Plus tôt cette semaine, j’assistais au lancement virtuel du tout nouvel Infiniti QX60 2022, un VUS intermédiaire qui n’avait pas changé en près d’une décennie et qui avait sérieusement besoin de modernité. Outre une nouvelle mouture, il s’agit du véhicule le plus vendu de la marque. Il est donc d’une importance monumentale pour Infiniti. J’avais ainsi hâte de voir ce que la division de luxe de Nissan allait nous proposer avec son gros VUS, surtout que ça fait presque un an qu’on nous casse les oreilles avec des concepts « monographes » du véhicule, qui, je dois l’avouer, paraissaient plutôt bien.
Même que Nissan a récemment mis sur pied quelques modèles sérieusement compétents, dont le Rogue et la Sentra. J’avais donc espoir que le QX60 de prochaine génération permettrait de repositionner Infiniti au sommet des marques de luxe japonaises. Hélas, non. Tout était plutôt d’une grandiose déception.
Il serait facile de se laisser emporter par le jargon marketing qu’utilise Infiniti pour commercialiser le QX60. De beaux mots comme « Autographe » et « Kimano » inondaient le communiqué de presse afin d’hypnotiser les journalistes. On utilisera ensuite l’actrice américaine Kate Hudson pour lancer le véhicule, le tout soutenu par un budget faramineux.
Mais quand on épluche l’oignon, on se rend compte qu’Infiniti ne nous propose que du réchauffé. Il est basé sur le Nissan Pathfinder qui, lui aussi, propose du réchauffé !
Bien qu’il affiche un design réussi et présente un habitacle luxueux, le QX60 n’apporte absolument rien de novateur à la catégorie, celle qui s’est élargie avec de nouveaux joueurs au fil de la dernière décennie, dont un nouvel Acura MDX, un Genesis GV80 et un Lincoln Aviator, sans compter un nouveau BMW X7 et de nouvelles moutures des Audi Q7 et Mercedes-Benz GLE.
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On se serait donc attendu à ce qu’Infiniti innove en matière de technologie et de groupes motopropulseurs. Pourquoi ne pas avoir proposé un tout nouveau moteur turbocompressé pour attirer une clientèle moins nantie ? Une déclinaison hybride ou hybride rechargeable pour rivaliser avec le Lincoln Aviator PHEV ou, encore, une variante électrique question de vraiment rentrer dans le tas ? Négatif.
Pourtant, Nissan a été l’un des premiers constructeurs à électrifier un véhicule à grande échelle avec la LEAF en 2013, mais aucune de ces technologies n’a encore passé du côté d’Infiniti. Autrement dit, au lieu de mener le peloton en matière de développement – comme une division de luxe doit le faire – Infiniti ne fait que maladroitement suivre Nissan. La plateforme inchangée du QX60 démontre à quel point Infiniti stagne au lieu d’évoluer dans la bonne direction.
Lorsque j’ai demandé aux gens d’Infiniti comment le QX60 prévoit se démarquer de la concurrence, on m’a parlé de « l’expérience de luxe » qu’évoque le modèle et de l’espace qu’offre son habitacle, même si son coffre loge moins que la précédente génération (2 135 litres contre 2 157 litres) …
On se vantera ensuite d’offrir un moteur V6 éprouvé et une bonne capacité de remorquage (et c’est vrai !). Et on affirmera que la décision d’avoir retiré la CVT en faveur d’une boîte de vitesses automatique à 9 rapports (fournie par ZF) était dans le but de mieux outiller le véhicule pour le remorquage. Ah oui ?
Alors pourquoi le QX60 a-t-il eu une CVT pendant 10 ans si une boîte de vitesses automatique était finalement meilleure ? Bref, rien ne tient la route.
Et évidemment, attendez-vous à une facture salée pour un QX60. Bien que le constructeur n’ait encore rien annoncé à ce sujet, on pourrait se retrouver avec des prix comparables à ceux d’un Genesis GV80, lequel offre beaucoup plus de variétés dans ses groupes motopropulseurs, un habitacle encore mieux ficelé, un V6 biturbo beaucoup plus performant et un modèle d’affaires en ligne sans pareil dans cette catégorie.
J’ai malheureusement l’impression que, avant même qu’il ne soit commercialisé, l’Infiniti QX60 aura déjà été oublié par les consommateurs, ce qui forcera les concessionnaires à mettre sur pieds d’innombrables incitatifs financiers pour attirer les acheteurs dans la salle d’exposition.
Permettez-moi de terminer cette chronique avec une petite anecdote : un ami, propriétaire d’une concession Infiniti et d’une boutique Genesis, qui préfère garder l’anonymat, m’a confié qu’au moment où l’Infiniti QX55 a été mis sur le marché au printemps dernier, les carnets de commandes pour ce modèle étaient vides. Personne n’en voulait, et c’est encore le cas.
Au moment où le QX55 a été commercialisé, Genesis annonçait l’arrivée de son premier VUS compact, le GV70. Et ses commandes débordaient ! Je crains bien que le même phénomène ne se produise du côté du QX60. Et si ce n’est pas le GV80 qui va le manger tout rond, ce sera l’Acura MDX, lequel s’est déjà vendu à plus de 35 000 exemplaires en Amérique du Nord en l’espace de quelques mois.
Pour qu’il puisse survire, le « meilleur vendeur » d’Infiniti doit faire mieux que d’offrir un bon moteur et un bel habitacle. Il doit innover, se démarquer, performer et, surtout, proposer quelque chose qu’on ne retrouve pas dans une salle d’exposition Nissan !