Depuis quelques années, les constructeurs d’automobiles sont dans l’obligation, du moins au Québec, d’afficher le prix final que vous devez payer pour une automobile, à l’exception des taxes de vente et de quelques frais mineurs. C’est pourquoi maintenant les frais de transport et de préparation sont inclus dans le prix affiché, de telle sorte qu’il n’est plus possible pour un constructeur de faire miroiter un prix alléchant, qui sera gonflé par des frais de toute sorte une fois en concession. Cette obligation légale d’afficher un prix tout inclus cache cependant des frais relativement nouveaux qui se répandent de plus en plus : les frais de concessionnaire.
Qu’ils s’appellent frais de concessionnaire, frais d’ouverture de dossier, frais administratifs ou frais d’administration, il s’agit de la même chose. Ce sont des frais rajoutés par le constructeur directement sur le configurateur du modèle afin de donner la latitude au concessionnaire de l’ajouter ou pas. Pourquoi ? Parce qu’il existe l’article 224 de la Loi de protection du consommateur (LPC) qui stipule que :
« 224. Aucun commerçant, fabricant ou publicitaire ne peut, par quelque moyen que ce soit :
[…]
c) exiger pour un bien ou un service un prix supérieur à celui qui est annoncé.
Aux fins du paragraphe c du premier alinéa, le prix annoncé doit comprendre le total des sommes que le consommateur devra débourser pour l’obtention du bien ou du service. […]»
Dans le cas d’une vente d’automobile, le prix annoncé est le prix qu’on retrouverait sur une publicité, une étiquette de vitre ou encore sur le configurateur du site web du constructeur. En aucun cas, un concessionnaire ne peut vendre un véhicule à un prix supérieur au plus bas prix annoncé. Si les frais de concessionnaire sont légitimés par le constructeur, en l’ajoutant par exemple au configurateur en ligne du modèle, le concessionnaire peut le facturer à un client, sans enfreindre la loi comme l’ont fait tant de commerçants auparavant.
Des montants parfois surprenants
Un simple coup d’œil sur le configurateur en ligne de différents constructeurs confirme l’omniprésence de ces frais. Remarquez que leur importance varie selon le constructeur, et que ce ne sont pas toujours les constructeurs les plus luxueux qui facturent le montant le plus élevé. Voici quelques exemples, sans toutefois que la liste couvre tous les constructeurs.
Marque | Frais administratif |
---|---|
BMW | 595 $ |
Cadillac | 699 $ |
Chevrolet | 699 $ |
Kia à moteur thermique | 599 $ |
Kia à motorisation électrique | 899 $ |
Mazda | 595 $ |
Nissan | 621 $ |
Subaru | 198 $ |
Toyota | 899 $ |
Volkswagen | 500 $ |
Volvo | 795 $ |
Là où ça devient intéressant, c’est quand on calcule le montant total des frais ajoutés pour un modèle donné. Cette somme comprend les frais de transport et de préparation, les frais pour le climatiseur, les frais de pneus et les frais de concessionnaire. Par exemple, pour la Hyundai Elantra Preferred avec ensemble Tech 2024 que j’ai récemment mise à l’essai, tous les frais ajoutés au prix du véhicule totalisent 2507 $. En gros, c’est 9,5 % du prix de l’auto qui est composée de frais ajoutés, dont 2,5 % uniquement reliés aux frais de concessionnaire. Ça peut sembler petit, mais c’est l’accumulation qui fait mal. Quand on ajoute ces frais au prix des véhicules qui augmente, aux taux d’intérêt en hausse et à la valeur incertaine de véhicules d’échange, c’est presque comme le supplice de la goutte d’eau.
La comparaison peut être payante
Qui magasine une auto aujourd’hui en épluchant les journaux, les publicités, les étiquettes de vitre ou autres papiers du genre? Personne. Pourtant, vous devriez, parce que ça pourrait vous éviter des frais.
L’exemple parfait provient du véhicule que je conduis cette semaine, un Cadillac LYRIQ Sport 3 2024. Quand je configure le modèle exact sur le site web de Cadillac Canada, j’arrive au prix de 92 960 $, incluant tous les frais. Retenez ce chiffre.
Or, si je regarde l’étiquette de vitre qui se trouve dans le coffre à gants, le prix est 726 $ plus bas, à 92 234 $. Cette différence s’explique par la taxe obligatoire sur les pneus de 27 $ (qui varie d’une province à l’autre) et par – tiens donc! – les frais de concessionnaires de 699 $ qui sont appliqués sur le site web. Puisque la majorité des gens magasinent en fouillant sur internet, le prix plus élevé de 92 960 $ semble parfaitement légitime.
Mais, si l’on revient à l’article 224c de la LPC, vous devez avoir la possibilité de payer le prix le plus bas annoncé. Dans ce cas, c’est celui de l’étiquette de vitre, à 92 234 $, que personne ne regarde avant d’acheter un véhicule.
En processus d’achat
Dans certains cas, le constructeur indique que le concessionnaire peut facturer « jusqu’au » montant suggéré, sans obligation. On pourrait conséquemment être porté de croire que les concessionnaires chargent le plein montant chaque fois.
Or, en toute transparence, j’ai pu objectiver certaines transactions où les frais d’administration réels exigés par le concessionnaire n’étaient pas aussi élevés que ce que permettait le constructeur. Parfois, ils étaient même absents. Dans tous les cas, c’est au concessionnaire que revient la responsabilité de fixer le montant exigé, jusqu’au maximum suggéré par le constructeur. Si vous êtes chanceux, votre concessionnaire ne sera pas trop gourmand.
Le message à retenir est le suivant : quand vous magasinez une auto, fouillez! Tentez de comparer les chiffres du configurateur avec ceux des autres documentations disponibles au sujet du véhicule convoité. Peut-être y trouverez-vous votre salut. Dans tous les cas, vous aurez le sentiment d’avoir une emprise sur la transaction et d’avoir fait votre possible pour payer le juste prix. Autrement, vous risquez de contribuer au phénomène qui ne fait que pousser le prix de l’automobile vers le haut… sans vous en rendre compte.
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