Les voitures coûtent cher, extrêmement cher même. Avec un prix moyen à l’achat des véhicules neufs au Canada qui dépasse les 60 000 $ et d’occasion au-delà des 35 000 $, le marché n’aura jamais été aussi coûteux pour nous, simple mortel en quête d’une machine pour nous déplacer.
À titre de journaliste automobile, il m’arrive donc maintenant plus fréquemment de conseiller à des automobilistes en quête d’une bagnole abordable de se tourner vers le marché de l’occasion. Un marché qui est intéressant, car, comme nous l’expliquons souvent, les véhicules d’aujourd’hui sont bien construits et durables. Il peut devenir alors avantageux de chercher un bolide d’une dizaine d’années, de le payer comptant et de pouvoir garder plus d’argent dans nos poches.
Voilà que nous apprenions, il y a quelques mois, que le ministre des Finances, Éric Girard, désirait rendre l’acquisition d’un véhicule d’occasion plus coûteuse, du moins pour les personnes qui souhaitaient acheter un véhicule de 10 ans ou plus. En effet, via la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), le ministre des Finances a fait passer l’âge en deçà duquel les voitures sont assujetties à la taxe de vente du Québec (TVQ) de 10 ans à 14 ans depuis le 1er janvier, et cette situation me fâche royalement.

Come on…
Pour bien comprendre ma frustration, je vais vous rappeler les événements et comment cette augmentation de l’âge des véhicules dans le Guide d’évaluation (surnommé « black book ») continuera de nous appauvrir.
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Si vous avez déjà acheté ou vendu une voiture d’occasion, vous êtes au fait que, lors de la vente, l’acquéreur doit payer une taxe au moment d’immatriculer le véhicule. Cette taxe, basée sur la déclaration du coût d’achat, est chiffrée en fonction de la somme la plus haute entre le prix de la transaction déclaré et le prix inscrit dans le Guide d’évaluation.
D’avoir augmenté l’âge du black book est, à mes yeux, un élément majeur qui change la situation. Pourquoi? Simplement parce qu’une voiture de 10 ans est probablement beaucoup plus saine qu’une autre de 15 ans. Alors, pour un automobiliste en quête d’avoir une bagnole efficace et peu coûteuse, le défi sera plus grand parce que la SAAQ pourra toujours se fier au Guide d’évaluation pour vous faire payer le plus de taxe possible, et alors, augmenter le coût de la transaction.

Viser les mauvaises personnes, pour les mauvaises raisons
Entre vous et moi, ce n’est pas tout le monde au Québec qui a les moyens d’acheter une voiture neuve, et c’est bien correct ainsi. Il n’est pas non plus nécessaire d’avoir deux véhicules récents dans une maisonnée ; parfois, ce dont on a besoin, c’est d’une seconde voiture pour dépanner.
Cette voiture peut donc avoir quelques années derrière la cravate, et tant qu’elle est bien entretenue, l’idée d’avoir une automobile âgée devient clairement rentable. Avec cet ajustement, le ministre des Finances, Éric Girard, désire récupérer de l’argent perdu avec des ventes faites à un prix déclaré inférieur à la valeur marchande des véhicules sur les routes. Selon le ministre, le Québec se priverait d’un revenu potentiel de 15 millions de dollars. Revenu Québec prévoit donc récupérer 15 millions de dollars dès cette année et 60 millions de dollars par année au cours des 4 années suivantes pour un total de 255 millions de dollars.
Ça l’air bien beau sur le papier, mais, dans la vraie vie, je trouve cela aberrant. Nous avons, à titre de société, dépensé des centaines de millions de dollars dans les subventions pour électrifier notre parc automobile, ce qui a aidé des automobilistes plus nantis à s’offrir un véhicule électrique souvent plus luxueux, mais nous ne sommes pas capables de donner une pause de taxation à des gens qui cherchent à faire attention à leurs dépenses? C’est ridicule.

Le véhicule a déjà été surtaxé de toute façon!
Ce qui me met le plus en colère, c’est le fait que l’augmentation de l’âge des véhicules augmentera simplement le nombre de fois qu’un véhicule d’occasion est taxé au Québec.
Faisons rapidement l’histoire typique d’une voiture sur nos routes. Un automobiliste achète une voiture neuve, celle-ci sera taxée par la TPS et la TVQ. Après son premier propriétaire, cette dernière sera rachetée par un autre pilote qui, lui, devra payer alors la TVQ et la TPS si le véhicule est acheté d’un marchand. Ensuite, le troisième propriétaire devra lui aussi repayer la TVQ sur le véhicule, et ce, jusqu’à ce que le véhicule célèbre ses 15 ans.
N’en avons-nous pas assez à un moment donné? J’ai comme l’impression que les automobilistes au Québec en font déjà suffisamment en termes de taxation et de redevances. Extraire le jus d’une bagnole d’occasion a ses limites, surtout si l’on considère que les voitures sont encore nécessaires pour la plupart des Québécois et des Québécoises.

Écœurantite aigüe
Je suis un amateur de voitures, il m’arrive souvent d’acheter des véhicules d’occasion pour m’amuser et explorer ma passion. Résident de la Ville de Québec, je vais devoir cette année payer 60 $ de plus par plaque d’immatriculation comme la Ville a décidé d’augmenter les frais d’immatriculation dans la Capitale-Nationale, et en plus, je vais devoir payer le plein prix de la TVQ lors de chaque achat de véhicule que je vais faire dans la prochaine année.
J’ai comme l’impression qu’on essaie de plus en plus de rendre ma passion difficile à apprécier, et ce, pour des raisons obscures. Je comprends que la perte de revenu de l’État en lien avec l’électrification des transports et la diminution des revenus en lien avec la taxe sur l’essence amène les gouvernements à trouver de nouvelles manières de refouler les coffres, mais pouvons-nous donner une pause aux gens comme moi qui font leur possible pour y arriver?
Je suis bien au fait que la TVQ appliquée sur une voiture de 13 ans ne sera probablement pas très élevée, mais elle sera plus élevée qu’auparavant et combinée à un prix moyen à la hausse, la facture sera inévitablement plus difficile à avaler. Trouvons de réelles solutions, et arrêtons de piocher sur la tête des gens s’il vous plaît!
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