Le 20 avril dernier le groupe Mitsubishi Motors avouait avoir eu recours à une méthode non conforme à la législation japonaise pour « embellir » les taux de consommation de carburant de 625 000 voitures fabriquées pour le marché japonais. Ironiquement 75% de ces voitures étaient vendues sous la marque Nissan. Depuis cet incident, l’action de Mitsubishi avait perdu la moitié de sa valeur en bourse et l’avenir du constructeur était incertain.
Une situation désespérée
Mitsubishi à l’échelle planétaire n’est pas un gros joueur, vendant environ un million de véhicules par année, une survie impossible à court ou moyen terme et avec une chute de 50% de ses actions la compagnie était aux abois. Nissan a donc tendu la main et injecté 1,9 milliard d’euros pour faire l’acquisition de 34% de Mitsubishi. Du coup, Nissan devient le plus important actionnaire de Mitsubishi (devant Mitsubishi Heavy Industries qui détient 20% de Mitsubishi Motors) et aura le droit de nommer 4 représentants au conseil qui compte actuellement 14 membres. L’entente finale sera ratifiée le 25 mai prochain.
Une bonne affaire pour tout le monde
Le PDG du groupe FCA, Sergio Marchionne avait affirmé il y a quelques années qu’à l’horizon 2020, seulement 10 à 15 constructeurs automobiles seront encore présents sur le marché et pour être du groupe, il faudra vendre près de 10 millions de véhicules par année. Pour le moment Toyota a franchi ce cap, Volkswagen et GM son tout près, et avec le partenariat de Mitsubishi Nissan et Renault, ce trio sera à un peu plus de 9 millions d’unités vendues. Il ne faut pas oublier Mercedes, qui travaille aussi de pair avec Nissan, et qui pourrait devenir un autre partenaire. Mitsubishi fabrique déjà des berlines pour Nissan qui à son tour reçoit des microvoitures de Mitsubishi. De plus, Mitsubishi est solidement implanté en Asie du Sud-est, un marché qui ne sourit pas à Nissan.
Bon Samaritain, pas si sûr
Au premier coup d’œil, le geste de Nissan peut sembler noble. Frappé de plein fouet par un scandale initié par un partenaire, Nissan aurait pu simplement se dissocier de Mitsubishi et laissé « mariner » son partenaire dans son malheur. Mais Nissan a flairé une très belle affaire. Historiquement, Mitsubishi n’a jamais voulu vendre malgré plusieurs offres au fil des ans. Avec une situation aussi délicate et un avenir sombre, les dirigeants étaient sans doute plus ouverts. Il faut ajouter que la valeur en bourse avait chuté de moitié après les révélations du 20 avril dernier. Nissan a obtenu 34% de la compagnie à rabais avec une valeur au livre aussi basse. Selon les analystes du marché japonais Mitsubishi devra payer environ 1 milliard de dollars pour rembourser les automobilistes floués dans cette affaire, Nissan va sans doute ramasser une partie de la facture, mais obtient beaucoup en retour. Voilà la preuve que le malheur des uns fait toujours le bonheur des autres.
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