Il y a quelques semaines, je suis allé faire une virée à Cuba pour un petit repos. Comme bien des gens, juste faire de la chaise longue devient vite ennuyeux, j’ai besoin de bouger. Bien que conduire soit une partie intégrante de mon travail, comme je suis un passionné d’automobiles, conduire est encore et sera toujours une détente, un plaisir et un moment où je suis profondément bien. Alors qu’il faisait 30 degrés, je me suis dit qu’il était temps que j’aille me détendre un peu, et c’est à ce moment que j’ai eu l’occasion de prendre le volant d’un véhicule qui n’est pas offert au Canada, le Suzuki Jimny. J’ai évidemment eu beaucoup de plaisir derrière son volant, mais comme une blessure qui refuse de guérir, même 10 ans plus tard, je me suis souvenu à quel point j’aimais Suzuki et à quel point je m’en ennuie.
Le 31 décembre 2013, c’est la date où Suzuki a décidé de quitter le marché canadien. C’est un an plus tôt que l’annonce initiale du constructeur qui nous avait mentionné 2014. On a perdu une année complète de Suzuki. À ce moment, la gamme était constituée des SX4, à hayon et berline, du VUS Grand Vitara et de la berline, presque compacte, Kizashi. Évidemment, ce sont tous des modèles que j’ai eu l’occasion de conduire. J’ai même recommandé à ma sœur un SX4 à hayon AWD. Véhicule qu’elle possède d’ailleurs toujours et qu’elle conserve jalousement tant elle l’aime encore.

Les Suzuki n’ont jamais été des produits particulièrement raffinés, technologiques ou innovants d’une manière ou d’une autre. En revanche, ils ont toujours été agréables à conduire, assez fiables, peu chers en entretien et, surtout, comme ma sœur vous en témoignera, durables. Il n’y avait presque rien de mieux qu’un SX4 AWD dans une tempête pour s’amuser. Le plaisir qu’on peut éprouver à conduire cette petite chose dans la neige avec son rouage qui offrait beaucoup de mordant. Tout était simple, et c’était une recette gagnante. Ma sœur se fait toujours un plaisir de nous dire à quel point son SX4 passe partout après les tempêtes, bancs de neige ou pas.
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Lors de mon bref essai du Jimny, j’ai étrangement eu l’impression de faire un saut de 10 ans dans le passé. La recette est toujours la même. Bon, il est évident que le Jimny ne passerait pas les normes nord-américaines d’impact, le plastique règne toujours en maître à bord. Mais qui dit qu’il faut que ce soit compliqué pour être bon ? Le Jimny, malgré sa finition des années 1980, est l’un des véhicules qui m’a procuré le plus de plaisir derrière le volant, et je vous confirme que ça n’a rien à voir avec le fait d’être dans la campagne cubaine. Je me sentais connecté au véhicule, c’était lui et moi, nous jouions ensemble sur les terres escarpées.

Suzuki était le genre de constructeur d’automobiles qui faisait ses propres règles, un peu comme SAAB à l’époque. Une Suzuki avait sa personnalité, différente de tout autre fabricant d’automobiles. Aujourd’hui, on est dans le politiquement correct, l’efficacité, l’électronique, il faut de plus en plus se faire conduire et se laisser conduire par sa voiture. On dirait qu’on ne peut même plus se faire confiance et conduire sa propre voiture. Du moins, elle, notre voiture, nous fait de moins en moins confiance ! À l’époque des dernières Suzuki, même si l’on commençait sérieusement à voir toutes ces aides et ces assistances pleuvoir sur l’automobile, ce n’était pas comme ça avec eux. Suzuki s’en est soustraite au Canada. Au compte, je m’ennuie de Suzuki pour sa belle simplicité. En fait, je réalise que je m’ennuie surtout des voitures juste pas compliquées.