Il est pratiquement impossible de ne pas acheter quelques produits par semaine qui n’aient pas été fabriqués en Chine. Et maintenant que le pays de Mao démontre un intérêt certain en automobile, on appréhende déjà des scénarios catastrophes. Si je peux être rassurant, il y a loin de la coupe aux lèvres.
Il est vrai que cela fait près de vingt ans que les techniciens et les ingénieurs chinois apprennent leur métier aux côtés de leurs partenaires industriels japonais, américains et européens. Volkswagen, General Motors, Chrysler, Toyota, Honda: tous ont développé des trésors d'ingéniosité et consenti des investissements colossaux pour séduire les autorités chinoises et obtenir l'autorisation de s'implanter dans l'Empire du Milieu. Avec la promesse de débouchés phénoménaux, à même de compenser la rigueur des conditions juridiques et financières dictées par les autorités locales.
Mais voilà. Les usines de montage nées de ces fructueuses coentreprises ont donné les moyens aux Chinois de passer du stade d'assembleur à celui de constructeur à part entière. Ambition dont ils ne se sont jamais cachés.
Les experts s’accordent à dire que la compétence technologique est là. Toutefois les Chinois sont encore incapables de répondre à l’ensemble des contraintes réglementaires nord-américaines. En admettant que les constructeurs chinois y parviennent. Il faudra ensuite satisfaire les besoins domestiques du marché chinois, ce qui pour le moment consomme pratiquement toute la production des constructeurs chinois. Il faut par la suite établir un réseau de distribution en Amérique et en Europe, un investissement colossal. Voilà pourquoi nombre d'analystes restent convaincus que l'offensive chinoise plafonnera dans un premier temps à quelques milliers d'exemplaires par an. Une goutte d'eau dans l'océan du marché américain.
Mais l’obstacle le plus grand à l’invasion des voitures chinoises provient de la Chine. Avec une croissance automobile exponentielle depuis quelques années et des millions de foyers qui pourront s’offrir un véhicule sous peu, la Chine est devenue le Saint Graal de tous les constructeurs automobiles. Les producteurs d’automobiles chinois comme Geely, Shanghai Motors, Brilliance livrent une chaude lutte aux grands constructeurs mondiaux pour chaque part de marché domestique. Le plus grand marché de Cadillac sur la planète est présentement en Chine. Tout le monde se bat pour avoir une part de cet énorme gâteau et les Chinois n’auront pas le temps de baisser les bras et de s’attaquer au reste de la planète tant et aussi longtemps que la demande interne sera aussi forte. Et les analystes s’accordent à dire que d’ici l’année 2020, la croissance continuera d’être très forte. Voilà pourquoi l’invasion appréhendée n’aura probablement pas lieu. Fabriquer des voitures est une chose. Implanter un réseau et connaître le succès en est une autre. Nous pouvons dormir en paix pour quelques années.