Plus les véhicules électriques évolueront, plus ils intégreront des commodités jadis impensables sur les véhicules à moteur thermique. Il y a d’ailleurs cette récente technologie que l’industrie aime appeler V2L (pour vehicle-to-load) et qu’on voit apparaître dans de plus en plus de nouveaux modèles électriques. Qu’est-ce que cette technologie? Comment fonctionne-t-elle? Quels en sont les avantages et les inconvénients? Voici quelques explications sur le sujet.
Le terme V2L est habituellement associé à deux autres termes connexes, soit V2G (vehicle-to-grid) et V2H (vehicle-to-home). En français, on a tendance à tous les réunir en une seule appellation : véhicule-réseau. Cette technologie permet à un véhicule électrique de servir d’unité d’énergie stationnaire pour alimenter des accessoires, une maison, recharger un autre véhicule électrique ou, même, redonner de l’énergie au réseau électrique public.
Les premières instances de cette technologie ont vu le jour au début des années 1990. L’entreprise californienne AC Propulsion avait construit une sportive biplace électrique en 1992 appelée la Tzero. Ce bolide avait la capacité de pouvoir redonner de l’électricité au réseau électrique grâce à la technologie V2G. Il s'agissait d'ailleurs d’un des précurseurs de la toute première Tesla Roadster, introduite en 2008.
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Mitsubishi avait introduit au Japon ce qu’elle appelait la Power Box avec l’i-MiEV, en 2011. Cette technologie permettait au véhicule de renvoyer jusqu’à 1,5 kilowatt d’électricité par l’entremise d’une borne bidirectionnelle pour alimenter des accessoires dans une maison. En utilisant sa Power Box, l’i-MiEV pouvait fournir de l’énergie sur une période de 5 à 6 heures, selon les accessoires qu’elle alimentait.
Aujourd’hui, il existe quelques modèles électriques et hybrides rechargeables sur le marché qui proposent cette technologie, comme le Mitsubishi Outlander PHEV (non supportée officiellement au Canada par le constructeur), la Nissan LEAF, les jumeaux Hyundai IONIQ 5/Kia EV6/Genesis GV60 et le Ford F-150 Lightning, notamment. Avec son service Hilo, Hydro-Québec aimerait un jour pouvoir offrir aux propriétaires de véhicules équipés de cette technologie la possibilité de redonner de l’énergie au réseau pour contribuer à réduire la pointe de consommation d’énergie et, même, d’économiser sur leurs frais d’électricité.
Fonctionnement et applications
Pour qu’un véhicule électrique puisse alimenter des accessoires, il doit d’abord être muni d’un convertisseur DC-DC. Ce convertisseur permet de réduire la tension de la batterie afin qu’elle puisse alimenter des appareils nécessitant beaucoup moins de puissance qu’un véhicule électrique pour fonctionner.
Le véhicule doit ensuite être équipé d’un onduleur (ou d’un convertisseur) qui lui permet de convertir le courant continu (DC) en courant alternatif (AC) qu’on utilise dans toutes les résidences et entreprises. C’est également cet onduleur qui permet à un véhicule-réseau de redonner de l’électricité au réseau public ou, encore, de recharger un autre véhicule électrique.
Tout doit, bien sûr, être supervisé par un système de contrôle et de surveillance automatisé qui guette le processus de recharge afin d’éviter que la puissance de recharge ne soit trop élevée en fonction de plusieurs paramètres. Ce système fonctionne en parallèle avec le système de gestion de l’énergie de la batterie du véhicule et lui permet de déployer la puissance de recharge nécessaire en fonction de ce que l’auto peut fournir.
Or, même si Hyundai annonce que la technologie V2L d’une IONIQ 5 peut atteindre une puissance de 3,5 kilowatts, cette puissance est variable en fonction de l’état de la batterie, de sa température, de son degré de charge et de la température ambiante.
Il est toutefois important de préciser que, bien que la technologie V2L permette d’y brancher un accessoire dans une prise de courant ordinaire (110/120 volts) adaptée au véhicule, les technologies V2H (alimentation d’une maison) et V2G (redonner de l’énergie au réseau) nécessitent des accessoires supplémentaires, comme une borne de recharge bidirectionnelle.
Avantages et inconvénients
L’avantage évident d’un véhicule-réseau réside dans sa capacité de pouvoir utiliser l’énergie de sa batterie pour d’autres applications que de faire fonctionner l’auto. On pourra se servir de la technologie V2L pour y brancher des accessoires quand on est en camping, par exemple. Dans le cas de la technologie V2H, le véhicule pourrait servir de génératrice pour alimenter une maison pendant quelques heures dans l’éventualité d’une panne de courant.
Pour ce qui est de la technologie V2G, elle permet de contribuer à équilibrer la consommation d’électricité d’un réseau durant les périodes de pointe. Plus il y aura de véhicules électriques capables de redonner de l’électricité au réseau, plus il sera facile pour les producteurs d’électricité de correctement répondre aux demandes d’énergie.
En revanche, certains experts du milieu affirment que ces technologies pourraient occasionner un stress supplémentaire sur la batterie d’un véhicule électrique, ce qui peut mener à une dégradation prématurée de la batterie. Toutefois, l’historique de ces technologies est encore beaucoup trop court pour pouvoir confirmer ces dires. Elles ajoutent néanmoins plus de complexité dans le système électrique d’un véhicule, ce qui peut en affecter la fiabilité à long terme.
Enfin, les technologies de transfert d’énergie des véhicules électriques ne sont toujours pas normalisées, ce qui pourrait causer des problèmes de comptabilité avec certains appareils ou des bris électriques importants. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle certains constructeurs d’automobiles, comme Mitsubishi Motors et son Outlander PHEV, ne supportent toujours pas la technologie V2L dans notre marché.