant une énorme console centrale où il est possible de naviguer dans les multiples commandes du véhicule, y compris sa boîte de vitesses automatique qui fonctionne par l’entremise d’une série de boutons au lieu d’un sélecteur de vitesses traditionnel.
On apprécie également ses énormes leviers de sélection montés à même la colonne de direction et non sur le volant, ce qui les rend plus faciles à repérer à haute vitesse. Les réglages de la suspension, du moteur et de la boîte de vitesses s’effectuent directement depuis le volant. À ce chapitre, je n’ai rien à redire, tout est simple et convivial.
Là où la Vantage déçoit, c’est au chapitre de son système multimédia. Il s’agit d’un ancien système de Mercedes-Benz qui fonctionne par l’entremise d’une molette centrale. L’interface est complexe, désuète et pas tout à fait simple à comprendre. De plus, des tâches simples comme changer les chaînes de la radio se révèlent ardues, et les technologies Apple CarPlay et Android Auto sont carrément absentes.
Idem pour la qualité d’assemblage générale de l’auto, décevante à certains moments. On y remarque parfois des panneaux de carrosserie pas tout à fait bien alignés et d’innombrables composants tirés directement des produits Mercedes-Benz, comme les boutons de fenêtre ou, encore, certains témoins lumineux qui rappellent la Mercedes-Benz GLA d’entrée de gamme.
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Alors, ça donne quoi cette mécanique Mercedes-AMG?
Ça donne un sprint de 0 à 100 kilomètres/heure effectué en 3,5 secondes seulement et le quart-de-mille bouclé en 11,6 secondes à une vitesse de 197 kilomètres/heure. Dans les faits, c’est toute une machine!
Pour en arriver là, la Vantage utilise un V8 biturbo de 4,0 litres tiré directement de la Mercedes-AMG GT. La puissance est chiffrée à 503 chevaux, et le couple, à 505 livres-pieds. Ce moteur est uniquement jumelé à une boîte de vitesses automatique à 8 rapports fournie par l’équipementier allemand ZF. Cette boîte achemine la puissance au train arrière.
Malgré le partage de composants mécaniques, il serait facile d’assumer que la Vantage est montée sur une base d’AMG GT sur laquelle on a greffé une carrosserie différente. Mais cette affirmation est fausse.
Par exemple, sa plateforme est entièrement signée Aston. Partagée par la DB11, mais fortement modifiée et raccourcie, elle est majoritairement faite d’aluminium et promet d’être encore plus rigide que celle de sa grande sœur. Aston Martin s’est également chargée de mettre au point la suspension et le différentiel à glissement limité de la Vantage. Ce dernier s’ajuste selon les modes de conduite choisis.
Enfin, Aston Martin s’est chargée de concevoir un système d’échappement unique au modèle afin de lui conférer un caractère propre. Et croyez-moi, cette Aston hurle, mais ça, nous y reviendrons.
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Dès les premiers tours de roues de l’Aston Martin Vantage 2020, nous réalisons rapidement à quel point cette bagnole se démarque de sa concurrence. Partout où j’allais, les regards et les téléphones étaient fixés sur elle. Les gens adorent la Vantage, la reconnaissent, la commentent et n’en reviennent pas d’en voir une sur la route. C’est une voiture rare qui fait réagir tout le monde, le genre l’exclusivité difficile à reproduire chez Porsche, Mercedes-AMG ou, encore, Audi.
Sur le mode Normal, la Vantage est sans tracas, étonnamment docile, et sa suspension encaisse bien les imperfections de la route.
On entend cependant toujours son puissant moteur V8 se lamenter sous le capot. Bien que ce ne soit pas pour autant un défaut pour une voiture sportive, ce moteur, bien que bruyant, n’a pas de réelle mélodie. Il est tout simplement sans personnalité, ce qui devient rapidement accablant lors d’une conduite décontractée.
C’est en réglant le bolide sur le mode Track que la Vantage nous montre ses vraies couleurs. Le fait qu’il soit possible de régler sa suspension indépendamment de sa motorisation nous permet de personnaliser l’expérience. Toutefois, sur le mode Track, son moteur hurle encore plus, et son train arrière devient soudainement beaucoup plus joueur, permettant rapidement à son pilote de produire de magistraux dérapages contrôlés en une fraction de seconde.
Vous comprendrez toutefois que je devais me garder une petite gêne étant donné que mon essai s’est surtout déroulé sur la route et non sur circuit.
Malgré l’absence d’une sonorité enivrante, le moteur V8 est savoureusement doux, à un point tel qu’on oublie rapidement qu’il est associé à deux turbocompresseurs. La livrée de puissance est instantanée et linéaire, et la boîte de vitesses encaisse les rapports sans délai remarqué. Tout fonctionne en harmonie, et la précision de sa mécanique est sans faille.
La Vantage se démarque davantage de son homologue Mercedes-AMG par sa volonté de vouloir faire sourire son conducteur. Moins cléricale qu’une allemande, cette Aston tente constamment de faire déraper son train arrière, tout en se permettant d’émettre quelques coups de canon dans ses énormes pots d’échappement. Son degré d’adhérence est également époustouflant, et j’ai rarement manipulé une direction aussi précise dans ma carrière de journaliste.
Or, sur le plan technique, l’Aston Martin Vantage est tout aussi une réussite que sa mécanique le laisse sous-entendre, mais Aston Martin s’est tout de même assurée de lui injecter un caractère indocile digne des meilleures anglaises. Dommage qu’elle ne chante pas la même mélodie que sa devancière, celle qui était mue par un bijou de moteur V8 atmosphérique.
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Il n’est jamais facile d’évaluer un bolide réservé à un faible pourcentage de la société. Et en toute honnêteté, le charisme unique et distingué de l’Aston Martin Vantage 2020 fait d’elle une sportive qui se situe dans une classe à part. Sans aucun doute, la Vantage vous procurera un degré d’exclusivité digne de mention, même si son prix peut paraître démesuré pour plusieurs. Après tout, c’est l’auto de l’agent 007. Une telle prestance, ça se paie.
Nous devons cependant dénoncer qu’au prix qu’exige Aston Martin pour son splendide coupé sport, il est déplorable de retrouver des défauts d’assemblage aussi flagrants, et des composants d’habitacle comparables à ceux qu’on pourrait retrouver dans une Mercedes-Benz de 50 000 $.
De plus, sachez qu’il est possible d’obtenir plus de performances à prix comparable avec des voitures comme l’Audi R8 V10, l’Acura NSX ou, encore, la Porsche 911 Turbo.