Si l’année 2022 a été particulièrement difficile pour l’industrie de l’automobile en raison de sérieux problèmes d’approvisionnement en pièces, de la montée rapide des taux d’intérêt, d’un gonflement insensé du prix de certains modèles et du virage vital vers l’électrification, l’année 2023 pourrait se révéler tout aussi complexe et, peut-être, présenter quelques lueurs d’espoir en cours de route.
Chose certaine, il est impossible de prédire l’avenir. Toutefois, certains indices nous permettent de deviner où ira l’industrie au cours des prochains mois. Voici ce à quoi on pourrait s’attendre de l’industrie de l’automobile à compter de la nouvelle année.
Les problèmes de pénuries continueront un certain temps

Au 20 décembre 2022, l’industrie de l’automobile mondiale enregistrait un manque de plus de 4 millions de véhicules neufs en raison des problèmes d’approvisionnement en pièces. Pensons plus particulièrement à la pénurie de semi-conducteurs qui continue d’affecter gravement la production d’automobiles.
Ceci se traduit par un ralentissement des quarts de travail de plusieurs usines d’assemblage dans le monde, ce qui touche l’emploi de milliers de travailleurs sur la planète.
Toutefois, si, à compter du mois de novembre 2022, l’industrie manufacturière nord-américaine était la plus touchée par ces enjeux, le mois de décembre s’annonçait un peu plus rose pour notre marché. Aucune usine nord-américaine n’a été ralentie en décembre. Ce sont plutôt l’Europe et l’Asie qui avaient été les plus touchées, coupant, en moyenne, la production de 68 000 véhicules par semaine.
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Cela étant dit, certains constructeurs américains, comme Jeep, ont déjà pris des décisions radicales en réaction aux problèmes d’approvisionnement. À compter du 28 février 2023, l’usine d’assemblage du constructeur, située à Belvidere, dans l’État de l’Illinois, cessera la production du Jeep Cherokee, ce qui coûtera l’emploi de quelque 1 350 travailleurs.
Stellantis affirmait dans un communiqué envoyé en décembre 2022 que cette décision était directement liée aux problèmes d’approvisionnement en pièces, mais aussi au virage vers l’électrification qui lui coûte très cher. Or, en 2023, les consommateurs pourraient s’attendre au statu quo, c'est-à-dire qu’ils feront toujours face à des délais de livraison faramineux pour leur nouveau modèle.
Il y a toutefois une petite lumière au bout du tunnel : certains constructeurs américains, General Motors, notamment, ont déjà commencé à mettre sur pied des chaînes d’approvisionnement locales afin de stopper leur dépendance aux marchés étrangers. Ça prendra toutefois un certain temps avant de voir les fruits de ces efforts.
Les taux d’intérêt et les prix resteront-ils élevés?

Il est évident que la hausse rapide des taux d’intérêt et la montée fulgurante du prix moyen des véhicules neufs a eu un effet majeur sur les ventes, surtout vers la fin de l’année 2022.
Dans les faits, à compter du mois de septembre, les concessions du Québec ont observé une diminution de leur achalandage et du nombre de transactions. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Au début du troisième quart de l’année 2022, l’industrie de l’automobile québécoise avait enregistré une baisse de 12 % de ses ventes. Au mois d’octobre, le média Automotive News Canada rapportait que les ventes au pays avaient atteint leur chiffre le plus bas depuis 2009.
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En revanche, un tel ralentissement se traduit par un impact positif sur la disponibilité des véhicules. En outre, la diminution de la demande et l’accroissement de l’offre permettront, éventuellement, de faire baisser le prix des véhicules.
Autrement dit, si la tendance se maintient, il est clair que les constructeurs tenteront par tous les moyens de ramener les consommateurs dans leurs salles d’exposition. Or, malgré les défis qu’ils subissent en matière de production, certains constructeurs pourraient afficher, à perte, des offres alléchantes pour les consommateurs, comme des incitatifs financiers sous forme de rabais ou, encore, une réduction des taux d’intérêt, absorbés par le constructeur.
Électrique contre hydrogène, Beta contre VHS : même combat

Il est évident que l’engouement pour les véhicules électriques ne s’estompera pas. Malgré des délais d’attente et des prix très élevés, le marché du véhicule électrique et hybride rechargeable a récemment fait un bond considérable au Canada. Selon les informations provenant d’Electric Autonomy Canada, au troisième trimestre de l’année 2022, on observait une augmentation de 9,4 % des immatriculations de modèles électriques et hybrides rechargeables neufs au pays.
Pendant ce temps, certains constructeurs, surtout ceux qui ont misé fort sur cette technologie, comme Toyota et Honda, continuent de croire fermement au potentiel de l’hydrogène. Même s’il a été prouvé à maintes reprises qu’un véhicule électrique à batterie se révèle nettement plus efficace énergétiquement à long terme – surtout au Québec où nous produisons de l’électricité propre et renouvelable – ces constructeurs persistent et signent, nous vendant la promesse qu’un véhicule carburant à l’hydrogène serait la solution de l’avenir.
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Nous sommes ainsi témoins d’une guerre de technologies pour alimenter la voiture de demain, au même titre que lorsque Beta affrontait VHS dans les années 1980 dans le domaine audiovisuel.
Néanmoins, ce que l’histoire nous a démontré lorsque vient temps de faire accepter au consommateur de nouvelles technologies, c’est que ce n’est pas nécessairement la meilleure technologie qui l’emporte, mais plutôt son acceptation sociale et sa capacité de pouvoir être déployée en grande quantité.
À voir à quelle vitesse évoluent les batteries et les bornes de recharge, et à quel point l’hydrogène peine à mettre sur pied des infrastructures viables, il semble assez clair que l’électrique a le même effet qu’a eu jadis VHS. Elle pourrait devenir la technologie de demain.
Comme le très controversé Elon Musk l’a déjà dit : « Plus les batteries évolueront, plus il sera évident que l’hydrogène n’a aucun sens comme source de carburant. »
Tesla continuera de prendre de l’avance

Parlant de M. Musk, nonobstant ses déboires avec Twitter, il est impossible de nier le succès commercial de Tesla, malgré son lot de controverses. Le constructeur continue de vendre ses modèles à profusion à travers le monde, et ce, même s’il fait face aux mêmes défis d’approvisionnement que sa concurrence.
Il est d’ailleurs plutôt déconcertant, en consultant les statistiques du média Automédia pour les premier et deuxième trimestres de l’année 2022, de constater qu’il s’est vendu plus de Tesla Model 3 (3 660) au Québec durant cette période que de Hyundai Elantra (3 082), et ce, même s’il y a un écart d’environ 35 000 $ entre les deux modèles!
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Tesla continuera sans doute de dominer le marché des véhicules électriques en 2023, surtout que le constructeur prévoit une bonne mise à jour pour sa Model 3, tout en annonçant enfin la commercialisation de son tant attendu Cybertruck.
Tout cela sera fait grâce à de nouvelles méthodes d’assemblage révolutionnaires qui permettront à Tesla non seulement de s’améliorer nettement au chapitre de la qualité – un défaut connu chez le constructeur –, mais aussi de faire encore plus de profits sur ses modèles. Rappelons que, à la fin de l’année 2022, Tesla enregistrait 7 fois plus de bénéfices nets que Toyota sur chaque véhicule vendu.
En effet, l’année modèle 2023 sera haute en couleur et en grands changements. Pendant ce temps, toute l’équipe de RPM continuera de vous livrer de l’information de qualité, neutre et objective.