En raison de mon métier, vous comprendrez que je passe énormément de temps sur la route. Non seulement dois-je me rendre à Montréal tous les lundis pour récupérer un véhicule d’essai, mais un roadtrip vers la ville de Québec depuis les Cantons de l’Est, où j’habite, est devenu routine pour assister aux tournages de RPM et de RPM+.
C’est sans compter les multiples lancements de nouveaux modèles qui se déroulent parfois ici au Québec ou en Ontario. Disons que l’autoroute 401 entre Montréal et Toronto, je la connais comme le fond de ma poche!
Depuis quelques années, j’observe énormément de comportements dangereux sur les routes du Québec. Des automobilistes distraits, des excès de vitesse, des dépassements par la droite et, surtout, une conduite habituellement trop agressive, j’en vois trop.
Il est maintenant devenu habituel pour moi de rouler dans la voie de dépassement (pour dépasser bien sûr) à la limite de la vitesse tolérée par les forces de l’ordre, pour soudainement apercevoir la calandre du véhicule qui me suit envahir mon rétroviseur. C’est comme si son conducteur tentait de me dire « tasse-toi de mon chemin, mon *******, je suis pressé! ».
Habituellement, il s’agit d’une camionnette pleine grandeur ou d’un tout aussi gros VUS. À chaque fois que cela se produit, je me dis « il ne faudrait pas que tu ramasses un autre automobiliste avec ton mastodonte et ta conduite agressive, car ça pourrait mal finir pour toi! »
Le 5 juin 2023, c’est précisément ce qui s’est passé.

Le Raptor de l’enfer
La catastrophe s’est produite le lundi matin, durant mon retour vers mon domicile sur l’autoroute 10, immédiatement après être sorti du pont Champlain. J’étais au volant d’un BMW X1 xDrive28i 2023 que je venais de récupérer pour en produire une vidéo de présentation sur rpmweb.ca.
Roulant dans la voie de dépassement après avoir dépassé quelques véhicules, tout en ralentissant avant d’entrer dans la zone de construction de ce secteur, j’ai soudainement aperçu, à ma grande surprise, un Ford F-150 Raptor de couleur noire arriver à vive allure dans mon rétroviseur de gauche.
Oui, il s’en venait dans la voie d’accotement, une voie interdite normalement réservée aux véhicules d’urgence. Et il s’en venait comme s’il venait de sortir de l’enfer!
- À LIRE : L’hybride rechargeable, le divan-lit de l’automobile
- À LIRE : Donne-moi un petit dépôt…pis sèche!
Il n’est toujours pas clair à quelle vitesse il roulait, mais à voir à quel point le devant de son engin était soulevé vers le ciel, il était clairement à fond de train. Certains témoins estimaient qu’il circulait à plus de 150 kilomètres/heure. Rappelons qu’il s’agit d’une zone où la limite de vitesse permise est de 80 kilomètres/heure, pour ensuite entrer dans une zone de construction où la limite baisse à 70 kilomètres/heure, juste avant la sortie du boulevard Taschereau.
À peine ai-je eu le temps de réaliser ce qui se passait, j’ai entendu un gros BANG! Le Ford venait de heurter la partie arrière gauche de mon véhicule, pour ensuite rebondir vers le muret de béton à notre gauche. J’ai immédiatement écrasé la pédale des freins pour éviter qu’il me rebondisse dessus à nouveau.
C’est à ce moment-là que le spectacle s’est déroulé devant mes yeux. Le F-150 a grimpé sur le muret où ses gros pneus hors route et sa suspension de compétition se sont compressés au moment de l’impact. Ceci a littéralement fait rebondir le Raptor comme un ballon de football dans l’autre direction.

Toujours en plein élan en raison d’une vitesse extrême, le Ford a traversé les trois voies de l’autoroute 10 pour finalement aller heurter l’autre muret de béton, situé du côté droit de l’autoroute. Pendant que je tentais de suivre sa chorégraphie au travers de l’extraordinaire nuage de poussière qu’il venait générer, j’ai vu tous les coussins gonflables de sa camionnette se déployer.
L’impact sur le deuxième muret a été tellement violent, que le Raptor a ensuite enchaîné une série de capotages pour enfin terminer sa trajectoire, couché sur le côté en plein centre de l’autoroute. Tous ses liquides s’étaient éclaboussés sur le bitume et plusieurs morceaux provenant de son véhicule étaient étendus un peu partout sur la scène. Par chance, il n’avait frappé aucun autre véhicule à l’exception du mien. Moi, j’étais intact et sans blessures corporelles. Mon BMW, lui, allait un peu moins bien.
Il aura fallu presque 2 heures pour que les services d’urgence et de nettoyage ramassent les dégâts et permettent à nouveau la circulation, ce qui a causé un colossal bouchon de circulation tout au long du pont Champlain, presque jusqu’à l’échangeur Turcot. À ce jour, je ne connais toujours pas l’état du conducteur du F-150. Tout ce que je sais, c’est qu’il a quitté les lieux dans une ambulance couché sur une civière. J’espère qu’il va s’en sortir.
Des armes sur roues
Maintenant, quoi penser d’un tel accident qui aurait pu sérieusement blesser ou même tuer d’autres automobilistes? Il est encore trop tôt pour savoir pourquoi ce conducteur conduisait de façon aussi dangereuse.
Sur les lieux de l’accident, certains parlaient de la possibilité d’un malaise médical. Si c’est le cas, je te pardonne, mon cher monsieur, même si j’ai failli me retrouver à tes côtés à l’hôpital, à peine 3 semaines avant la naissance de mon fils…
Mais si ton acte était volontaire. Si tu as vraiment décidé que la circulation n’allait pas assez vite à ton goût, et que tu as eu la brillante idée de dépasser tout le monde dans l’accotement parce que, à tes yeux, la voie de dépassement ne suffisait pas, je n’ai aucune pitié pour toi. Tu as eu ce que tu méritais, et j’espère que tu subiras les conséquences de tes gestes.

Et une fois que tu auras enfin récupéré ton permis de conduire après avoir remboursé toutes les amendes que la justice t’aura infligées, sans compter les mois, même les années à prendre l’autobus en raison d’un permis de conduire suspendu, j’espère que tu y penseras deux fois avant d’acheter une autre camionnette. J’espère que tu réaliseras que, au volant d’un tel engin, on ne peut pas se permettre de conduire comme dans une voiture de sport.
Car avec sa masse nette de plus de 2 500 kilos (5 500 livres), son cadre en acier, ses suspensions molles et ses gros pneus conçus pour la boue ou le gravier, ton Raptor s’est transformé en une arme fatale en raison de ton impatience. Car non, ce n’est pas parce que tu es gros que tu es nécessairement plus en sécurité que les autres. Comme tu l’as réalisé le 5 juin dernier, c’est plutôt le contraire.
Que mon expérience vienne en guise de leçon à tous les propriétaires de camionnettes et de VUS pleine grandeur. Souvenez-vous, avant de faire de la vitesse, que vous avez le potentiel, avec votre véhicule, de sérieusement vous blesser ou, pire, de gravement bouleverser la vie d’une autre famille. En situation de remorquage, même si la camionnette est stable, gardez toujours en tête que la masse que vous transportez et sa force d’inertie au moment d’une perte de contrôle peuvent rapidement créer des ravages. Et surtout, soyez patients et respectez les consignes de la route !
L’expression « vaut mieux tard que jamais » est en effet devenue clichée, mais dans ce monde de fous où les Québécois semblent être de plus en plus stressés et pressés d’aller nulle part, elle prend vraiment tout son sens.