« Je remarque que l’un de vos chroniqueurs, William Clavey, semble avoir une dent contre Volkswagen. Je trouve injustes ses commentaires sur les ID.4 et Golf R. Pourquoi déteste-t-il autant la marque ? » - Jean
Réponse
Bonjour Jean,
Étant donné que cette question me touche personnellement, je m’octroie la liberté d’y répondre. La réponse courte à votre question est non, je ne déteste pas Volkswagen. Disons qu’il est du devoir de tout chroniqueur automobile de demeurer neutre et objectif dans ses propos. J’aborde donc tous les modèles du marché avec la même approche et je laisse toujours la chance au coureur avant de me prononcer.
Je me permets de vous donner quelques explications sur mes analyses des Volkswagen ID.4 et Golf R.
Volkswagen n’est plus la même entreprise qu’avant
D’emblée, j’avoue que la Volkswagen Golf de dernière génération, soit la MK7, se révèle, à mes yeux, l’une des meilleures voitures modernes jamais construites. Elle s’inscrira dans l’histoire comme l’une des générations les mieux abouties du modèle en raison de son vaste choix de variantes, de sa qualité de construction hors pair, du rendement de ses motorisations, de son degré d’ergonomie réfléchi et de son agrément de conduite. De plus, elle se compare à des modèles coûtant presque le double de son prix.
Fait intéressant, lorsque cette Golf a été mise sur le marché en Europe, en 2013, elle surpassait tellement les attentes dans sa catégorie que Mercedes-Benz a dû repousser le lancement de sa Classe C afin de l’améliorer. C’est à quel point la Golf a bouleversé l’industrie !
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Hélas, sa remplaçante, la MK8 – qui ne se vend désormais qu’en déclinaisons GTI et R chez nous – ne réussit tout simplement pas à avoir le même impact. Même qu’il s’agit d’un pas en arrière sur plusieurs points, comme la qualité de finition, l’assemblage et l’ergonomie.
Son interface multimédia est lente à réagir, complexe et tellement mal foutue qu’elle décourage rapidement l’envie de s’en servir. On remarque à plusieurs endroits sur le véhicule que le constructeur a coupé les coins ronds pour sauver de l’argent, au chapitre de la qualité du tissu des sièges (dans la GTI), de l’utilisation de boutons tactiles au lieu de boutons physiques (moins coûteux) et, même, du retrait de cylindres pour retenir le couvercle du moteur, notamment !
À quoi pouvons-nous attribuer ce recul ? Il y a deux réponses : la première, c’est le scandale du diesel qui a coûté et qui coûte encore à Volkswagen des milliards de dollars en pénalité. Ajoutez à cela des coûts d’investissement faramineux associés au virage vers l’électrique, et vous comprendrez VW de vouloir couper dans le gras dans ses dépenses.
La seconde réponse, c’est le fait que Ferdinand Piëch n’est plus à la tête de l’entreprise. Sous son administration, qui s’est étendue de 2002 à 2015, Volkswagen avait comme objectif d’être le plus gros constructeur d’automobiles à l’échelle mondiale.
M. Piëch, qui était un ingénieur, était prêt à tout pour y arriver. Pour le meilleur et pour le pire, il a amené VW à un tout autre niveau d’ingénierie. C’est ce qui a motivé toute l’entreprise à tirer vers le haut et à surpasser les attentes sur plusieurs flancs.
La nouvelle réalité
Or, sans la présence de Ferdinand Piëch et face à des dettes très élevées, Volkswagen n’est carrément plus la même entreprise qu’auparavant. Toute sa vision est différente, et une grande restructuration a été effectuée à l’interne. Volks mise désormais plus que jamais sur la profitabilité plutôt que l’ingénierie.
On se contentera donc de prioriser des modèles rationnels, comme des VUS à prix concurrentiel, au détriment de la qualité et du développement technique. Cette nouvelle entreprise a également inauguré de nouveaux départements logiciels pour l’aider à s’adapter aux nouvelles exigences technologiques, l’électrification, les systèmes multimédias, la connectivité et les systèmes d’aide à la conduite, notamment. Toutefois, au passage, on semble avoir perdu les qualités-phares du constructeur qui lui ont longtemps permis de se démarquer.
Voilà pourquoi les Volkswagen ID.4 et Golf R me déçoivent autant. Non seulement sont-ils dépassés par certains concurrents au chapitre de leur qualité globale, mais ils n’arrivent tout simplement pas à proposer au consommateur une expérience ergonomique convaincante ; et c’est sans compter les systèmes d’aide à la conduite intrusifs et distrayants dont la désactivation requiert toute une gymnastique dans un système multimédia… qui va mal !
Qui chez Volks a cru que c’était une bonne idée d’installer deux boutons pour faire fonctionner quatre fenêtres dans l’ID.4 ? Et pourquoi certaines fonctionnalités de base comme les boutons de climatisation et de réglage du volume ne s’illuminent pas la nuit dans la Golf R ?
Je termine avec une question encore plus prenante : pourquoi les produits sud-coréens débarquent-ils avec des modèles mieux construits et ergonomiquement mieux aboutis que ceux de Volkswagen ?
Voilà les raisons de mes commentaires négatifs sur les Golf R et ID.4. Ce n’est pas que je déteste Volks. Au contraire, j’ai toujours admiré ce constructeur pour sa volonté d'être au top de la chaîne d’approvisionnement automobile. Mais l’écusson VW mérite mieux que ça.
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