Il n’aura jamais été aussi complexe de fabriquer des automobiles pour les constructeurs qui font face à un marché devenu imprévisible et en constante évolution vers l’électrification. L’industrie de l’automobile mondiale fera face à un grand défi au cours des prochaines années. Confrontée à une réglementation beaucoup plus sévère sur ses émissions, elle est rendue à l’heure des choix.
Je me souviens très bien de sa position face à l’électrification des transports, alors que la solution aux émissions ne se trouvait pas dans cette technologie mais bien plutôt dans le développement du diesel propre. Je vous parle du début des années 2000! J’avais moi-même réagi en manifestant mon désaccord car je connais suffisamment cette technologie pour savoir que c’était impossible. En effet, en modernisant le moteur Diesel, on augmente ses performances d’ensemble mais aussi sa complexité ! Moins fiable et plus complexe et coûteux à entretenir s’il est le moindrement négligé, il devient polluant, et son rendement en est grandement affecté.
C’est là que j’ai compris à quel point cette industrie qui m’a toujours impressionné par sa résilience et sa rapidité à se renouveler, allait frapper un mur. Du haut de ses 65 millions ou plus de véhicules construits chaque année, comment pourrait-on mettre en doute sa compétence dans ce qui est bon ou pas pour le consommateur?
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Ce qui pouvait être perçu comme du mépris envers les législateurs et les environnementalistes cachait toutefois une grande préoccupation : l’arrivée de nouvelles normes d’émissions tellement sévères que l’industrie de l’automobile ne serait pas en mesure de les respecter. Appuyée par la menace de lourdes amendes, ces normes ont pour objectif de diminuer ou de stabiliser les émissions de CO2 dans l’atmosphère. Malgré un lobby qui tentait de retarder et, même, d’empêcher son application, les législateurs ont agi, et l’industrie se retrouve aujourd’hui face à une menace bien réelle.
L’industrie de l’automobile doit agir vite, ce qui, en soi, est presque impossible, et fermer des usines désuètes, créer de toutes pièces de nouveaux modèles à propulsion électrique alors qu’elle ne maîtrise pas cette technologie. Et, pour ajouter à la complexité, préserver la rentabilité! L’énergie consacrée à retarder l’électrification des automobiles et du transport en général a pour conséquence d’avoir donné le temps aux nouvelles venues telles que Tesla et Rivian de développer et de commercialiser leurs produits.
D’ailleurs, l’arrivée des start-ups est la plus grande des menaces pour les constructeurs établis. La raison est que la construction d’automobiles n’est plus exclusive aux grands constructeurs. Grâce à la technologie de pointe, notamment les robots et les super ordinateurs, ces start-ups se sont lancées dans la fabrication d’automobiles de masse. Elles sont d’ailleurs les seules à connaître une augmentation réelle de leurs ventes au moment d’écrire ces lignes. C’est le colosse aux pieds d’argile qui fait face à Godzilla! Ce phénomène ira en s’accélérant car la notoriété acquise par ces nouveaux joueurs qui ne fabriquent que des voitures électriques n’a pas à se soucier d’une infrastructure colossale qu’il faudra bien abandonner.
Malgré les fusions qui vont s’accélérer d’ailleurs, il y aura des perdants dans cette course. Des constructeurs trop petits, d’autres, trop gros. Mais attendez-vous à ce que le visage de cette industrie se transforme profondément au cours des prochaines années. Et c’est tant mieux pour la planète qui en a vraiment besoin!
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