Le scandale Volkswagen a occupé beaucoup d’espace média depuis septembre 2015 et a laissé dans l’ombre un autre scandale encore plus important, celui des coussins gonflables Takata. Depuis 2015, plus de 50 millions de voitures ont été rappelées aux États-Unis seulement, en plus d’un autre sept millions à travers le monde. Au Canada, il touche précisément 1 242 111 véhicules. Les spécialistes estiment que 20 % de tous les coussins gonflables de la planète sont fabriqués par Takata et pourraient tous faire défaut. Le scandale est tellement grand que les autorités ont perdu le contrôle.
Honda, le plus important client de Takata a dû, à lui seul, rappeler plus de 24,5 millions de voitures avec des coûts de réparation estimés à plus de 500 millions de dollars. Pas surpris donc de voir des pertes pour l’exercice 2015 du constructeur japonais qui, sans surprise, n’a pas renouvelé son contrat de partenariat avec Takata.
Premiers cas en 2013
Toute cette histoire a commencé en avril 2013 lorsque Takata annonce un problème avec un déploiement trop agressif de certains coussins gonflables avec des particules de métaux qui volent en éclat lors de l’explosion du coussin. Seulement six constructeurs sont concernés au début, incluant Honda, Toyota et Nissan. Rapidement le problème s’étend à une douzaine de compagnies et en mai 2015, les autorités américaines annoncent que 7 décès sur le territoire américain sont directement liés à ces coussins gonflables défectueux. À cela s'ajoutent en plus une centaine de cas de blessures. À la suite de ces révélations, le NHTSA ( National Highway Traffic Safety Administration) oblige Takata à rappeler 34 millions de véhicules aux États-Unis par-dessus les 13 millions qui avaient déjà été rappelés. Takata, pour avoir caché de l’information au public et ne pas avoir agi promptement dans le dossier, se voit dans l’obligation de verser une amende de 200 millions de dollars aux autorités américaines.
La débandade
Les résultats de l’enquête qui ont suivi le drame nous apprennent que Takata savait depuis 2004 que ses coussins gonflables étaient défectueux sans jamais avertir le NHTSA. L’enquête prouve aussi que Takata a été négligent dans son contrôle de qualité en laissant passer à l’inspection de six à huit fois trop de problèmes jugés importants sans rien faire. Depuis 2015, la compagnie s’est littéralement effondrée et se trouve au bord de la faillite. Cette situation pose un grave problème, car la compagnie qui doit, par contrat, remplacer les plus de 50 millions de coussins gonflables défectueux n’est pas en mesure de le faire.
Au secours !
Devant l’ampleur de la catastrophe et une vingtaine de constructeurs automobiles qui attendent des coussins de remplacement qui ne viennent pas, une douzaine de constructeurs réfléchissent au moyen d'aider l'équipementier japonais. On cherche une solution qui prendrait la forme d’un rachat par un tiers parti ou d’aider financièrement l’équipementier japonais pour que ce dernier puisse reprendre la production et remplir son mandat. Un magazine allemand affirme également que les constructeurs allemands Daimler, BMW et Audi auraient déjà évoqué avec Takata une solution séparée pour une usine située à Freiberg, dans l'est de l'Allemagne. En janvier, la presse nippone avait évoqué l'intérêt des constructeurs japonais pour la création d'un fonds d'aide. Takata, qui croule sous les dettes, emploie 49 000 personnes à travers le monde et a envisagé de s'allier à son concurrent et compatriote Daicel pour être en mesure de fournir des coussins fiables à ses clients. Mais d’une manière ou d’une autre, il y a fort à parier qu’une fois le mandat de remplacer les coussins gonflables défectueux rempli, tous les constructeurs vont aller voir ailleurs pour des coussins gonflables. Honda a d’ailleurs été le premier à le faire en annonçant qu’il ira voir un compétiteur pour s’approvisionner.