Connaissez-vous Jim Farley, le PDG de Ford? À mon avis, il est l’un des haut placés parmi les plus intéressants de l’industrie à l’heure actuelle. Pourquoi? Simplement parce qu’il est un vrai passionné d’automobile, et ça paraît. En plus d’avoir travaillé pour plusieurs entreprises, dont Toyota pendant 25 ans, Jim Farley est un pilote aguerri, un mécanicien et un collectionneur automobile chevronné. Il a d’ailleurs piloté une vielle Cobra sur le circuit de Laguna Seca durant le Monterrey Car Week en Californie, et il s’est très bien débrouillé!
J’étais donc ravi de le rencontrer lors d’une soirée en lien avec l’événement, et j’ai profité de sa présence pour lui poser une question qui me brûlait les lèvres. Comment Ford comptait nourrir la flamme automobile chez les jeunes passionnés? Avec le coût de la vie toujours à la hausse et les changements dans l’industrie, j’étais curieux de l’entendre sur le sujet. Sa réponse, en deux volets, m’a surpris, mais elle est logique quand on prend le temps d’y réfléchir.
Acheter d’occasion
Dès que j’ai posé ma question, Jim Farley a souri et ma directement répondu que Ford propose déjà de bons véhicules pour les jeunes acheteurs. Il m’a parlé, entre autres, du Ford Maverick, qui demeure une option abordable et malgré tout « cool ». Avec la nouvelle édition Lobo, le Maverick est un parfait équilibre entre les côtés fonctionnel et amusant, et il n’a pas tort.
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J’ai cependant poussé davantage en demandant comment les vrais amateurs pourraient continuer de s’amuser derrière le volant ? Entre deux passionnés d’automobiles, il était clair que le Maverick, quoique vraiment intéressant et bien réussi, n’était pas la solution pour les jeunes en quête de plaisir. Il m’a alors répondu, du tac au tac, qu’acheter d’occasion serait la meilleure solution.
Surpris
Il a renchéri en me disant que son fils venait tout juste de se procurer une BMW M3 E46 pour la coquette somme de 20 000 $. Elle avait sans doute besoin d’amour, mais Jim Farley m’a tout de même confirmé qu’aucun constructeur ne réussirait à offrir un véhicule neuf agréable à un prix aussi abordable. Jim Farley a prêché pour sa paroisse et a ajouté que bientôt, certaines Mustang de nouvelle génération allaient aussi se retrouver sur le marché de l’occasion, et que leur prix allait être intéressant pour les jeunes acheteurs.
Je ne vous cacherai pas que, sur le coup, je suis resté surpris. Je m’attendais à autre chose, à un discours corporatif sur le fait que Ford produit des véhicules pour les jeunes consommateurs et tout le blabla habituel. Je ne savais pas que faire de cette réponse, mais plus que je l’assimilais, plus je trouvais que cela était plein de sens. Comment continuer à faire vivre la passion automobile si ce n’est que de refaire le trajet dans le sens logique?
J’ai parfois la fâcheuse habitude de croire que le plaisir réside dans les nouveautés. Même si l’achat d’une voiture reste une expérience agréable, il est vrai que le marché de l’occasion regorge d’options intéressantes pour les passionnés. Je passe moi-même des heures sur des sites de véhicules d’occasion, et sa réponse m’a prouvé qu’il comprend que nous, jeunes amateurs, ne pouvons plus nous fier au marché neuf pour vivre de notre passion avec le coût de la vie qui est trop élevé.
Les VÉ sont amusants
Toujours en train d’assimiler que je discutais avec un PDG très honnête et transparent, j’ai poussé ma chance et j’ai renchéri en lui demandant pourquoi, avec ses véhicules neufs, Ford ne considérait pas les jeunes acheteurs en quête de plaisir.
Il m’a alors arrêté, et m’a précisé que cette question était complètement différente de la première. Bien que je sois plus ou moins d’accord avec cette affirmation, Jim Farley m’a expliqué que Ford considère les jeunes acheteurs en quête de plaisir, et que ceux-ci font partie du plan d’électrification de la marque.
Il me disait qu’une voiture qui peut faire le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure en 5 secondes est amusante à conduire, et que la définition de plaisir derrière le volant est simplement en train d’évoluer. J’ai eu certaines réticences face à cette réponse, mais Jim Farley m’a affirmé qu’il fallait s’ouvrir davantage, et que les VÉ sont réellement amusants.
Notre conversation s’est arrêtée ainsi, juste avant une prise de photos qui m’a fait regretter de ne pas avoir mis suffisamment de crème solaire durant la journée. J’étais heureux de lui avoir parlé, mais aussi un peu confus.
Mi-figue, mi-raisin
Je suis sorti de cet échange mi-figue, mi-raisin. Un côté de moi est pleinement en accord avec le PDG de Ford, qui précise que les voitures d’occasion sont des mines d’or pour les passionnés, et que les véhicules neufs ne sont plus des solutions viables pour les jeunes amateurs.
De l’autre côté, une forme d’inquiétude et de doute s’est installée dans mon esprit. Le marché de l’automobile vit une période nébuleuse et changeante. Ça ne signifie pas que ça va mal, ce sont juste des perturbations.
Des perturbations qui nous éloignent de plus en plus d’un univers automobile rassurant et stimulant. D’entendre un PDG influent dire ouvertement que les passionnés, ceux qui s’accrochent à l’ancien modèle de l’industrie, doivent se tourner vers l’occasion, c’est littéralement de mettre le clou dans le cercueil de ceux qui croyaient à un virage vers le passé. Non, l’industrie n’est pas en train de refaire un virage vers la culture automobile d’autrefois, au contraire, l’industrie est en complète réorganisation.
Le marché de l’automobile se transforme, et il faudra vous habituer à perdre des repères pour en développer de nouveaux. Sinon, sortez votre chéquier et commencez votre collection de voitures que vous aimez, car elles seront bientôt des vestiges d’une autre époque!
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